Les oiseaux se cachent pour mourir de Colleen Mc Cullough

Un classique de la littérature anglo-saxonne que j'ai lu il y a quelques années en vacances, sans doute après une énième rediffusion de la mini série avec l'ultra sexy Richard Chamberlain. Une petite envie de me replonger dedans m'a saisie. 
Pendant une cinquantaine d'années, on suit la vie de la famille Cleary, de la Nouvelle Zélande à l'Angleterre, en passant, bien sûr par l'Australie et notamment l'immense domaine de Drogheda. L'auteur s'attache particulièrement au destin de la seule fille de la fratrie, Meggie, amoureuse d'un prêtre ambitieux et terriblement séduisant, Ralph de Bricassart, et de ses enfants, Dane et Justine. 

Colleen McCullough (1937 – 2015) est un écrivain australien. Elle a étudié la médecine mais à la suite d'une allergie la rendant inapte, elle est devenue spécialiste en neurosciences. Elle a travaillé dans différents hôpitaux à Sydney, puis déménagé à Londres en 1963, où elle a poursuivi sa carrière. En 1967, elle est partie travailler au Service de Neurologie de la Yale Medical School aux États-Unis. Pour arrondir ses fins de mois, elle s'est lancée dans la peinture et l'écriture. Elle a publié Tim en 1974 et The Thorn Birds (Les oiseaux se cachent pour mourir) en 1977. Avec ce dernier roman, elle a rencontré un succès mondial. Devenue écrivain à plein temps, elle s'est installée sur l'île de Norfolk avec son mari dans les années 70. Entre 1990 et 2007, elle a écrit la série Les Maîtres de Rome consacrée à l'histoire de la République romaine. A partir de 2006, elle s'est essayée au roman policier en mettant en scène l'inspecteur Carmine Delmonico qui est à l'honneur dans cinq romans. Elle était membre de l'Académie des sciences de New York.


Les oiseaux... constituent une saga romantique puissante, qui évoque de nombreux sujets : la foi, l'élevage de moutons en Australie, la condition des travailleurs, l'éducation, le célibat des prêtres, le mariage, la passion, la résignation, la maternité, la vocation... On s'attache volontiers aux différents membres de la famille Cleary, ce clan replié sur lui-même, presque autarcique. Parfois, les personnages m'agacent, parfois ils m'émeuvent, parfois ils m'exaspèrent, parfois je les adore. McCullough leur a assuré une véritable personnalité, de la complexité et de la profondeur. Personnellement, j'ai un faible pour les frères, sorte d'entité unique constituée de plusieurs têtes, courageux, travailleurs, conservateurs mais tolérants, protecteurs et incapables de vivre leur propre vie. Meggie est intéressante mais presque seulement par les yeux de Ralph, fasciné dès leur rencontre. Ce personnage est passionnant, de même que, dans une moindre mesure, son ami prélat Contini-Verchese. Il veut être un prêtre parfait mais son ambition est en elle-même un frein à sa perfection, de même que l'amour fou et néanmoins contrarié qui le lie à Meggie. Amour qui prend de nombreuses formes d'ailleurs, d'abord paternel quand il seulement besoin de quelqu'un à aimer, puis sensuel quand l'objet de son affection devient femme et réclame ce à quoi elle estime avoir droit. J'adore les sympathiques Mueller, si compréhensifs, si perspicaces et si fins. En revanche, Luke O'Neill est horripilant et Dane lasse par son étrange perfection. Mary, la vieille araignée, comme Ralph la surnomme, meurt vers la fin du premier tiers, mais son testament retors pèse sur tout le roman. En cela, c'est un personnage fondateur dont les décisions aiguillent le déroulement des évènements.
Parce que la mini série est recentrée sur l'histoire d'amour entre Meggie et Ralph, on a tendance à croire qu'il en est de même du roman. Celui-ci s'avère plutôt être une saga familiale qui traite de toutes les formes d'amour, certes entre un homme et une femme mais aussi entre parents et enfants. Fee est une mère aussi attentive matériellement que peu affectueuse, elle aime ses enfants mais mal, particulièrement Meggie, la seule fille dont elle ne sait que faire sinon la mettre au travail. Meggie, mère à son tour, reproduira nombre de ses erreurs car elle aussi est incapable d'aimer ses enfants de la même façon. Et Justine ? On ne sait pas, peut-être enfin apaisée pourra-t-elle aimer ses enfants, ou alors n'en aura-t-elle pas, mettant fin à la dynastie des Cleary.
Si le style de l'auteur coule facilement, il faut admettre que les presque neuf cent pages comportent quelques longueurs, surtout de nombreuses descriptions trop longues qui freinent le rythme de la narration et finissent par ennuyer. C'est dommage parce que souvent, ces descriptions ont un intérêt. Elles permettent de s'immerger dans l'atmosphère de la Nouvelle Zélande, puis de l'Australie. Elles apprennent beaucoup, notamment sur la façon de vivre en Océanie au début du XXème siècle ou même m'apparition de la myxomatose (oui, oui, improbable, je sais). 
Romanesque et fort, ce roman me donne toujours un bon moment de lecture.

8/10

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