Emilia Perez de Jacques Audiard / Un gâchis /
Surqualifiée et surexploitée, Rita s’épuise dans un cabinet
d’avocat qui l’exploite. Une porte de sortie inespérée s’ouvre à elle :
aider le chef de cartel Manitas à se retirer des affaires et réaliser le plan
qu’il peaufine en secret depuis des années : devenir enfin la femme qu’il a
toujours rêvé d’être.
Je ne comprends pas quel était l’objectif. Vraiment pas.
Avant d’y aller, j’avais des doutes : un thriller dramatique musical sur
le transsexualisme dans le milieu des narcotrafiquants, c’est étrange, voire
carrément casse-gueule. Et l’étrangeté qui précipite le film dans l’abîme se
confirme quand un chirurgien se met à chanter une vaginoplastie. Enfin chanter
c’est beaucoup dire. La plupart du temps les chansons sont ânonnées sur des
dialogues qui ne s’y prêtent pas du tout, à moitié parlées, voire murmurées, un
carnage. Les mélodies auraient pu fonctionner, de même que certaines chorégraphies
mais les paroles ineptes, certains passages vulgaires et le ton mal choisi
cassent complètement l’ambiance. Pourtant le film est tendu, presque anxiogène
tellement il est malaisant. Sans les chansons, ça aurait peut-être pu donner un
thriller intéressant quoiqu’assez invraisemblable (il y a des moments ou l’épouse
devrait reconnaître son mari sous les traits d’Emilia). Quoique les personnages
au caractère obscur ou fluctuant, notamment Manitas-Emilia qui passe du salaud ultra-violent
à la grande dame à peine parfois rattrapée par un instinct de possession ma foi
assez masculin, Jessi, de très passive à soudain ultra agressive, et Gustavo,
de beau gosse énamouré à grosse brute machiste et insultante, ne constituent
pas une base solide, même pour un casting méritant, par ailleurs enlaidi par la
photographie et le maquillage. La caméra a parfois la tremblote, l’image est
sombre ou granuleuse. Je suis restée parce que je voulais connaître la fin de l’histoire,
et parce que certaines rares scènes sont émouvantes. C’est moderne, très libre,
énergique mais la mayonnaise n’a pas pris pour moi. Primé à Cannes, j’aurais dû
savoir que ce n’était pas pour moi, ça sent la surcote. Je suis totalement passée
à côté.
2/10
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