Nosferatu de Robert Eggers / Grandiloquent et pompeux /
Nosferatu est une fable
gothique, l’histoire d’une obsession entre une jeune femme tourmentée et le
terrifiant vampire qui s’en est épris, avec toute l’horreur qu’elle va répandre
dans son sillage. Je suis déçue par ce remake.
Je n’ai pas vu l’original mais j’en
connais l’esthétique et les grandes lignes. Le réalisateur reprend les mêmes
codes, parfois à la limite de l’expressionnisme, voire du grotesque. Il faut
voir Lili-Rose Depp s’arcbouter et se tortiller en crachant du sang. Pour moi,
ça n’a pas fonctionné, ça a plutôt prêté à sourire. L’atmosphère gotique est
réussie, à grands renforts de clairs-obscurs – si bien que l’on
flirte avec le noir et blanc – et de la musique un peu pompière. Tout
cela manque cruellement de subtilité. J’aurais pu le pardonner si je ne ‘étais
pas ennuyée pendant la moitié du film. Quant aux personnages féminins, ils sont
vus comme en 1922 : mère sacrificielle ou hystérique soignée à coups de « serrez
donc mieux votre corset », dont le plaisir, forcément interdit, ne peut
être qu’un autre sacrifice pour sauver le monde. Au moins me direz-vous, elle
sauve le monde. Il paraît qu’il faut y voir la peinture de l’oppression masculine,
oui, sans doute mais sans en proposer de fin. Plusieurs personnages vantent,
voire s’extasient, de la beauté de Lili-Rose Depp, je ne la trouve pas
particulièrement mise en valeur et son jeu reste très moyen. Nicolas Hoult et Aaron
Taylor-Johnson campent deux réactions différentes face au surnaturel ; le
premier joue particulièrement bien la terreur. Willem Dafoe est excellent dans
l’ambivalence entre sagesse et folie. Bill Skarsgard offre une prestation
terrifiante et son maquillage un rendu crade à souhaite. Et qu’ont-ils tous à
respirer si fort ? Entre Nosferatu asthmatique et les autres en permanence
en hyperventilation, on n’entend que ça ! Bref, si l’esthétique, quoique
très sombre, est réussie, le fond laisse froid, notamment parce qu’on ne s’attache
pas aux personnages. Tout cela se prend bien trop au sérieux.
4/10
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