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Affichage des articles du janvier, 2020

La chorale des dames de Chilbury de Jennifer Ryan

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J'avais hésité à l'acheter avant un voyage en train, mais j'avoue, j'ai eu la flemme de passer en caisse. Heureusement, on me l'a offert à Noël. 1940. Un paisible village anglais voit partir ses hommes au front. Restées seules, les femmes affrontent une autre bataille : sauver la chorale locale pour défier la guerre en chantant. Autour de Miss Primrose Trent, charismatique professeur de chant, se rassemble toute une communauté de femmes, saisie dans cet étrange moment de liberté : Mrs. Tilling, une veuve timide, Venetia, la coquette du coin, Kitty, une ado volontaire, Silvie, une jeune réfugiée juive, Edwina, une sage-femme qui cherche à fuir un passé sordide...  Née dans un petit village du Kent, Jennifer Ryan a été éditrice à Londres avant de partir à Washington avec sa famille. Plusieurs de ses nouvelles ont été publiées dans des revues littéraires. The Chilbury Ladies' Choir , paru en 2017, est son premier roman pour lequel elle s'est i

Les traducteurs de Régis Roinsard

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  Isolés dans un luxueux bunker sans contact avec l'extérieur, neuf traducteurs sont rassemblés pour traduire le dernier tome d'un des plus grands succès de la littérature mondiale. Mais lorsque les dix premières pages du roman sont publiées sur internet et qu'un pirate menace de dévoiler la suite si on ne lui verse pas une rançon colossale, une question devient obsédante : d'où vient la fuite ?  Ce film, c'est du grand art, un brillant exercice de manipulation, un jubilatoire jeu de poupées russes orchestré de main de maître. Ce thriller littéraire, tendu, prenant, ose la carte du mystère à fond, sans délaisser l'humour, et ne prend pas le spectateur pour un imbécile à qui il faut tout expliquer en le prenant par la main. Certaines pistes envisagées se sont révélées vraies, mais seulement après que je les ai écartées. Ce n'est pas toujours parfaitement crédible mais ça s'emboîte si bien, c'est si malin que je me laisse prendre. J

Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part d'Arnaud Viard

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Dans la maison familiale à la fin de l’été, Aurore fête ses 70 ans, entourée de ses 4 enfants : Jean-Pierre, l’aîné, qui a endossé le rôle de chef de famille après la mort de son père, Juliette, enceinte de son premier enfant à 40 ans et qui rêve encore de devenir écrivain, Margaux, l’artiste radicale, et Mathieu, 30 ans, angoissé de séduire la jolie Sarah. On veut tous que quelqu'un nous attende quelque part. Et c'est peut-être pour ça que ce mélo fonctionne si bien. Faut-il quitter sa famille pour devenir adulte ? Peut-on la porter à bout de bras sans en subir les conséquences ? Voilà certaines des questions que ce film pudique pose. Je ne sais pas ce que valent les nouvelles mais leur adaptation émeut. Cette famille ressemble à la nôtre : ils s'aiment, ils s'engueulent, ils s'en veulent, ils reviennent... Jean-Paul Rouve, magnifique, a ce formidable talent de donner au spectateur l'impression de faire partie de sa famille. Le reste du casting est imp

Bad boys for life d'Adil El Arbi et Bilall Fallah

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Les Bad Boys Mike Lowrey et Marcus Burnett se retrouvent pour résoudre une ultime affaire.  Je n'ai pas revu les deux premiers depuis des années et m'en porte fort bien. Je n'en ai pas gardé un souvenir impérissable et je ne suis pas dingue de Will Smith. Comme on m'a dit que le numéro trois valait le déplacement, j'ai tenté ma chance. Je ne suis pas déçue, le film s'avère conforme à l'idée que je m'en faisais et à ce que j'en attendais : un divertissement paramétré efficace assez bas de plafond. Le casting, réussi, permet de découvrir Paola Núñez qui tient tête à Will Smith. La complicité du duo que ce dernier forme avec Martin Lawrence fonctionne bien. Face à eux, la nouvelle équipe, plus politiquement correcte, envoie du bois, mais dans les règles (trop ?). A quelques exceptions près pendant la course-poursuite, les effets spéciaux tiennent la route et les scènes d'action sont haletantes, particulièrement celle dans le magnifique hôtel

Scandale de Jay Roach

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Des premières étincelles à l’explosion médiatique, découvrez comment des femmes journalistes ont réussi à briser la loi du silence pour dénoncer l’inacceptable.  Je ne sais pas vraiment quoi penser de ce film. Dénonce-t-il un scandale et si oui, est-ce bien celui que l'on croit. Oui, il dénonce le harcèlement sexuel en entreprise, et plus particulièrement dans une chaîne de télévision. Je pense qu'il dénonce aussi le fonctionnement de Fox News, voire même de toutes les chaînes. Les trois personnages principaux s'avèrent presque antipathiques : ambitieuses, conservatrices, prônant des idées parfois répugnantes, hésitantes, peu solidaires, sans parler de leur patron dont le cynisme surpasse tout. Charlize Theron, impériale dans le doute, Nicole Kidman, épatante de détermination, et Margot Robbie, pleine de fragilité derrière l'assurance, campent ces trois femmes. John Lithgow, impressionnant, s'offre le rôle du salaud qui ne voit absolument pas ce qu'il a

1917 de Sam Mendes

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Schofield et Blake, deux soldats britanniques, se voient assigner une mission : porter un message qui pourrait empêcher une attaque dévastatrice et la mort de centaines de soldats, ils se lancent dans une véritable course contre la montre derrière les lignes ennemies.  Je craignais que le scénario de ce film de guerre ne soit trop léger. Avec raison, d'autant plus qu'il est invraisemblable. Certes, il dénonce les atrocités et l'absurdité de la guerre. Cependant, il s'agit d'aller d'un point A à un point B, avec un certain nombre d'obstacles plus ou moins embêtants. George MacKay et Dean-Charles Chapman sont plutôt attachants, ce qui fait qu'on suit avec intérêt leurs péripéties. Les prestigieux seconds rôles ne font qu'un bref passage. La représentation des Allemands, manichéenne, un peu bête, m'a déplu -et en plus ils tirent comme des pieds. Alors oui, l'immersion fonctionne grâce à un gros travail de reconstitution, l'esthétiqu

La belle équipe de Mohamed Hamidi

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Après une bagarre, toute l'équipe de foot de Clourrières est suspendue jusqu'à la fin de la saison. Afin de sauver ce petit club du Nord, le coach décide de former une équipe composée de femmes pour finir le championnat.  Pour commencer, je regrette que le point de vue choisi soit celui d'un homme, observateur, adjuvant mais pour qui au final entraîner des hommes ou des femmes ne change rien. De plus, le côté masculin est paradoxalement mal représenté : les maris sont plus ou moins machos, plus ou moins dépassés mais aucun ne semble avoir jamais changé une couche. À l'heure du partage des taches, cela paraît dépassé et manichéen. De surcroît, les femmes de l'équipes sont finalement peu approfondies. Pourtant, le film a de nombreuses qualités. D'abord, il est très drôle et servi par un bon casting, de Kad Merad à Alban Ivanov (qui doit se diversifier) en passant par Céline Sallette, Guillaume Gouix, Sabrina Ouazani, Alexandra Roth ou Laure Calamy. La gal

Selfie de Thomas Bidegain, Marc Fitoussi, Tristan Aurouet, Cyril Gelblat et Vianney Lebasque

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Dans un monde où la technologie numérique a envahi nos vies, certains d’entre nous finissent par craquer. Addict ou technophobe, en famille ou à l’école, au travail ou dans les relations amoureuses, Selfie raconte les destins comiques et sauvages d’Homo Numericus au bord de la crise de nerfs…  Je ne suis pas amatrice de films à sketchs mais en bonne technophobe que je suis, le sujet m'intéressais. Cinq sketches donc pour évoquer notre quotidien envahi par les smartphones, ou plutôt quatre reliés par un, Vlog, qui traite de l'obsession pathétique d'un couple pour les vidéos de leur famille qu'ils tournent. Le Troll, mon préféré, raconte la quasi conversion d'une prof à l'usage du microbloging. Il bénéficie des répliques les plus hilarantes. Dans 2,6/5, un jeune addict d'une jolie fille à l'air parfait fout en l'air une chance de bonheur de façon assez désespérante. Recommandé pour vous se moque de ceux qui achètent tout ce qu'un algorith

Underwater de William Eubank

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Une équipe scientifique sous-marine installée dans une base de forage fait face à un tremblement de terre. Sous l'eau, ils vont devoir essayer de survivre.  Peu de promo sur ce film, j'y suis allée sans voir la bande-annonce. Un essai en aveugle en somme. Bien m'en a pris car cette série B instille dès le départ une tension, une atmosphère de solitude et de claustrophobie. Évacuons tout de suite le problème des invraisemblances, elles émaillent le film sans parvenir à nous en sortir. Le scénario, pourtant déjà vu – c'est Alien au fond de l'eau, donc Abyss – fonctionne, notamment grâce à un rythme maîtrisé. Eubank parvient même à nous faire sursauter avec ses strangulots des profondeurs et son message écolo sans subtilité. Les effets spéciaux passent bien, sans en faire trop. Même si la palette de jeu est contrainte par l'histoire (pas de grosse marade ni de scène du balcon, disons que ça aurait paru incongru), le casting, investi, tient la route. Malgré s

Sol de Jézabel Marques

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Sol, célèbre interprète de tango vivant à Buenos-Aires, ne s’est jamais remise de la mort de son fils avec qui elle avait rompu tout lien. Elle revient à Paris dans l’espoir de rencontrer son petit-fils.  Dans cette comédie dramatique, Chantal Lauby s'en donne à cœur-joie dans le rôle de la grand-mère excentrique face à une Camille Chamoux impeccable. Serge Bagdassarian campe avec élégance un personnage aussi séduisant que rassurant. Quant au petit, il n'est pas toujours dans le ton. Pour un film sur le deuil, la transmission, la maternité et la "grannytude", il s'avère drôle, juste et émouvant. Prévisible et un peu saugrenu, voire peu crédible, il révèle toutefois son charme, notamment grâce à une B.O envoûtante. Imparfait mais charmant. 7/10

Palmarès des Golden Globes 2020

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  Comme souvent, je n'ai pas vu la plupart des films ou des séries, je m'abstiens donc de donner mon avis. Cinéma   Meilleur film dramatique 1917 Les Deux Papes (The Two Popes) The Irishman Joker Marriage Story   Meilleur film musical ou comédie Once Upon a Time… in Hollywood À couteaux tirés (Knives Out) Dolemite Is My Name Jojo Rabbit Rocketman   Meilleur réalisateur Sam Mendes pour 1917 Bong Joon-ho pour Parasite ( 기생충 ) Todd Phillips pour Joker Martin Scorsese pour The Irishman Quentin Tarantino pour Once Upon a Time… in Hollywood   Meilleur acteur dans un film dramatique Joaquin Phoenix pour le rôle d'Arthur Fleck / Le Joker dans Joker Christian Bale pour le rôle de Ken Miles dans Le Mans 66 (Ford v. Ferrari) Antonio Banderas pour le rôle de Salvador Mallo dans Douleur et Gloire (Dolor Y Gloria) Adam

Les vétos de Julie Manoukian

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Au cœur du Morvan, Nico, dernier véto du coin, se démène pour sauver ses patients, sa clinique, et sa famille. Quand Michel, son associé et mentor, lui annonce son départ à la retraite, Nico sait que le plus dur est à venir, faute de relève. La nièce de Michel, Alex, pourrait-elle être la perle rare ? Le parti pris de départ est intéressant puisque le personnage principal, Alex, interprétée par Noémie Schmidt qui joue bien mais manque de charisme, très franche voire sans filtre, peut paraître antipathique. C'est quand elle apprend, perd ses certitudes, qu'elle devient aimable, bien aidée en cela par les autres personnages qui l'humanisent. Clovis Cornillac et Matthieu Sampeur offrent un beau contrepoint. Si la vision de la campagne dans son attrait esthétique -réel et fort bien mis en valeur via une photographie de qualité- s'avère un peu naïve dans son opposition à une ville qui serait froide, anonyme, grise et déshumanisée. Ce film, beaucoup trop prévisible e

Les filles du Docteur March de Greta Gerwig

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Une nouvelle adaptation des "Quatre filles du Docteur March" qui s’inspire à la fois du grand classique de la littérature et des écrits de Louisa May Alcott. Greta Gerwig propose une relecture élégante et féministe d'un roman mythique qui a donné lieu à plusieurs adaptations, dont une avec la non moins mythique Susan Sarandon. Là encore, le casting est excellent (quoique parfois un peu âgé pour les rôles) : Laura Dern, maternelle et forte, Saoirse Ronan, pleine de fougue, Emma Watson, charmante, Florence Pugh, à la voix grave et prenante, Meryl Streep, toujours géniale quand elle est acariâtre. Deux personnages masculins sont interprétés par deux Français, Timothée Chalamet, plein de charme, et Louis Garrel, distingué, pour un Américain et un Allemand. Tous donnent corps à des personnages attachants et connus. Et c'est peut-être le problème du film : tout y est balisé, déjà vu, sans doute légèrement modernisé mais si sage. La réalisation

Un peu de soleil dans l'eau froide de Françoise Sagan

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J'ai trouvé ce Sagan juste avant de partir en vacances pour Noël, c'était parfait.  Gilles, un brillant journaliste parisien, fait une dépression. Il décide de quitter Paris, trop cynique et trop gai, pour se reposer auprès de sa sœur dans le Limousin. Et c'est là-bas qu'il rencontre Nathalie Sylvener, une femme mariée, entière, sincère qui tombe aussitôt amoureuse de lui. Voici une brève notice biographique de l'auteur. Pour le pavé, vous pouvez vous reporter à mon article sur Le garde du cœur . Françoise Sagan (1935 – 2004) écrit Bonjour tristesse en 1953. Elle obtient le prix des Critiques et connaît un succès immédiat. Happée par le succès et l'argent, fascinée par le jeu et les voitures, elle épouse en 1958 l'éditeur Guy Schoeller dont elle divorce en 1960 pour se marier deux ans plus tard avec Robert Westhoff, avec qui elle a un fils, Denis, en 1962. Le couple se sépare en 1972. Son grand amour, la styliste Peggy Roche fut, jusqu'à