Les traducteurs de Régis Roinsard
Isolés dans un luxueux bunker sans contact avec
l'extérieur, neuf traducteurs sont rassemblés pour traduire le dernier
tome d'un des plus grands succès de la littérature mondiale. Mais
lorsque les dix premières pages du roman sont publiées sur internet et
qu'un pirate menace de dévoiler la suite si on ne lui verse pas une
rançon colossale, une question devient obsédante : d'où vient la fuite ?
Ce film, c'est du grand art, un brillant exercice de manipulation, un jubilatoire jeu de poupées russes orchestré de main de maître. Ce thriller littéraire, tendu, prenant, ose la carte du mystère à fond, sans délaisser l'humour, et ne prend pas le spectateur pour un imbécile à qui il faut tout expliquer en le prenant par la main. Certaines pistes envisagées se sont révélées vraies, mais seulement après que je les ai écartées. Ce n'est pas toujours parfaitement crédible mais ça s'emboîte si bien, c'est si malin que je me laisse prendre. J'avais oublié combien Lambert Wilson campe bien les salauds : glacial, brutal, égoïste, un homme d'argent au milieu des créatifs, un homme qui vend des livres au lieu de les aimer. Le reste du casting est formidable, de la douce Sara Giraudeau à Riccardo Scamarcio en lèche-bottes, en passant par Olga Kurylenko, Sidse Babett Knudsen, Alex Lawther, Anna Maria Sturm, Frédéric Chau ou Manolis Mavromatakis. La direction d'acteurs est peut-être un peu trop théâtrale mais on pardonne cet écueil face ce huis clos à l'atmosphère réussie. Ici il est question de création littéraire, mais aussi de traduction, art peu abordé et pourtant passionnant parce que fondamental, ainsi que de la relation du lecteur à l'œuvre. La scène la plus violente n'est d'ailleurs sans doute pas celle que l'on croit, il s'agit de celle où un auteur est anéanti en un simple geste. Ambitieux.
9/10
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