Articles

Affichage des articles du octobre, 2023

The old oak de Ken Loach / En demi-teinte /

Image
TJ Ballantyne, propriétaire du Old Oak, un pub situé dans une petite bourgade du nord de l’Angleterre, sert les mêmes habitués désœuvrés. L’arrivée de réfugiés syriens va créer des tensions dans le village. TJ se lie cependant d’amitié avec Yara, une jeune migrante passionnée par la photographie.  Qui dit Ken Loach dit film social, ce qui n’est pas ma tasse de thé. La bande-annonce étant prometteuse, j’ai tenté ma chance, d’autant que le sujet est des plus actuels et forme un pendant dramatique à la comédie française Pour l’honneur sortie en mai. Les deux personnages principaux, attachants, maintiennent l’intérêt pour l’intrigue qui sinon serait un peu ennuyeuse dans sa chronique de l’intégration plus ou moins réussie de réfugiés syriens dans un ancien village de mineurs du Nord de l’Angleterre industrielle. Heureusement que quelques lueurs d’espoir percent le brouillard parce que le tableau n’est guère réjouissant entre la misère des autochtones et celle, peut-être moins profonde des

3 jours max de Tarek Boudali / Burlesque et fun /

Image
Rayane, policier maladroit, héroïque malgré lui dans 30 jours max, se trouve cette fois confronté à une situation des plus rocambolesques. Sa grand-mère a été kidnappée par un cartel mexicain, et il a 3 jours max pour la libérer. Aux côtés de ses fidèles collègues, il va vivre des aventures extrêmes entre Paris, Abu Dhabi et le Mexique. Blindée de références au cinéma américain – de James Bond à Indiana Jones en passant par Terminator, Taken, Mission Impossible, Fast & Furious, etc, cette parodie de film d’action de la bande à Fifi reprend les fondamentaux qui font son succès : humour bas de front et rebondissements grand-guignolesques. Certes, tout est prévisible mais . Le casting, en surjeu pour certains, s’amuse : Tarek Boudali en flic incompétent mais chanceux, Philippe Lachaux en beauf intersidéral et surtout sidérant, Vanessa Guide en superflic mésestimée, Élodie Fontan en agent secret impénétrable. Les décors sont superbes et l’action bien réalisée, les cascades plutôt bien

Expend4bles de Scott Waugh / Nul /

Image
À la suite de l'échec d'une mission, l'équipe décide de se venger.  J’aime bien la saga des Expendables, surtout le deux. C’est fun, décomplexé, testostéronné. Ce quatrième opus ne correspond à aucun de ces qualificatifs. C’est vulgaire, pas drôle, ennuyeux, bruyant, moche, mal doublé, etc… et je pourrais continuer comme ça longtemps. Les dialogues donnent envie de pleurer, après quelques rires nerveux, l’ahurissement l’emporte. La première chanson est sympa, la B.O qui suit est absente. Je me suis carrément endormie en plein milieu d’une scène d’action. Les effets spéciaux sur fond vert sont atroces, les scènes d’action illisibles, la violence gratuite à la limite du sadisme qui ne ressemble pas aux personnages et à la philosophie de la saga. Les demoiselles sont des potiches inutiles, Megan Fox a l’air photoshopée en permanence et n’exprime rien. Les autres acteurs sont sous-utilisés, notamment Iko Uwais dont le potentiel est complètement gâché ; quant à Jason Statham, il

Marie-Line et son juge de Jean-Pierre Améris / Niais mais pas déplaisant /

Image
Marie-Line, 25 ans, est une serveuse énergique et bruyante. Sa rencontre avec un juge bougon et déprimé qui l’engage comme chauffeur, va bouleverser sa vie. Un peu niaise, parfois amusante, cette comédie dramatique ne sort pas des sentiers battus. Michel Blanc creuse le sillon du bougon au grand cœur, Louane Emera de l’ingénue. Elle est inculte mais intelligente il est cultivé mais déprimé ; l’un comme l’autre a besoin d’un bon coup de pieds aux fesses. Victor Belmondo promène sa belle gueule, non sans charme. Philippe Rebbot joue la loque dépressive, non sans naturel. C’est mignon, gentillet, fanchouille et dégoulinant de bons sentiments ; pour être honnête le scénario tourne en rond. Sans être déplaisant, ce film manque d’aspérités et de fond.  5/10

The creator de Gareth Edwards / Superbe mais long /

Image
Dans un futur proche, Américains et intelligence artificielle (IA) se livrent une guerre sans merci.  Soldat américain infiltré en Asie, Joshua est séparé de sa femme Maya au cours d’un assaut. Cinq ans plus tard, l’armée lui demande de revenir sur le terrain, craignant qu’une puissante intelligence artificielle n’ait créé une arme qui permette à l’Orient de gagner la guerre qu’elle livre à l’Occident. Esthétiquement très réussi (visuel très proche de Rogue one) et doté d’une bonne B.O, ce film pêche par sa longueur exagérée et ses incohérences, notamment, pourquoi y a-t-il des androïdes sur Nomad ? Et pourquoi ont-ils cette tête en particulier ? Les Américains sont obtus et brutaux, ils tirent sur tout ce qui bouge sans raison tandis que les autres sont ouverts et tolérants et que la communauté internationale ne semble pas exister/réagir. Les effets spéciaux sont très réussis, les paysages sublimes, le casting (John David Washington, Gemma Chan, Ken Watanabe, Allison Janney) est plutô

Le règne animal de Thomas Cailley / Ambitieux et réussi /

Image
Dans un monde en proie à une vague de mutations qui transforment peu à peu certains humains en animaux, François fait tout pour sauver sa femme, touchée par ce phénomène mystérieux. Alors que la région se peuple de créatures d'un nouveau genre, il embarque Émile, leur fils de 16 ans, dans une quête qui bouleversera à jamais leur existence.  Échaudée par le décevant Acide , je craignais un peu cette nouvelle tentative française dans le genre fantastique / catastrophe. Ici pas de pluies acides mais des mutations génétiques pour le moins étonnantes. Le film, aussi ambitieux que généreux, parfois drôle, porte autant sur la réaction de la société à celles-ci que sur la relation entre un père et son fils adolescent. Romain Duris campe avec talent et justesse un homme de conviction, plein d'emphase mais aussi de tendresse pour son fils en rébellion – le prometteur Paul Kircher, dont la diction étrange peut agacer un peu. Adèle Exarchopoulos n'exprime pas grand chose et il manq

Bernadette de Léa Domenach / Aussi plaisant qu'inoffensif /

Image
Quand elle arrive à l’Elysée, Bernadette Chirac s’attend à obtenir enfin la place qu’elle mérite, elle qui a toujours œuvré dans l’ombre de son mari pour qu’il devienne président. Mise de côté car jugée trop ringarde, Bernadette décide alors de prendre sa revanche. Cette satire du milieu politique a le mérite d’avoir choisi son camp. Ce lui de Bernadette, femme politique courageuse, proche des gens et visionnaire contre un Jacques Chirac dédaigneux, moqueur et coureur et Claude Chirac, condescendante et atterrée. Gentiment vachard mais assez manichéen, le film ne marque pas. Catherine Deneuve s’amuse et cabotine, comme les acteurs secondaires (Podalydès, Vuillermoz, Stocker, Vincentelli). Il y a dans ce film une légèreté à la fois agréable et décevante parce que la réalisatrice n’est pas allée au bout soit de la comédie, soit de l’aspect dramatique, car on parle d’une femme négligée, trompée, ignorée, sorte de Cassandre moderne, ce qui est accentué par une espèce de chœur antique qui s

Dogman de Luc Besson / Excessif et fascinant /

Image
L’incroyable histoire d’un enfant, meurtri par la vie, qui trouvera son salut grâce à l’amour que lui portent ses chiens. Voilà un film fascinant et surprenant. Besson revient à l’atmosphère rageuse, fiévreuse, de ses débuts, plus fort, meilleur. L’incarnation de Caleb Landry Jones est impressionnante : dense, intense, délicate, face à celle, sobre et intériorisée, de Jojo T. Gibbs. Cet anti-héros se révèle aussi inquiétant qu’attachant. L’histoire est complètement dingue, presque intemporelle, presque fantastique en ce que les chiens « comprennent » les desiderata de leur maître. Il faut saluer le dressage, impeccable. Film de la résilience et de l’amour universel, de la reconnaissance aussi, il constitue une critique acerbe de la société dans laquelle seuls les marginaux se montrent ouverts et accueillants. Certes, on peut y déceler des effets racoleurs, et néanmoins diablement efficaces. C’est très fort parce que Besson réussit à les transformer en moments d’émotion, comme l’interpr

Le procès Goldman de Cédric Kahn / Intéressant mais froid /

Image
En avril 1976, débute le deuxième procès de Pierre Goldman, militant d’extrême gauche, condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages à main armée, dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes. Il clame son innocence dans cette dernière affaire et devient en quelques semaines l’icône de la gauche intellectuelle. Je ne sais pas quoi en penser. Il s’agit d’un documentaire, ou d’une reconstitution mais de là à parler d’une fiction… Le format carré de l’image n’aide pas, ça donne une impression de docu sur une vieille télé   cathodique. Dommage car il est bien précisé qu’il ne s’agit pas d’une adaptation complètement fidèle du procès d’Amiens car il mélange des éléments du livre et du premier procès. Arieh Worthalter campe avec talent et subtilité un homme complexe et déconcertant, brillant, le verbe haut, instable, se rêvant grand résistant quand il n’est qu’un révolutionnaire de pacotille. Son interprétation fait le sel de ce docufictio