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Affichage des articles du septembre, 2019

Le mystère Sherlock de J-M Erre

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J'ai lu ce livre il y a deux ou trois ans, on me l'avait offert je crois. J'ai eu envie de le relire. J'ai souvent envie de le relire.  Meiringen, Suisse. Les pompiers dégagent l'accès à l'hôtel Baker Street, coupé du monde pendant trois jours à cause d'une avalanche. Personne n'imagine que, derrière la porte close, se trouve un véritable tombeau. Alignés dans les frigidaires, reposent les cadavres de dix universitaires. Tous sont venus là, invités par l'éminent professeur Bobo, pour un colloque sur Sherlock Holmes. Un colloque un peu spécial puisque, à son issue, le professeur Bobo devait désigner le titulaire de la toute première chaire d'holmésologie de la Sorbonne. Le genre de poste pour lequel on serait prêt à tuer.   Jean-Marcel Erre (1971 - ) publie son premier roman en 2006, Prenez soin du chien , une enquête loufoque mettant aux prises les locataires de deux immeubles jumeaux. Suivent  Made in China et  Série Z . Paru

Le dindon de Jalil Lespert

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Monsieur de Pontagnac a eu un coup de foudre pour une jolie jeune femme, Victoire, la femme d’un de ses amis, Vatelin. Et si le notaire le prend plutôt bien, Victoire, elle n’est pas si simple à manipuler.  Adapter une célèbre pièce de Feydeau, ce n'est pas évident. Lespert s'est lancé dans une entreprise casse-gueule, disons-le. Et il s'en tire avec brio. Replacée dans le contexte et les décors - kitchs - des swinging sixties, l'intrigue paraît toujours d'actualité, même si certains comportements n'auraient plus cours aujourd'hui - heureusement d'ailleurs. Ça m'a rappelé les films de Louis de Funès et ce n'est pas un petit compliment. Le casting s'en donne à cœur joie, notamment Alice Pol, formidable, Guillaume Gallienne, imparable en séducteur, Laure Calamy en bourgeoise pas si cruche, Camille Lellouche en prostituée rigolote. La présence d'Henri Guibet ajoute une touche sixties. Si le premier acte finit par s'essouffler, les

Downton Abbey de Michael Engler

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Les Crawley et leur personnel se préparent à vivre l'événement le plus important de leur vie : une visite du roi et de la reine d'Angleterre.  J'adore la série, je ne pouvais pas manquer le film. Et ce dernier ressemble un épisode spécial, un épisode de deux heures. On retrouve avec plaisir les Crawley pour une nouvelle chronique de leur vie. Costumes et décors magnifiques pour un scénario qui essaie de donner une place à chaque personnage mais du coup ne creuse aucune intrigue et aucun caractère. Seul Henry Talbot, absent pendant presque tout le film, arrive à la fin et ne comprend pas grand chose à ce qu'il se passe. Comme un spectateur qui viendrait sans avoir vu la série d'ailleurs, le film fait du fan-service et ne s'embarrasse pas d'explications pour les novices.  Le casting est génial, mention spéciale à Maggie Smith, Allen Leech, Robert James-Collier et Imelda Staunton. Les dialogues, drôles, piquants constituent des bijoux de fiel et d&#

Rambo last blood d'Adrian Grunberg

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John Rambo s'est rangé et s'est trouvé une famille d'adoption. Il sort de sa tanière pour tenter de sauver celle qu'il considère comme une fille.  Précision, je n'ai vu aucun des autres Rambo. Je m'interroge : comment Rambo a-t-il pu survivre aussi longtemps dans des contextes aussi difficiles en prenant des décisions aussi stupides ? Proposition de réponse : parce que les types en face en prennent de plus stupides encore ! Sylvester Stallone tient encore la route mais l'âge se fait sentir. Yvette Monreal apporte une touche de charme. Sergio Peris-Mencheta campe un méchant moins inintéressant que prévu, quoique caricatural. Les dialogues sont d'une indigence rare, comme certains effets spéciaux, sans parler du scénario. L'ambiance est tendue dès le début, parfois sans raison, alors qu'il n'y a que peu d'action, sauf dans la dernière partie avec des pièges bien pensés. Évoquons le sujet qui fâche : la violence. Je suis résistante, j&#

Ad Astra de James Gray

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L’astronaute Roy McBride s’aventure jusqu’aux confins du système solaire à la recherche de son père disparu et pour résoudre un mystère qui menace la survie de notre planète. Lors de son voyage, il se confronte à lui-même, à ses doutes et à sa relation avec ce père absent depuis si longtemps. Après la déception du dernier Woody Allen, je voulais vraiment adorer le nouveau James Gray. La première partie constitue une bonne introduction, avec une excellente scène d'ouverture, en revanche les développements tombent à plat, la faute aux trop nombreuses incohérences tant filmographiques que scientifiques et à la faiblesse du propos. La fin s'avère décevante : tout ce voyage, toute cette psychothérapie pour en arriver là ? On s'ennuie. Pourtant certains plans m'ont fait penser à Total recall, dépouillé de tout spectaculaire. Heureusement, Brad Pitt campe avec brio un astronaute impassible, ayant enfoui sentiments et émotions, au sourire rare et lumineux, qui a besoin

A rainy day in New-York de Woody Allen

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Deux étudiants, Gatsby et Ashleigh, envisagent de passer un week-end en amoureux à New York. Mais leur projet tourne court, aussi vite que la pluie succède au beau temps… Bientôt séparés, chacun des deux tourtereaux enchaîne les rencontres fortuites et les situations insolites.  Pour moi, Match Point est presque un chef d'œuvre et Wonder Wheel une purge. J'espérais adorer ce nouveau Woody Allen, retrouver sa verve, son goût de la belle photographie, son humour grinçant. Ici, clairement, la balance penche du mauvais côté. D'abord, le réalisateur choisit des cadrages bizarres assez éloignés de ses sujets, si bien que j'avais l'impression d'être au théâtre et d'avoir besoin de jumelles pour voir le visage des acteurs. Timothée Chalamet ne joue pas mal mais son personnage de pseudo rebelle intello ne séduit pas, non plus que celui de godiche candide - pour ne pas dire cruche - et ricanante d'Elle Fanning, par ailleurs convaincante. Ils campent un co

Music of my life de Gurinder Chadha

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1987, Angleterre. Javed, adolescent d’origine pakistanaise, grandit à Luton, une petite ville qui n’échappe pas à un difficile climat social. Il se réfugie dans l’écriture pour échapper au racisme et au destin que son père, très conservateur, imagine pour lui. Sa vie est bouleversée le jour où l’un de ses camarades lui fait découvrir l’univers de Bruce Springsteen.  Titre original : Blinded by the light, bien plus représentatif du film. Je n'avais pas vraiment envie de le voir, j'avais peur d'une redite de la déception causée par Yesterday . Et que des inconnus au casting, du moins le croyais-je. Viveik Kalra campe un adolescent passionné et qui ne demande qu'à être joyeux sous la chape de plomb imposée par son père, un homme fidèle aux traditions, parfait Kulvinder Ghir. Hayley Atwell, impeccable, joue un professeur d'anglais bienveillant et prête à donner à l'auteur en herbe les encouragements dont il a besoin. Il faut reconnaître la qualité de la re

Deux moi de Cédric Klapisch

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Rémy et Mélanie ont trente ans et sont voisins sans se connaître à Paris. Elle multiplie les rendez-vous ratés sur les réseaux sociaux pendant qu'il peine à faire une rencontre. Tous les deux victimes de la solitude des grandes villes. Deux individus, deux parcours.  Je ne savais pas trop à quoi m'attendre. Je suis agréablement surprise. Je me suis reconnue dans ces trentenaires isolés dans la grande ville, connectés au vide et à leurs névroses. Ana Girardot et François Civil amènent tous les deux des nuances intéressantes sur le même thème face à Camille Cottin et François Berléand en psys différents mais dispensant le même message : "faites confiance à la vie, soyez positifs, rencontrez les gens en vrai". Quant à Simon Abkarian, il campe ce drôle de parrain urbain qui prend soin du voisinage à sa façon. Car le quartier de la gare du Nord a son importance, tant dans la géométrie du montage que dans le propos résolument plein d'espoir malgré le constat a

Ça - chapitre 2 d'Andy Muschietti

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27 ans après la victoire du Club des Ratés sur Grippe-Sou, le sinistre clown est de retour pour semer la terreur à Derry. Les membres du Club ont tous quitté la petite ville, cependant, lorsque des enfants disparaissent, Mike, le seul du groupe à être demeuré sur place, demande aux autres de le rejoindre. Comme elle n'était pas diffusée dans mon cinéma, je n'ai pas vu la première partie, même si je connais les grandes lignes de l'histoire. Suffisant pour comprendre les enjeux. J'ai eu du mal à entrer dans le film à cause d'une salle bruyante dans laquelle les ados présents passaient plus de temps à commenter ce qu'ils voyaient qu'à regarder, pénible. L'autre problématique, interne au film celle-là : il ne fait pas peur. C'est plutôt un thriller fantastique qui exhume les vieux démons d'une enfance douloureuse et pourtant regrettée. James McAvoy, Jessica Chastain et Jay Ryan rendent leurs personnages attachants. Bill Skarsgard, quoique mé

Une fille facile de Rebecca Zlotowski

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Naïma a 16 ans et vit à Cannes. Alors qu'elle se donne l'été pour choisir ce qu'elle veut faire dans la vie, sa cousine Sofia, au mode de vie attirant, vient passer les vacances avec elle. Ensemble, elles vont vivre un été inoubliable.  Que dire de ce film ? Quelques heures plus tard, je ne sais toujours pas ce que j'en pense. Je n'ai suivi ni l'"affaire", ni la carrière de Zahia et ça ne m'intéresse guère. Une interview de la demoiselle et de la réalisatrice m'a intriguée. J'ai voulu me faire mon propre avis malgré mes réticences, notamment quant à la plastique très arrangée de la principale intéressée. Zahia Dehar est-elle une bonne actrice ? Une actrice tout court ? Dans quelle mesure le personnage lui ressemble-t-il ? Difficile à déterminer. Son corps bouffe l'écran et pourtant, bizarrement, elle est assez effacée. Incarne-t-elle un stéréotype ? Celui de l'escort sexy, un peu vulgaire, libérée, sans moralité ? Sofia est p

Inséparables de Varante Soudjian

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Mika, un petit escroc, a fait un rapide tour en prison, où il a fait la connaissance de Poutine, un détenu cinglé. Sitôt sa peine purgée, il repart à zéro. Alors qu’il s’apprête à épouser la fille d’un riche homme d’affaires, son passé le rattrape. Mika va vite réaliser qu’on ne se débarrasse pas aisément d’un tel boulet...  Je craignais une comédie très basse du plafond. Ça ne vole pas haut, mais bien moins bas que ce que je croyais. Ahmed Sylla et Alban Ivanov forment un duo comique sympathique, attachant et complice. Leurs aventures rocambolesques, dues à la folie brutale de Poutine et à l'accumulation de mensonges de Mika, s'enchaînent en rythme. Judith El Zein, formidable, offre un contrepoint de stabilité : glaciale et sarcastique. Pas crédible pour deux sous, suivant pas à pas une trame d'un classicisme avéré, le scénario n'innove pas du tout. En revanche, il est drôle et aligne les vannes sans prétendre à autre chose qu'un film de potes. Pas une

Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates de Mary Ann Shaffer et Annie Barrows

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Je l'ai vu il y a bien longtemps en librairie et le titre m'a fait peur, j'avoue. Puis j'ai vu le film, que j'ai aimé. Je l'ai retrouvé sur mon lieu de vacances, j'ai cédé.  Janvier 1946. Tandis que Londres se relève douloureusement de la guerre, Juliet, jeune écrivain, cherche un sujet pour son prochain roman. Comment pourrait-elle imaginer que la lettre d'un inconnu, natif de l'île de Guernesey, va le lui fournir ? De lettre en lettre, Juliet découvre l'histoire d'une petite communauté débordante de charme, d'humour, d'humanité. Et puis vient le jour où, à son tour, elle se rend à Guernesey...  Mary Ann Shaffer (1934 - 2008) est une écrivaine américaine auteur d'un roman épistolaire Le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates (titre original : The Guernsey Literary and Potato Peel Pie Society ), qu'elle a achevé avec l'aide de sa nièce Annie Barrows quand sa santé est devenue défaillante.