Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates de Mary Ann Shaffer et Annie Barrows

Je l'ai vu il y a bien longtemps en librairie et le titre m'a fait peur, j'avoue. Puis j'ai vu le film, que j'ai aimé. Je l'ai retrouvé sur mon lieu de vacances, j'ai cédé. 
Janvier 1946. Tandis que Londres se relève douloureusement de la guerre, Juliet, jeune écrivain, cherche un sujet pour son prochain roman. Comment pourrait-elle imaginer que la lettre d'un inconnu, natif de l'île de Guernesey, va le lui fournir ? De lettre en lettre, Juliet découvre l'histoire d'une petite communauté débordante de charme, d'humour, d'humanité. Et puis vient le jour où, à son tour, elle se rend à Guernesey... 

Mary Ann Shaffer (1934 - 2008) est une écrivaine américaine auteur d'un roman épistolaire Le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates (titre original : The Guernsey Literary and Potato Peel Pie Society), qu'elle a achevé avec l'aide de sa nièce Annie Barrows quand sa santé est devenue défaillante. Le roman est publié en juillet 2008 par l'éditeur américain Random House, peu après la mort de l'auteur. Éditrice, bibliothécaire puis libraire, Mary Ann Shaffer a découvert Guernesey en 1976.
Annie Fiery Barrows (1962 - ), éditrice, est la coauteur du roman épistolaire The Guernsey Literary and Potato Peel Pie Society. Elle est également l'auteur de la série pour enfants Ivy and Bean et de The Magic Half. En 2015, elle a publié Le Secret de la manufacture de chaussettes inusables (The truth according to us).

Juliet est une héroïne attachante. Jeune auteur en mal d'inspiration dans l'Angleterre de l'immédiat après-guerre, elle a vécu les bombardements, subit encore le rationnement, a besoin d'un nouvel élan. Cette correspondance qu'elle commence puis développe, comme un réseau, en forme d'exutoire à son quotidien et aux assiduités de son prétendant aux dents trop blanches. Elle écrit aussi à sa meilleure amie qui vit en Écosse et à son éditeur et ami, Sydney, un type épatant. Tous les personnages ont un petit quelque chose, ils sont attachants. 
Le roman traite, notamment par flashbacks épistolaires, de l'occupation de l'île par les Allemands pendant la Seconde Guerre Mondiale, à travers une mosaïque d'anecdotes racontées à plusieurs voix, avec ou sans fioritures selon celui qui les évoque grâce à un style nuancé. Imagé et excentrique pour Isola, Économe de mots et timide pour Dawsey, franche et concise pour Sydney, pleine d'humour et de questionnements pour Juliet. Toutes parlent à un moment ou un autre d'Elizabeth McKenna, jeune femme d'un incomparable altruisme, qui a disparu et fascine Juliet. L'autre sujet abordé m'a tout autant intéressée : le pouvoir de la littérature sur les gens et sa capacité à rassembler. 
Contrairement au film dans lequel la tension née du mystère planant autour d'Elizabeth, ici, point de mystère – et donc point de tension. Les évènements sont racontés sans réticence, avec générosité, à l'image de l'accueil fait à Juliet. Cela en fait un roman évoquant un passé sombre et douloureux avec espoir et un point de vue positif : la reconstruction, aussi complexe soit-elle, est possible, notamment en étant entouré de personnes bienveillantes. Mièvre ? Trop facile ? Oui, sans doute. Ce n'est pas grave, sans que je puisse dire pourquoi.
Cette chronique sympathique, passionnée de littérature, constitue une lecture plaisante, pas grandiose, juste confortable. On se sent bien à Guernesey et avec ses habitants. Surtout quand on est soi-même en vacances au bord de la mer.

8/10

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