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Affichage des articles du mai, 2022

Hommes au bord de la crise de nerfs d'Audrey Dana // Joyeux //

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Sept hommes de tous âges, au bord de la crise de nerfs, se retrouvent embarqués dans une thérapie de groupe en pleine nature. Ce stage mystérieux est censé faire des miracles. Première surprise : le coach est une femme ! Imprévisible et déroutante, elle va tout faire pour les aider. Avec ou sans leur consentement…   Voici le portait tendre, barré et drôle de sept hommes modernes, paumés de façon plus ou moins dramatique, et d'une femme décidée à les aider. Peu à peu les participants se dévoilent, se découvrent, s'entraident. Les acteurs, complémentaires, forment un groupe hétéroclite mais complice. Mickael Gregorio s'en sort super bien, Pascal Demolon est royal, Laurent Stocker attendrit avec sa profonde solitude, ses crises et ses sifflements, Marina Hands se donne à fond. Certains personnages intéressent moins que d'autres. Parfois l'humour ne vole pas haut mais ça fait partie du style de la réalisatrice qui s'est appuyée sur un travail préparatoire important

Frère et sœur d'Arnaud Desplechin // Absurde //

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Un frère et une sœur à l’orée de la cinquantaine… Alice est actrice, Louis fut professeur et poète. Alice hait son frère depuis plus de vingt ans. Ils ne se sont pas vus depuis tout ce temps… Le frère et la sœur vont être amenés à se revoir lors du décès de leurs parents.  J'aurais dû m'y attendre. La presse a adoré, je suis rarement raccord. Intense et lumineux ? J'aurais dû m'attendre à ce déluge franco-français un peu hystérique. J'aurais dû. Une femme hait son frère, sans raison, le coupant du reste de sa famille. On pense qu'il s'est passé quelque chose de grave. On comprend qu'il y a une histoire d'ego, le portrait en creux d'une mère limite abusive, d'un père absent et adoré. J'ai craint un moment une sombre histoire d'inceste mais non, même si leurs rapports sont particulièrement troubles. Alice est cinglée, Louis à peine moins atteint. d'ailleurs la scène avec le neveu s'avère l'une des plus violentes et perturban

Top gun : Maverick de Joseph Kosinski // Spectaculaire //

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Après avoir été l’un des meilleurs pilotes de chasse de la Marine américaine pendant plus de trente ans, Pete "Maverick" Mitchell est devenu pilote d'essai. Il refuse de monter en grade pour continuer à voler. Il est chargé de former un détachement de pilotes à l’école Top Gun pour une mission spéciale particulièrement dangereuse. On ne voit pas passer les deux heures du film grâce à un rythme soutenu qui mêle scènes intimistes ou de groupes - sur fond de rivalités viriles - et cascades aériennes exaltantes. Ces dernières s'avèrent prenantes et bien fichues. D'autant que les acteurs étaient vraiment dans les avions et ont vraiment appris à piloter.  Tom Cruise ne semble pas vieillir et pourtant évoque le temps qui passe, l'obsolescence de la technologie et des êtres et la transmission. Il promène sa nonchalance, son charisme et son sourire ultra-bright entre les avions et la relève. Il pourrait citer Terminator "Vieux, pas obsolète". Quant à la relèv

Coupez ! de Michel Hazanavicius // Original et généreux //

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Un tournage de film de zombies dans un bâtiment désaffecté. Entre techniciens blasés et acteurs pas vraiment concernés, seul le réalisateur semble investi de l’énergie nécessaire pour donner vie à un énième film d'horreur à petit budget. L’irruption d’authentiques morts-vivants va perturber le tournage…  C'est un film en trois parties. La première, en forme de plan séquence, m'a sérieusement décontenancée, la deuxième monte en puissance, la troisième constitue une apothéose. Tout ce qu'on a vu et qui nous a interpelé dans la première partie prend son sens et devient absolument hilarant. Il est question de compromis artistique, de parodie, d'hommage aux films de zombies, aux séries Z, des relations père-fille aussi. Au programme : situations décalées, punchlines aux petits oignons et mise en abyme réussie. J'ai beaucoup aimé découvrir l'envers du décor, les relations entre les membres de l'équipe et la production (flippante Yoshiko Takehara), la débrouill

On sourit pour la photo de François Uzan // Enlevé //

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Thierry passe ses journées à classer ses photos de famille, persuadé que le meilleur est derrière lui. Lorsque Claire, sa femme, lui annonce qu’elle le quitte, il lui propose de refaire « Grèce 98 », leurs meilleures vacances en famille. En tentant de raviver la flamme de son couple, Thierry va mettre le feu à sa famille...  J'avais un a priori négatif concernant ce film, peut-être suite à la déception des Folies fermières. Malgré ne première scène qui ne fait pas dans la dentelle, le film m'a rapidement détrompée. Il est nettement plus drôle qu'attendu, notamment grâce aux dialogues bien troussés et à l'abattage du quatuor de comédiens - Jacques Gamblin, Pascale Arbillot, Pablo Pauly et Agnès Hurstel et de la cinquième roue du carrosse - Ludovik - dont le personnage révèle un meilleur fond que ce que son côté horripilant pouvait laisser croire. Il est autant question du couple que de la famille. On peut reprocher au réalisateur d'avoir laisser passer quelques

Les folies fermières de Jean-Pierre Améris // Humaniste mais pataud //

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David, jeune paysan du Cantal, vient d’avoir une idée : pour sauver son exploitation de la faillite, il va monter un cabaret à la ferme. Il en est sûr, ça ne peut que marcher ! Ses proches, sa mère et surtout son grand-père, sont plus sceptiques.  Ça part d'un bon sentiment et c'est fait avec beaucoup de bienveillance et de tendresse mais sans finesse. Certes, on sourit, et on rit même deux ou trois fois. Cependant, quelques scènes plongent le spectateur dans la gêne, vraiment. Il y avait mieux à faire de cette réunion de paumés plus ou moins artistes qui se retrouvent coincés à la campagne pour créer une revue de cabaret. À commencer par développer les personnages et leurs motivations. Alban Ivanov en fait plutôt moins que d'habitude. Sabrina Ouazani est charmante mais pas tout à fait assez bonne dans les scènes les plus acrobatiques. Michèle Bernier et Bérangère Krief sont égales à elles-mêmes. Philippe Benhamou incarne un transformiste touchant. L'histoire d'am

The duke de Roger Michell // Délicieux //

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En 1961, Kempton Bunton, un chauffeur de taxi sexagénaire, vole le portrait du Duc de Wellington peint par Goya à la National Gallery. Il envoie alors des notes de rançon, menaçant de ne rendre le tableau qu’à condition que le gouvernement rende l’accès à la télévision gratuit pour les personnes âgées.  C'est l'histoire d'un vieil homme farfelu et doté d'une optimisme forcené qui veut aider les autres, même si cela lui amène des ennuis. Cela fait autant partie de sa nature profonde que c'est un moyen de gérer le deuil de sa fille, Marian, alors que sa femme le gère très différemment. Cela aurait pu être un drame mais le ton est joyeux, enlevé. Le film démarre lentement et prend son rythme de croisière -pas très rapide - vers le milieu pour culminer lors de la scène du procès, particulièrement réussie. La reconstitution des années 60 - décors et B.O - est impeccable. Jim Broadbent et Helen Mirren forment un vieux couple complice et attachant autour de Fionn Whiteh

The Northman de Robert Eggers // Inattendu //

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Le prince Amleth vient tout juste de devenir un homme quand son père est assassiné par son oncle qui s'empare alors de la mère du garçon. Amleth fuit son royaume insulaire en jurant de se venger. Deux décennies plus tard, Amleth est devenu un berserkr, un guerrier viking, à qui on rappelle son vœu de vengeance. Je reste perplexe quant à ce film. Trop conceptuel peut-être ? Pas assez mainsteam avec son ambiance sonore bizarre ? J'éprouve des difficultés à identifier ce qui m'a gênée. Passons sur les scènes d'hallucinations chamaniques bien barrées, celle de violence crue et sanglante, et celles très dénudées. Alexander Skarsgard a - minimum - dix ans de trop par rapport à son personnage. J'ai lu que son aspect massif était volontaire mais ça ne lui convient guère. De plus, il joue courbé, comme si Amleth était en permanence accablé par le poids de son destin, et sans beaucoup d'émotion car le prince devenu esclave est soit impassible soit fou furieux. Il s

Le garde du cœur de Françoise Sagan

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J'adore Sagan et sa célèbre petite musique. J'ai déjà lu une vingtaine d'ouvrages, sur une quinzaine ans. En 2015, je suis tombée sur un titre qui ne me disait rien, un petit volume parfait pour le train. Je l'ai relu à la faveur d'un fantastique week-end normand.   Dorothy, une scénariste de 45 ans, séduisante et désabusée, recueille chez elle un étrange jeune homme qui va prendre une place croissante voire envahissante dans sa vie, aux dépens de Paul, son amant. D'avance, veuillez pardonner la longueur de cette partie biographique, je ne pouvais pas faire moins à propos du charmant petit monstre et de sa vie passionnante. Issue d'une famille d'industriels aisés Françoise Sagan (1935 – 2004) écrit Bonjour tristesse , son premier roman, dont elle emprunte le titre à un vers d'Éluard, publié chez Julliard, durant l'été 1953. Son père ne voulant pas que son nom apparaisse, Françoise Quoirez devient Françoise Sagan. Elle obtient l

Ténor de Claude Zidi Jr // Joli //

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Antoine, jeune banlieusard, suivant des études de comptabilité sans conviction et partageant son temps entre les battles de rap et son job de livreur, rencontre Mme Loyseau, professeur de chant, qui détecte chez lui un talent brut à faire éclore.  Pourquoi continue-t-on d'aller voir ce genre de film dont le scénario suit toujours le même chemin ultra balisé et prévisible ? Les autres, je ne sais pas, mais moi parce que c'est toujours une histoire d'émancipation par l'art, que ce soit la danse, la musique, la haute-couture ou, ici, le chant lyrique et que c'est beau. Mohamed Belkhir m'impressionne en beatbox et en lyrique, un peu moins en rap, mais je ne suis pas fan et j'ai du mal à suivre le flow. Il s'avère aussi bon comédien, juste. Certaines des plus belles scènes sont celles où la musique l'émeut ou l'emporte. Michèle Laroque s'en sort bien en prof bonne vivante. Guillaume Duhesme campe un grand frère aussi attachant qu'agaçant. Clas

Doctor Strange in the multiverse of madness de Sam Raimi // Divertissant et prenant //

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Voyagez dans l’inconnu avec Doctor Strange, qui avec l’aide d’anciens et de nouveaux alliés mystiques, traverse les réalités hallucinantes et dangereuses du multivers pour affronter un nouvel adversaire mystérieux. J'avais vraiment beaucoup aimé le premier, le deuxième s'avère un peu en-dessous, bien que très efficace. Le casting est excellent : Benedict Cumberbatch, charismatique en diable, Xochitl Gomez, sympathique bien que son rôle, passif, soit éclipsé par Elizabeth Olsen, géniale. Les effets spéciaux, en revanche, sont inégaux: certains sont magnifiques (les pommiers en fleur, la ville envahie par la végétation, l'escalier au bord de l'eau), d'autres moins réussis (le troisième œil d'une laideur !). Quelques pointes d'humour ponctue le scénario, assez solide malgré quelques incohérences regrettables. Néanmoins, on aurait pu se dispenser de quelques saillies grandiloquentes qui passent peut-être mieux en V.O mais qui ont surtout un effet inverse au but

La ruse de John Madden // Classieux //

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1943. Les Alliés envisagent un débarquement en Sicile. Deux brillants officiers du renseignement britannique, Ewen Montagu et Charles Cholmondeley, sont chargés de mettre au point la plus improbable – et ingénieuse – propagande de guerre… qui s’appuie sur l’existence du cadavre d’un agent secret ! Le scénario est à peine croyable, et pourtant il s'agit d'une histoire vraie plutôt méconnue de la Seconde Guerre mondiale, l'histoire d'une escroquerie aux enjeux dramatiques. Les deux derniers Darcy se rencontrent et c'est assez électrique : Colin Firth et Matthew Macfadyen forment un duo efficace entre collaboration professionnelle entre deux hommes qui se comprennent et rivalité amoureuse. Ils sont secondés avec talent par Penelope Wilton, Kelly Macdonald, Jason Isaacs et Johnny Flynn.  Je regrette le sous-traitement du personnage d'Ivor, surtout que Mark Gatiss aurait pu en faire plus qu'une ombre. L'intrigue tient la route mais s'avère un peu lente, l