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Affichage des articles du avril, 2023

Ma langue au chat de Cécile Telerman / Sympathique /

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La cinquantaine bien entamée, Laure ne supporte plus rien. Le seul être qui trouve grâce à ses yeux, c'est Max, son chat.  Lorsque ses amis de toujours débarquent à la campagne pour fêter l’anniversaire de son mari, Daniel, et que Max le chat disparaît, Laure disjoncte…    Il ne faut pas y aller si on n'apprécie pas les films chorals sur une bande de potes, parce qu'on ne dépasse jamais ce cadre. À partir de la disparition d'un chat, l'écheveau des relation d'une bande d'amis en pleine crise de la cinquantaine se dévide. Entre ménopause, dépression, infidélité, peur de vieillir, maladie (mal amenée et mal traitée), jeunisme, ces quatre couples sont méchamment secoués à coups de dialogues vachards et libérateurs. Prévisible, cette comédie a le charme des retrouvailles entre amis dans une belle maison. Le casting aux petits oignons - y compris le très beau chat - ne s'éloigne malheureusement pas beaucoup de l'image qui colle aux acteurs : Breitman en r

Quand tu seras grand d'Andréa Bescond et Eric Métayer / Humaniste /

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Yannick, aide-soignant dans une maison de retraite, fait face au manque de moyens avec une bonne humeur contagieuse. Mais l'arrivé d'enfants pour partager le réfectoire et leur animatrice, Aude, va bousculer le quotidien de tous et surtout des résidents...  Sous des dehors légers, ce film aussi amusant que grave trait de sujets sérieux, sans trop de bons sentiments, même s'il ne les évite pas : l'abandon de nos vieux dans des maisons de retraite sinistres en sous-effectif, le manque de moyens partout dans les services publics, l'échange intergénérationnel, l'épuisement des aides soignants et leur dévouement. Vincent Macaigne excelle en homme bourru au grand cœur. Il es secondé par Marie Gillain et Carole Franck en femmes au bord de la crise de nerfs et Aissa Maïga en assistante d'éducation vive et chaleureuse. Quelques plans maniérés qui ne font plaisir qu'aux réalisateurs à relever et oublier aussitôt, d'autant que la réalisation ici n'invente r

La vie pour de vrai de Dany Boon / Guimauve indigeste /

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Tridan Lagache a passé sa vie au Club Med. À 50 ans, il démissionne du club mexicain où il est né, bien décidé à retrouver, 42 ans plus tard, son grand amour d’enfance, Violette. Il débarque à Paris, hébergé chez Louis, un demi-frère dont il ignorait l’existence.  Je n’avais pas capté quand j’ai programmé cette séance qu’il s’agissait d’un film de Dany Boon, sinon, j’aurais peut-être fait autrement. L’idée de départ est intéressante, d’ailleurs c’est le pitch qui m’a attirée. Néanmoins le traitement qu’en fait Dany Boon frôle dangereusement la niaiserie en n’utilisant qu’un humour facile, avec des blagues évidentes et manquant cruellement de finesse. Parfois ça fonctionne malgré nous, parfois ça fait plouf. Le personnage de Tridan peut être agaçant tant il est lunaire, benêt, voire stupide, celui de Louis donne envie de le secouer mais celui de Violette, quand il arrive, réveille le film et rafraîchit l’humour. Charlotte Gainsbourg, drôle et audacieuse, amène un regain d’intérêt dans l

La conférence de Matti Geschonneck / Glaçant /

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Au matin du 20 janvier 1942, une quinzaine de dignitaires du IIIe Reich se retrouvent dans une villa cossue à Wannsee, conviés par Reinhard Heydrich à une mystérieuse conférence. Ils en découvrent le motif à la dernière minute : ces représentants de la Waffen SS ou du Parti, fonctionnaires des différents ministères, émissaires des provinces conquises, apprennent qu’ils devront s’être mis d’accord avant midi sur un plan d’élimination du peuple juif, appelé Solution Finale. Inspiré du compte-rendu de la conférence de Wannsee, le film décrit, presque en temps réel et sans musique, la réunion entre hauts-dignitaires nazis qui a assis le pouvoir d’Heydrich et de la SS sur la Solution finale. Entre luttes de pouvoir feutrées et discussions purement administratives, ces messieurs, dont la moitié a un doctorat et campés par un excellent casting, boivent café et cognac dans un décor élégant (belle reconstitution). La théorie d’Arendt sur la banalité du mal s’illustre parfaitement : ces bons pèr

Une histoire d'amour d'Alexis Michalik / Sincère et intense /

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Katia et Justine tombent amoureuses. Malgré la peur de l’engagement et le regard des autres, elles décident de faire un enfant, laissant le hasard décider de qui le portera. Mais alors que Katia tombe enceinte, Justine la quitte soudainement... Transposition réussie d’une pièce du même auteur particulièrement qui utilise le véhicule cinématographique pour multiplier les décors et jouer avec la lumière. C’est une histoire simple : deux femmes s’aiment, puis la vie… C’est aussi l’histoire d’un frère et d’une sœur, fracassés par une enfance difficile, s’aimant malgré leurs défauts, toujours prêts à se vanner. C’est simple et incroyablement efficace. Fort et émouvant, notamment grâce au trio d’acteurs complice, investi et attachant - Juliette Delacroix, Marica Soyer et Alexis Michalik. Léontine D’Oncieu de la Batie joue bien mais semble trop âgée pour le rôle.   On suit quinze ans de la vie des personnages avec des ellipses judicieuses. Ici le bonheur n’est pas ennuyeux, il est drôle et pa

Donjons et dragons l'honneur des voleurs de Jonathan Goldstein (XII) et John Francis Daley / un produit standardisé /

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Un voleur beau gosse, une bande d'aventuriers improbables entreprennent un casse épique pour récupérer une relique perdue. Les choses tournent mal lorsqu'ils s'attirent les foudres des mauvaises personnes. Les précédentes adaptations constituaient des catastrophes industrielles aux effets spéciaux ratés. Ici, on se trouve face à un film ultra formaté aux effets spéciaux corrects. Le reste du film est à l’envie, pas génial mais correct. Ce n’est pas assez fou ou pas assez sérieux et ça manque cruellement d’épaisseur. Cet entre-deux de la comédie d’action se révèle bien trop tiède et vire parfois au grand n’importe quoi, comme le dragon, assez misérable. On ne s’ennuie pas mais tout est oublié dès la sortie de la salle. Chris Pine fait le job, toutefois il est meilleur dans les rôles dramatiques. Michelle Rodriguez joue les bad ass de service, comme d’habitude. Sophia Lillis amène un peu de fraîcheur, à suivre. Quant à Régé Jean Page, il est horripilant. Il joue bien ou est-c

Suzume de Makoto Shinkai / Drôle et touchant /

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Une jeune fille de 17 ans, Suzume, rencontre un homme qui dit voyager à la recherche d’une porte. Décidant de le suivre dans les montagnes, elle découvre une porte délabrée trônant au milieu des ruines...  Ok, le pitch de départ est un peu barré mais tout est amené de façon naturelle ou marrante. Souvent drôle, le scénario déroule tambour battant et sans s’embarrasser de vraisemblance superflue les aventures un peu loufoques d’une lycéenne et d’un type transformé en chaise bancale par un chat jaloux. Derrière le caractère cocasse se cache les sujets du deuil et des tremblements de terre et pointe une mélancolie sourde et poétique, celle des lieux abandonnés. L’héroïne naïve et courageuse est attachante malgré sa tendance à l’hystérie vocale. Le chat est effectivement kawaï quoique terriblement capricieux et un poil psychopathe. L’animation n’atteint ni la beauté poétique, ni la qualité d’un Miyazaki (ma référence en la matière) mais s’avère satisfaisante : vivante, colorée, fluide. Une

Les trois mousquetaires : D'Artagnan de Martin Bourboulon / Fade /

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Du Louvre au Palais de Buckingham, des bas-fonds de Paris au siège de La Rochelle… dans un Royaume divisé par les guerres de religion et menacé d’invasion par l’Angleterre, une poignée d’hommes et de femmes vont croiser leurs épées et lier leur destin à celui de la France.  Pour son film, Bourboulon s’appuie beaucoup sur son cadre, notamment ses costumes magnifiques et ses décors naturels, et son casting, au demeurant plutôt bon mais pas nécessairement à son meilleur, de François Civil en jeune premier chahuteur à la vénéneuse Eva Green, en passant par Vincent Cassel, Romain Duris, Pio Marmaï, Louis Garrel, Lyna Khoudri, Eric Ruf ou Vicky Krieps. Concernant cette dernière, je regrette le choix d’une actrice germanophone pour camper un personnage espagnol. Le scénario respecte l’intrigue globale du roman, en prenant des libertés. Cela dit, comme le roman prend de grandes libertés avec l’Histoire… Il développe un humour très actuel, qui enlève un peu à l’ambiance film historique à l’esth

De grandes espérances de Sylvain Desclous / Acide /

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Madeleine, brillante et idéaliste jeune femme issue d'un milieu modeste, prépare l'oral de l'ENA dans la maison de vacances d'Antoine, en Corse. Un matin, le couple se trouve impliqué dans une altercation qui tourne au drame. Lorsqu'ils intègrent les hautes sphères du pouvoir, le secret qui les lie menace d'être révélé. Ce n’est pas le thriller politique que l’on m’avait dit. Il a un côté nettement plus social car peu à peu, en même temps qu’une atmosphère tendue, parfois un peu forcée par la musique, s’installe, la lutte des classes se profile. Rebecca Marder, en femme politique en devenir et Benjamin Lavernhe, faux réformateur et vrai conformiste, sont excellents, de même que Emmanuelle Bercot en politicienne engagée et Marc Barbé en père en quête de rédemption filiale. Le scénario est intéressant mais s’éparpille entre engagement social, dénonciation du milieu politique, modèle économique, lutte des classes, reproduction sociale et fait divers. La fin justifi

Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry / Intéressant /

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Depuis 2014, en France, la Justice Restaurative propose à des personnes victimes et auteurs d’infraction de dialoguer, encadrés par des professionnels et des bénévoles, comme Judith, Fanny ou Michel. Nassim, Issa, et Thomas, condamnés pour vols avec violence, Grégoire, Nawelle et Sabine, victimes des mêmes infractions, mais aussi Chloé, victime de viols incestueux, s’engagent sur cette voie.  J'avais beaucoup aimé Pupille de la même réalisatrice et le sujet m'intéresse de par les nombreuses ambivalences qu'il contient. Or, ici, le traitement formel m'a déçue. Le film commence lentement, on ne sait presque rien de la vie des protagonistes en dehors de leur démarche, ce qui limite l'épaisseur des personnages. Pour éviter la dispersion, il fallait faire un choix et raconter l'histoire du groupe, ou celui de Chloé. De surcroît on assiste à une succession de scènes parfois sans lien et toujours sans transition. La mise en scène aride flirte avec le documentaire a