Mes 5 tops 2020

D'habitude, j'en ai trop, je dois opérer des choix, mais là, j'en ai peu, la faute aux confinements. Des 56 films vus en 2020, j'ai sélectionné mes 5 favoris.

 

Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part d'Arnaud Viard // Beau et émouvant //

25 janvier 2020

 

Dans la maison familiale à la fin de l’été, Aurore fête ses 70 ans, entourée de ses 4 enfants : Jean-Pierre, l’aîné, qui a endossé le rôle de chef de famille après la mort de son père, Juliette, enceinte de son premier enfant à 40 ans et qui rêve encore de devenir écrivain, Margaux, l’artiste radicale, et Mathieu, 30 ans, angoissé de séduire la jolie Sarah.

 

On veut tous que quelqu'un nous attende quelque part. Et c'est peut-être pour ça que ce mélo fonctionne si bien. Faut-il quitter sa famille pour devenir adulte ? Peut-on la porter à bout de bras sans en subir les conséquences ? Voilà certaines des questions que ce film pudique pose. Je ne sais pas ce que valent les nouvelles mais leur adaptation émeut. Cette famille ressemble à la nôtre : ils s'aiment, ils s'engueulent, ils s'en veulent, ils reviennent... Jean-Paul Rouve, magnifique, a ce formidable talent de donner au spectateur l'impression de faire partie de sa famille. Le reste du casting est impeccable, d'une belle justesse, notamment Alice Taglioni, Elsa Zylberstein et Benjamin Lavernhe. Le scénario, qui aurait pu être plus approfondi, présente un moment charnière de leurs vies et réussit à toucher. Le réalisateur pose un regard tendre sur ses personnages et le communique au spectateur, sans négliger l'aspect esthétique grâce à une belle photographie. On en ressort mélancolique mais aussi boosté. Il faut vivre ses rêves, non ?

 

8,5/10

 

Été 85 de François Ozon // Réussi //

16 juillet 2020

 

L’été de ses 16 ans, Alexis, lors d’une sortie en mer sur la côte normande, est sauvé du naufrage par David, 18 ans. Alexis vient de rencontrer l’ami de ses rêves. Mais le rêve durera-t-il plus qu'un été ? L’été 85...

 

Ayant vu la bande annonce, je craignais qu'Ozon ait choisi une image avec beaucoup de grain pour "faire" années 80. Heureusement, le grain s'estompe très vite au profit d'une reconstitution sobre. Certaines scènes sont imparfaites, la voix off peut agacer, contrairement à la B.O, réussie. Félix Lefebvre et Benjamin Voisin, charismatique et trouble, campent un duo sensuel et libre, épaulés par la charmante Philippine Velge. Quant aux adultes, Valeria Bruni Tedeschi joue une mère extravagante, tandis qu'Isabelle Nanty émeut par son interprétation pudique d'une mère qui ne l'est pas moins. Melvil Poupaud, ambigu, et Laurent Fernandez, monolithique, s'offrent un rôle plus subtil qu'il en a l'air. Sensuel, émouvant, souvent drôle parce que cruel, tendu, le film évoque sans fausse pudeur ni vulgarité la découverte de soi, l'amitié, la passion, forcément violente, l'amour – le premier et les autres, l'écriture, la mort. S'invente-t-on les gens qu'on aime ? Vaste question.

 

8,5/10

Les traducteurs de Régis Roinsard // Palpitant //

30 janvier 2020

 

Isolés dans un luxueux bunker sans contact avec l'extérieur, neuf traducteurs sont rassemblés pour traduire le dernier tome d'un des plus grands succès de la littérature mondiale. Mais lorsque les dix premières pages du roman sont publiées sur internet et qu'un pirate menace de dévoiler la suite si on ne lui verse pas une rançon colossale, une question devient obsédante : d'où vient la fuite ?

 

Ce film, c'est du grand art, un brillant exercice de manipulation, un jubilatoire jeu de poupées russes orchestré de main de maître. Ce thriller littéraire, tendu, prenant, ose la carte du mystère à fond, sans délaisser l'humour, et ne prend pas le spectateur pour un imbécile à qui il faut tout expliquer en le prenant par la main. Certaines pistes envisagées se sont révélées vraies, mais seulement après que je les ai écartées. Ce n'est pas toujours parfaitement crédible mais ça s'emboîte si bien, c'est si malin que je me laisse prendre. J'avais oublié combien Lambert Wilson campe bien les salauds : glacial, brutal, égoïste, un homme d'argent au milieu des créatifs, un homme qui vend des livres au lieu de les aimer. Le reste du casting est formidable, de la douce Sara Giraudeau à Riccardo Scamarcio en lèche-bottes, en passant par Olga Kurylenko, Sidse Babett Knudsen, Alex Lawther, Anna Maria Sturm, Frédéric Chau ou Manolis Mavromatakis. La direction d'acteurs est peut-être un peu trop théâtrale mais on pardonne cet écueil face ce huis clos à l'atmosphère réussie. Ici il est question de création littéraire, mais aussi de traduction, art peu abordé et pourtant passionnant parce que fondamental, ainsi que de la relation du lecteur à l'œuvre. La scène la plus violente n'est d'ailleurs sans doute pas celle que l'on croit, il s'agit de celle où un auteur est anéanti en un simple geste. Ambitieux.

 

9/10

Une sirène à Paris de Mathias Malzieu // Délicieusement poétique //

26 juin 2020

 

Crooner au cœur brisé, Gaspard s’est juré de ne plus retomber amoureux. Un soir, au pied du Flowerburger, la péniche-cabaret où il chante, il découvre Lula, jolie sirène qui fait s'emballer le cœur des hommes jusqu’à l’explosion.

 

J'ai un souvenir en demi-teinte de Jack et la mécanique du cœur, aussi je n'étais pas très enthousiaste à la sortie du film. Une question d'horaire et me voilà – enfin ! – au cinéma.

Après un générique animé qui donne le ton, le réalisateur nous fait pénétrer dans son Paris merveilleux, hors du temps, foisonnant, plein de mélancolie joyeuse et de poésie. Malzieu compose aussi la B.O et, de même qu'il développe de nouveau le thème du cœur brisé, il répète certains rythmes pour immerger le spectateur dans son monde teinté d'humour. Si le scénario penche parfois du côté de La forme de l'eau, le film compense les moindres moyens par une folle inventivité, et surtout de vrais décors sans numérique. Un brin superficiel, il assume son premier degré, une forme de naïveté charmante. Nicolas Duvauchelle, séduisant et attendrissant, forme un couple complice avec la très belle Marilyn Lima. Ils sont secondés par Rossy de Palma, un peu dingue et terriblement sympathique et Tchéky Karyo, le passeur d'histoire prêt à se retirer du jeu. Sans oublier le très bon jeu de Johnny Cash, le chat. Malgré quelques maladresses, ce conte fantastique très swing emporte le morceau avec son onirisme plein d'espoir. Ça donne envie de lire le livre éponyme.

Ce film bénéficie-t-il de l'effet premier cinéma post-confinement ? Peut-être. Mais c'est merveilleux de recommencer comme ça !

 

9/10

The gentlemen de Guy Ritchie // Virtuose //

8 février 2020

 

Quand Mickey Pearson, baron de la drogue à Londres, laisse entendre qu’il pourrait se retirer du marché, il déclenche une guerre explosive : la capitale anglaise devient le théâtre de tous les chantages, complots, trahisons…

 

Guy Ritchie n'est jamais aussi bon que lorsqu'il raconte une histoire de voyous londoniens. Tout est réfléchi, à la fois élégant et violent, et surtout brillant. Les décors alternent sublimes demeures et quartiers sordides, tandis que les scènes alternent dialogues réjouissants (parfois un peu limite quand même) et bastons bien burnées, le tout sur un scénario délicieusement retors sur fond de concours de vous-voyez-ce-que-je-veux-dire. Les acteurs sont fantastiques, de Matthew McConaughey à Charlie Hunnam, en passant par Michelle Dockery, Jeremy Strong et Hugh Grant. La B.O est parfaite et les costumes magnifiques, du costard à gilet croisé de Hunnam aux stilettos de Dockery. Les seconds rôles, bien plantés, offrent des acolytes de première catégorie et des méchants réjouissants, trop arrogants ou trop souriants, sans oublier les gros bras très polis. Une scène du début, tournée caméra à l'épaule, donne la nausée, heureusement, ça ne dure pas. Quand les gangsters s'embourgeoisent, ils boivent du thé ; dieu merci ils ne remisent pas les flingues. C'est généreux, malin, gourmand, on en redemande. Ça sent la suite et je m'en réjouis. Miam.

 

9,5/10


 

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