Billie Holiday, une affaire d'État de Lee Daniels // Assez planant malgré ses défauts //
En 1939, Billie Holiday est déjà une vedette du jazz new-yorkais quand elle entonne « Strange Fruit », un vibrant réquisitoire contre le racisme qui se démarque de son répertoire habituel. La chanson déchaîne aussitôt la controverse, et le gouvernement lui intime de cesser de la chanter. Billie refuse. Elle devient dès lors une cible à abattre.
Le synopsis s'avère réducteur après visionnage du film. En effet, certes cette chanson dérange les autorités, cependant, la chanteuse est aussi une grosse consommatrice de stupéfiants et je ne suis pas certaine qu'il ait été utile de cacher de la drogue sur elle, vu qu'elle planait assez souvent. D'ailleurs, elle est aussi agaçante qu'attachante, paumée, abîmée par les traumatismes et les excès, incarnée avec brio par Andra Day qui assure aussi le chant. Cette performance, pour un premier rôle, impressionne. Autant que la capacité de fascination exercée par Billie Holiday, ne vivant vraiment que sur scène, qui parvient à réunir Noirs et Blancs, swinguant épaule contre épaule à une époque où la mixité n'existait pas. Daniels semble lui-même fasciné, tant par son sujet que par son actrice, au point d'en oublier le reste, que ce soit les personnages secondaires, sacrifiés au soleil noir Lady Day, ou la brillante carrière musicale de celle-ci, finalement peu évoquée. Si les costumes et la B.O sont très réussis, la photographie et les choix de cadrages peuvent parfois être déstabilisants : trop gros plan, trop de grain. Concernant le scénario, je ne peux me défaire de l'impression qu'il exploite mal son thème, qu'il prend trop de libertés avec une histoire pourtant suffisamment hors norme. Cependant, l'ambiance jazzy de l'après-guerre achève de convaincre.
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