Mes 7 tops 2021
Le discours de Laurent Tirard // Jubilatoire et inventif //
9 juin 2021
Adrien est coincé à un dîner de famille ennuyeux alors qu'il attend que Sonia réponde à son sms, et mette fin à la pause qu’elle lui fait subir depuis un mois. Et voilà que son futur beau-frère lui demande de faire un discours au mariage… L’angoisse d’Adrien vire à la panique.
Adrien, grand garçon maladroit à l'humour corrosif et à la fantaisie débordante, passe la soirée à penser à ses relations avec Sonia et sa famille tout en imaginant les différents discours qu'il pourrait prononcer. Et c'est hilarant, tout en décortiquant intelligemment et finement les relations familiales et amoureuses. On attend avec impatience les saillies drolatiques de ce personnage saisissant d'imperfections humaines qui s'adresse directement au spectateur, autant qu'à lui-même. Benjamin Lavernhe fait merveille, il est touchant dans ce rôle attachant. En revanche, pendant le film, j'espérais fort que Sonia ne réponde pas ; je n'apprécie pas particulièrement Sara Giraudeau, sa voix et son phrasé me crispent. Quant au reste du casting, il est impeccable. Le format de cette adaptation d'un roman de Fabcaro, inventif dans la forme sinon sur le fond, change des comédies françaises habituelles grâce à ce faux huis clos malin, très théâtral mais jamais lassant.
9/10
Sans un bruit 2 de John Krasinski // Intense //
19 juin 2021
Après les événements mortels survenus dans sa maison, la famille Abbot doit faire face au danger du monde extérieur. Pour survivre, ils doivent se battre en silence. Forcés à s’aventurer en terrain inconnu, ils réalisent que les créatures qui attaquent au moindre son ne sont pas la seule menace qui se dresse sur leur chemin.
Trois ans après le premier opus, on reprend exactement là où on s'était arrêté après l'introduction d'un personnage au premier jour du débarquement des redoutables créatures à l'affût du moindre bruit. Leur design n'a évidemment pas changé, il est toujours aussi fun, inventif et impressionnant. La musique fait son effet, autant que son absence, maîtrisée ; après le film, chaque mouvement m'a paru incroyablement bruyant. Cillian Murphy, magnétique malgré la barbe qui lui mange les joues et la crasse dont il est recouvert, incarne avec brio un homme devenu solitaire qui a peur de s'attacher. Emily Blunt campe impeccablement une mère déterminée et tendre, notamment face à Millicent Simmonds, excellente. L'émotion, présente mais sobre, ne diminue en rien la tension qui marque ce thriller horrifique un brin prévisible à l'atmosphère nerveuse. Le montage serré en 1h30 permet de ne jamais perdre le rythme. Cette suite réussie est d'une redoutable efficacité.
9/10
Bac Nord de Cédric Jimenez // Intense //
20 août 2021
2012. Les quartiers Nord de Marseille détiennent le record du taux de criminalité le plus élevé de France. Poussée par sa hiérarchie, la BAC Nord, brigade de terrain, cherche à améliorer ses résultats. Les flics adaptent leurs méthodes, franchissant parfois la ligne jaune. Jusqu'au jour où le système judiciaire se retourne contre eux…
Ce polar nerveux et maîtrisé scotche le spectateur sur son siège et ne relâche jamais la pression. La tension ne redescend jamais tandis que le scénario, bien fichu, nous balade entre différentes émotions : angoisse, colère, attendrissement, impuissance, compassion... Certaines scènes, virtuoses, sont incroyables de réalisme et de dureté, d'autres plus solaires, font sourire, toutes dopées par une excellente B.O. On navigue d'abord entre course-poursuite, négociations musclées et siège d'une cité, puis entre interrogatoires douloureux et chute vertigineuse. A peine ai-je parfois noté une petite faiblesse dans les dialogues et la totale banalisation des insultes comme mode de communication. La réussite du film tient aussi à son trio d'acteurs : Gilles Lellouche, solide et émouvant, François Civil, incandescent, et Karim Leklou, sobre. On ne peut s'empêcher de s'attacher à ces cowboys modernes qui galopent vers la catastrophe.
9/10
De son vivant d'Emmanuelle Bercot // Émouvant //
4 décembre 2021
Benjamin découvre que son cancer est incurable. Il essaie de continuer à vivre, avec l'aide de sa mère. Une année, quatre saisons, pour danser avec la maladie, l’apprivoiser, et comprendre ce que ça signifie : mourir de son vivant.
Ma plus grande crainte en allant à cette séance : me retrouver devant un drame lacrymal sans finesse uniquement destiné à faire pleurer dans les chaumières. Heureusement il n'en est rien. Bercot laisse beaucoup de place aux silences, elle filme avec pudeur le chagrin forcément égoïste d'une mère, le profond désarroi d'un homme qui se sent mourir, l'incertitude d'un fils, l'empathie d'un médecin. Benoît Magimel, d'une grande intensité, montre toute l'étendue de son talent face à une Catherine Deneuve impeccable. Cécile de France se fait discrète tout en étant là. Quant au professeur Sara, il n'a pas de mal à jouer le médecin qu'il est, d'autant qu'une bonne part de sa propre philosophie, chaleureuse et humaniste, irrigue le scénario. L'émotion traverse le film mais pas seulement dans les scènes d'hôpital, aussi dans celles de théâtre, poignantes. Certes, il ne s'agit pas d'un film réaliste, ni sur l'état de l'hôpital, ni sur les ravages de la maladie sur le corps. Pourtant, le parti pris de la lumière, et quelque part, de la vie, emporte l'adhésion.
9/10
Matrix resurrections de Lana Wachowski // Aussi ludique que brillant //
28 décembre 2021
Pour savoir avec certitude si sa réalité propre est une construction physique ou mentale, et pour véritablement se connaître lui-même, M. Anderson devra de nouveau suivre le lapin blanc.
J'ai récemment revu le premier opus, ce qui m'a permis de me remettre dans le bain car si j'ai vu la trilogie au cinéma, je ne me souvenais plus de grande chose sinon de ce qui est resté dans la culture populaire.
Ce quatrième opus comprend de nombreuses auto-références bien pensées, bien pratiques quand on ne se souvient pas de tout, du coup, le spectateur n'est jamais perdu malgré les ajouts technologiques, les modifications et les nouveaux personnages. Je ne nie pas qu'un deuxième visionnage puisse avoir son utilité pour saisir toutes les subtilités, notamment les références à la pop culture (Dernier Train pour Busan par exemple). Toujours métaphysique dans son propos, Matrix se double cette fois d'un questionnement sur lui-même et son propre impact. Et c'est brillant ! D'autant que la critique est acerbe et ne nous épargne pas en tant que consommateur. On retrouve avec plaisir Keanu Reeves et Carrie-Anne Moss, vieillis mais toujours au top face aux nouveaux venus, Jessica Henwick et Neil Patrick Harris en tête. Les effets spéciaux et les chorégraphies sont impeccables, la B.O un rien démonstrative dans une scène ou deux. Bon les agents ratent une vache dans un couloir à bout quasi touchant au début, et ça m'a un peu agacée de la part de la réalisatrice qui aurait dû trouver autre chose. Certains combats sont un peu confus mais l'ensemble visuel reste magistral. Et quand vient le recul, vient aussi l'auto-dérision de l'auteur sur sa propre œuvre. Fascinant.
9/10
Dune - Partie I de Denis Villeneuve // Brillant et spectaculaire //
18 septembre 2021
Les Atréides, l'une des grandes Maisons, doivent rejoindre Arrakis, la planète désertique sur laquelle on récolte le précieux Épice. Les intrigues sont nombreuses et la chute programmée.
J'ai lu les quatre premiers romans du cycle de Dune il y a de nombreuses années, il ne m'en reste que les grandes lignes. Le film est déjà réussi en ce qu'il me donne envie de les relire.
D'abord, ce qui frappe, c'est la beauté visuelle du film. La photographie est soignée et les décors naturels. Peu de numérique et ça se voit ! L'immersion est totale dans cet univers foisonnant doté d'une bande-son qui s'intègre parfaitement à l'intrigue et aux décors. Le casting est incroyable, particulièrement Timothée Chalamet et Rebecca Ferguson, éblouissants et excellemment secondés, notamment par Oscar Isaac, Jason Momoa, Josh Brolin et Stellan Skarsgard. La première partie met peut-être un peu trop longtemps à s'installer, cependant cela permet à la tension de monter crescendo et le spectateur ne s'ennuie jamais, hypnotisé par l'onirisme des images. En plus de mettre en place intrigues politico-économiques et récit initiatique, le film évoque colonialisme et écologie, sans surcharge. Le scénario, tiré d'une œuvre forte, a le mérite de rester lisible malgré sa densité. Spectaculaire, le film atteint son ambition.
9,5/10
Kaamelott - 1er volet d'Alexandre Astier // Un exploit //
20 juillet 2021
Le tyrannique Lancelot-du-Lac et ses mercenaires saxons font régner la terreur sur le royaume de Logres. Les Dieux, insultés par cette cruelle dictature, provoquent le retour d'Arthur Pendragon et l'avènement de la résistance. Arthur parviendra-t-il à fédérer les clans rebelles, renverser son rival, reprendre Kaamelott et restaurer la paix sur l'île de Bretagne ?
Les affiches, déjà, me font mourir de rire !
J'avais très peur qu'Alexandre Astier ne puisse pas insérer l'esprit comique mordant du format court sur la durée d'un film. Dieu merci ce type est un génie et il y est parvenu, notamment grâce à un montage très découpé qui peut surprendre mais qui s'avère payant. Évacuons rapidement les quelques reproches à faire. Les flashbacks n'ont pas d'intérêt remarquable et utilisent du temps qui aurait pu servir à autre chose, notamment à développer certaines retrouvailles passées un peu vite et certaines personnages qui ne font qu'un passage éclair. Il faut reconnaître un début un tout petit peu lent – quoique très drôle, parce qu'on attend très impatiemment l'arrivée d'Arthur et que le réalisateur joue le teasing. Astier ne pouvait pas satisfaire à absolument toutes les attentes en deux heures, c'était impossible.
Cela mis à part, ce film est une merveille ! Avant tout, il est drôle, hilarant même. On retrouve les punchlines improbables, l'ironie mordante, et les situations à la fois pathétiques et poétiques, truffées de références et de clins d'œil. Le casting est au rendez-vous, on retrouve avec un immense plaisir les personnages connus qu'on adore (ah ! Perceval et son attendrissant air ahuri, Guenièvre de plus en plus battante, le doux duc d'Aquitaine, Mevanwi, la garce qu'on aime détester, le délicieusement froussard Bohort et sa passion pour les fruits, etc... - la liste est très longue - et bien sûr Arthur, roi dépressif animé du sens de la quête et du devoir, doté d'une dérision et d'une auto-dérision à toute épreuve), on en découvre de nouveaux. Les Saxons sont très intéressants et bien interprétés. Évidemment la B.O, ultra soignée et écrite par l'auteur-réalisateur, accompagne parfaitement l'image qui profite du budget et du format pour multiplier les paysages grandioses, les scènes en extérieur et les costumes superlatifs. Certaines scènes sont géniales d'humour (le jeu gallois, toujours aussi incompréhensible) ou de souffle (le siège). L'intelligence de l'agencement et le côté savoureux des dialogues, mêlés à la beauté des plans, en fait une vraie réussite. Alexandre Astier réussit à combiner action, émotion et humour dévastateur.
Un pur bonheur, vivement les deux autres volets ! J'ai bien envie d'y retourner pour apprécier les détails qui m'ont échappés.
Je confirme l'exploit à la seconde séance. On remarque de nouveaux détails hilarants ou impressionnants de maîtrise. Une merveille !
9,5/10
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