Mes 15 tops 2016
Cette année, sur 94 films (sauf erreur de ma part), 4 films exceptionnels et 11 films excellents. A noter que plusieurs d'entre eux sont des adaptations de romans.
Brooklyn
//Émouvant et juste //
12 mars 2016
Dans les
années 50, Eilis Lacey quitte l’Irlande et sa famille pour tenter
sa chance à New York. Sa rencontre avec un jeune homme lui fait
oublier le mal du pays qui la dévore... Son retour en Irlande
l’écartèle entre deux pays et entre deux hommes.
J'ai
immédiatement fait le rapprochement avec The immigrant en 2013 dont
le thème était proche. Là où le film de James Gray était
formellement beau mais froid et sombre, John Crowley offre un film
solaire et lumineux. Il regarde ses acteurs et particulièrement ses
actrices, avec beaucoup de tendresse. Les personnages sont très
attachants, notamment grâce à leurs interprètes. Saoirse Ronan
campe une jeune femme gentille et raisonnable mais pas ennuyeuse pour
autant. Son visage est très expressif et sa palette d'expression
riche et nuancée. Emory Cohen et Domhnall Gleeson jouent les deux
prétendants sympathiques, charmants... de quoi vous faire hésiter
en effet. Julie Walters, Jim Broadbent et Fiona Glascott complètent
ce casting élégant. La reconstitution est belle et soignée mais
j'ai remarqué une incrustation assez moche sur le bateau, dommage.
Le film est traversé par de grands courants d'amours, notamment
entre Eilis et sa sœur, Rose, qui échangent de très belles
lettres. Il y a peu de péripéties, pourtant on ne s'ennuie pas une
seconde dans ce beau mélo émouvant qui évoque l'exil, la distance,
le passage à l'âge adulte, les choix et bien sûr l'amour. Je dis
mélo mais le film sait rester sobre. Je reconnais que j'ai eu la
larme à l'œil, c'est justement parce que ni les acteurs ni les
dialogues n'en font trop. L'intrigue est prévisible, quoi que le
choix final reste incertain jusqu'à ce qu'Eilis le fasse. Bref, le
film est élégant, tendre et lumineux, une réussite.
9/10
J'ai le souvenir d'un jolie film émouvant, un bon début d'année.
Alice
de l’autre côté du miroir // Truculent //
4 juin 2016
Absolem
ramène Alice, qui revient de trois ans de voyage autour du monde, au
Pays des Merveilles où la Chapelier dépérit dans le souvenir de sa
famille perdue. Alice part alors dans le passé après avoir volé
quelque chose au Temps.
Tim Burton
produit mais laisse la main en matière de réalisation à James
Bobin. Rythmé, le film est plein de fantaisie, souvent amusant,
moins sombre (moins Burton) que le premier (plus Disney).
L'esthétique du film, tantôt pop et coloré, tantôt kitsch, tantôt
sombre et steampunk. Le palais du Temps, chef d'œuvre d'horlogerie
mécanique, est sublime. Les effets spéciaux, fluides, rendent
impeccablement l'univers d'Alice. Celle-ci, que l'on avait laissée
jeune fille en rébellion, évolue vers plus de maturité, entre
féminisme, grosse bêtise sentimentale et famille. Mia Wasikowska
lui donne plus de profondeur que dans le premier. Johnny Depp évite
le cabotinage et conserve son caractère attachant. Helena
Bonham-Carter et Anne Hathaway campent les reines ennemies avec
talent. Sacha Baron Cohen, impérial, joue le Temps, personnage
fantasque et mégalo mais néanmoins attachant et bien moins
manichéen qu'il n'y paraît au premier abord. Les personnages
secondaires sont sacrifiés au profit d'un recentrage sur une Alice
plus sûre d'elle, plus déterminée. C'est à peine si on regrette
l'assaut de bons sentiments dans la troisième partie dû à une
intrigue un peu simple et le manque de non-sens cher à Lewis
Carroll. J'ai adoré me plonger dans la jeunesse des personnages du
Pays des Merveilles, d'autant que les clins d'œil sont nombreux. Un
divertissement efficace et truculent qui mérite un deuxième
visionnage.
9/10
Presque mieux que le premier, presque plus dingue. Et le personnage du Temps, une merveille !
Miss
you already // Drôle et émouvant //
19 juin 2016
Milly et
Jess sont deux meilleures amies inséparables depuis l’enfance.
Alors que Milly se voit diagnostiquer un cancer, Jess essaie d'avoir
un enfant...
Miss you
already, le titre anglais est bien plus juste. C'est l'histoire de
deux vraies amies qui font fassent à leurs propres difficultés :
l'une ne parvient pas à tomber enceinte, l'autre se voit
diagnostiquer un cancer du sein. Catherine Hardwicke propose une
peinture crue, parfois cruelle, mais toujours juste de la maladie et
de l'enfantement. Certes classique, parfois un peu outré, son film
émeut et amuse malgré une qualité d'image un peu désagréable à
deux ou trois reprises. Drew Barrymore et Tony Colette, complices,
livrent une prestation d'une grande justesse et d'une belle sobriété.
elles sont épatantes, tout comme Dominic Cooper et Paddy Considine.
Jacqueline Bisset est géniale en mère indigne qui essaie de se
rattraper comme elle peut. Tyson Ritter est à tomber. Tous les
personnages, imparfaits, sont intelligents. On pourrait croire que le
film est larmoyant, et, de fait, on pleure, beaucoup. Parce que c'est
triste, beau et triste. Mais le film n'est pas larmoyant, il est
drôle, très drôle. Les deux amies sont sérieusement déjantées,
leurs répliques sont hilarantes. Certaines situations, cocasses,
allègent celles qui sont dramatiques. Au-delà, peut-on se comporter
comme une garce soit prétexte qu'on est malade et qu'on a peur de
mourir ? A quel point peut-on mettre sa propre vie entre parenthèses
parce qu'on aime quelqu'un qui a besoin de nous ? Et comment sauver
son couple quand sa féminité se fait la malle ? En tout cas Miss
you already prouve une chose : il faut rire dans les moments
difficiles, parce qu'il n'y a parfois rien d'autre à faire.
9/10
PS : Je
trouve la critique du Nouvel Observateur injuste et limite misogyne.
J'ai un peu sur-noté le film mais
il est vraiment émouvant et sincère.
Le
monde de Dory // poétique et drôle //
26 juin 2016
Dory, le
poisson chirurgien bleu, avec un trouble de la mémoire immédiate,
tente de retrouver ses parents avec l'aide de ses amis Nemo et Marin.
Pourra-t-elle retrouver ses souvenirs ? Qui sont ses parents ? Et où
a-t-elle bien pu apprendre à parler la langue des baleines ?
J'adore Le
monde de Nemo. Et j'adore Dory. Alors en savoir plus sur Dory,
c'était immanquable. Nage droit d'vant toi... Le schéma général
est calqué sur l'opus précédent -donc exit la surprise- mais
l'histoire est suffisamment différente pour provoquer l'intérêt.
Émaillé d'humour efficace, ce film d'animation énergique est plein
de rebondissements, frôlant parfois la suractivité. L'animation
soignée de Disney-Pixar donne à ces créatures, dans une belle
explosion de couleurs, des expressions humaines attendrissantes (bébé
Dory, trop chou). On retrouve des personnages connus avec plaisir, on
en découvre de nouveaux avec curiosité, tous sont attachants et
bien doublés, et parmi les nouveaux, Hank la pieuvre caméléon et
Destinée le requin-baleine en particulier. Le film parvient à être
émouvant tout en dénonçant sans lourdeur l'état de nos
magnifiques fonds marins et à parler de handicap et de peur de
l'abandon sans être gnangnan. Le générique de fin chanté par Sia,
nouveau clin d'œil à Dory, est top. Je craignais un peu une suite
gadget juste pour les recettes mais Le monde de Dory est un
divertissement poétique et généreux. Attention toutefois, si un
nouveau personnage devait être développé, il faudra trouver un
nouveau filon : j'ai gardé mon âme d'enfant mais mon esprit
critique n'est jamais loin.
9/10
Imparfait mais si drôle, si mignon, si poétique.
Frantz
// Superbe //
8 septembre
2016
En 1919,
dans une petite ville allemande, Anna se rend tous les jours sur la
tombe de son fiancé, Frantz, mort sur le front en France. Mais ce
jour-là, un jeune Français, Adrien, est venu se recueillir sur la
tombe de son ami allemand.
Un film en
noir et blanc en 2016. Pourquoi pas. Surtout quand la couleur, rare,
exprime l'intensité de l'instant. Surtout quand le noir et blanc est
soutenu par une lumière superbe. Dès le début, on flaire un truc
qui ne colle pas dans le comportement d'Adrien. J'ai imaginé deux
scénarios, l'un s'est révélé à moitié vrai. Donc, le scénario
est un peu prévisible mais les suites données à la révélation,
elles, ne le sont pas. C'est l'histoire d'une reconstruction intime
après une guerre qui n'a pas blessé que des soldats. Il y a les
parents dévastés de chagrin, la fiancée qui a arrêté de vivre
(d'où le noir et blanc je suppose), le soldat qui a combattu et qui
souffre de séquelles psychologiques, ses parents qui ont peu pour
son avenir. Il est question de deuil, d'amour, de pudeur, de
pacifisme. Frantz est un film subtile, émouvant, élégant, qui ne
néglige pas quelques touches d'humour léger. Pierre Niney, gracile,
déploie son charme et son immense palette de jeu, entre douceur et
tourment. Paula Beer, lumineuse, campe avec délicatesse et grâce
une femme fragilisée mais aussi plein de force. Je regrette que la
fin n'éclaire qu'une partie du futur de cette situation complexe.
Les seconds rôles sont parfaits, éclairant le contexte. J'ai
souvent pensé à Une promesse pendant le film. Au final, une œuvre
à l'esthétique léchée au ton mélancolique et grave qui mérite
d'être vue.
9/10
Un beau film où l'esthétique, magnifique, ne prime pas sur le fond, émouvant et intelligent.
Comancheria
// Génial //
11 septembre
2016
Après la
mort de leur mère, deux frères organisent une série de braquages,
visant uniquement les agences d’une même banque. Ils n’ont que
quelques jours pour éviter la saisie de leur propriété familiale,
et comptent rembourser la banque avec son propre argent. À leurs
trousses, un ranger bientôt à la retraite et son adjoint, bien
décidés à les arrêter.
De son vrai
titre Hell or high water (Contre vents et marées), Comancheria est
un western moderne et social plus qu'un thriller. Dans un Texas
désolé par la crise économique dans lequel certaines villes
deviennent des villes-fantômes, deux duos se font face. Entre les
deux flics qui se balancent des vannes et les deux frères qui
s'engueulent, qui va l'emporter ? Sans doute personne parce qu'il n'y
a rien à gagner dans cette Amérique-là, jamais complètement en
tout cas. Entre amitié et amour fraternel, il y a la misère et la
violence comme solution. Les quatre personnages sont attachants.
Chris Pine démontre qu'il a un véritable talent, autre que celui
d'être beau (et dans ce film, il est très sexy). Plus âpre, plus
grave, la qualité de son jeu est montée d'un cran. Ben Foster campe
avec brio le chien fou, celui qui a toujours des problèmes, qui les
cherche même. J'aurais dû le détester mais pourtant il est aussi
attachant que Pine. Il a hérité de l'une des plus belles répliques
du film, qui prend toute sa saveur mélancolique à la fin. Jeff
Bridges s'amuse à jouer le vieux de la vieille qui ne s'en laisse
pas conter. Gil Birmingham, taiseux, propose un jeu plus calme.
Construit en deux lignes parallèles soulignées par une excellente
B.O, le film alterne action bien conçue et dialogues intelligents et
drôles. Prévisible ? Un peu. C'est sans importance. Des longueurs ?
Je n'en ai pas trouvées. Le rythme ralentit parfois mais c'est
l'Amérique profonde ! Le fin fond du Texas ! Ici, on boit de la
bière, on porte une arme et surtout on ne se presse pas. Il n'y a
rien à faire de toute façon. C'est sans importance. Dépourvu de
tout manichéisme, la traque est haletante, comme la progression des
braquages, jusqu'au final, amer.
9/10
Un vrai western moderne qui ne néglige pas l'émotion.
Éternité
// Sublime //
12 septembre
2016
Quand
Valentine se marie à 20 ans avec Jules, nous sommes à la fin du
19ème siècle. À la fin du siècle suivant, une jeune Parisienne,
l’arrière-petite-fille de Valentine, court sur un pont et termine
sa course dans les bras de l’homme qu’elle aime. Entre ces deux
moments, des hommes et des femmes se rencontrent, s’aiment,
s’étreignent durant un siècle, accomplissant ainsi les destinées
amoureuses et établissant une généalogie… Une éternité…
On suit
particulièrement Valentine et la génération suivante. Le scénario
est difficile à résumer parce qu'il ne se passe rien de précis. On
suit la famille pendant les moments clefs de son existence,
naissances, décès, mariages, mais aussi pendant les moments simples
de la vie, ceux qui font aussi les souvenirs, jeux d'enfants,
promenades, fous rires ou soirées partagés... Il y a peu de
dialogues mais une narration en voix off qui explique. Cela rend le
film, d'ailleurs tiré d'un roman, extrêmement littéraire. On
dirait une saga familiale traduite en images élégantes, raffinées.
Dans le peu de dialogues, deux tirades m'ont marquée : celle de
Mélanie Laurent sur la maternité et la déclaration d'amour à
venir de Pierre Deladonchamps, presque comique tant elle est décalée
mais en même temps follement romantique. Le déroulement est lent
mais pas ennuyeux malgré quelques longueurs. Il est porté par la
qualité du jeu des acteurs, jeunes et adultes, et par la beauté des
images : décors soignés, lumière travaillée et extraordinaire,
infinité de détails, de textures, beauté des costumes et des
maquillages. Audrey Tautou, Mélanie Laurent et Bérénice Bejo sont
incroyables, expressives, pleines de grâce. Leurs personnages sont,
chose assez surprenante, très tactiles. Ce qui rend le film très
tendre. Pierre Deladonchamps, Jérémie Renier et Arieh Worthalter
sont leurs pendants masculins, plus distants mais excellents. La même
mélodie accompagne tout le film, ce qui peut parfois s'avérer
lassant. L'émotion naît pourtant, de petites choses comme de
grandes détresses. Au final un très beau film sur l'amour, la
maternité, l'amitié et le temps qui passe.
9/10
Ah, cette douce langueur, cette tendre rêverie... Un film lent, poétique a une saveur incroyable.
Doctor
Strange // Grandiose //
30 octobre 2016
Après un
grave accident de voiture, le docteur Stephen Strange, talentueux
neurochirurgien, doit mettre son égo de côté pour apprendre les
secrets d'un monde caché de mysticisme et de dimensions
alternatives.
Je ne savais
pas trop à quoi m'attendre. Les épisodes d'exposition peuvent être
longuets. En l'espèce, malgré une ou deux petites longueurs dans le
premier tiers et un déroulement classique, le film n'est pas
ennuyeux et tient ses promesses. Deux heures bien remplies quoique
balisées. Le film repose sur deux très gros points forts : le
casting et les effets spéciaux. Benedict Cumberbatch, magnétique,
campe le très égoïste et arrogant Dr Strange qui doit faire à ce
qui pouvait lui arriver de pire. Ou de mieux. Il est excellent. Mads
Mikkelsen campe le méchant, assez stéréotypé mais pas manichéen.
Ces deux-là sont décidément très charismatiques. Tilda Swinton
joue très bien la sagesse et le mystère mais je la préfère quand
même avec des cheveux. Le reste du casting, Ejiofor et McAdams
notamment, est impeccable. Les effets spéciaux, entre architecture
mécanique et effets psychédéliques, sont absolument géniaux. Très
beaux, ils donnent parfois le vertige. Et les scènes de combat sont
parfaitement chorégraphiées. Ce nouveau Marvel, ponctué d'humour
(j'adore la cape), offre un nouvel univers relié à l'un des autres
par la scène post-générique et quelques allusions. Or ce nouvel
univers regorge de possibilités. Chouette ! Vivement la suite !
9/10
Sans Cumberbatch, le film n'aurait pas eu une aussi bonne note mais le charisme de ce dernier emporte tout.
Sully
// Aussi sobre qu’exaltant //
4 décembre
2016
Le 15
janvier 2009, le commandant "Sully" Sullenberger a réussi
à poser son appareil sur les eaux glacées du fleuve Hudson.
Cependant, alors que Sully était salué par l'opinion publique et
les médias pour son exploit inédit dans l'histoire de l'aviation,
une enquête a été ouverte, menaçant de détruire sa réputation
et sa carrière.
Je me
souviens des images de l'avion posé sur l'Hudson, c'était
impressionnant. Ça l'est encore sept ans plus tard vu de l'intérieur
comme de l'extérieur. On ressent la violence du choc de
l'amerrissage grâce à des effets spéciaux de qualité. Eastwood,
dont la maîtrise est évidente, a, fort justement, fait le choix
d'un déroulement non linéaire qui fait naître l'attente et même
une certaine tension. Je ne suis pas convaincue en revanche par
l'utilité des deux scènes de jeunesse de Sully. Tom Hanks est
impeccable en pilote expérimenté qui se demande s'il a pris la
bonne décision. Il fait partager ses doutes au spectateur. C'est
l'axe du film : Sully, en une fraction de seconde, a-t-il pris la
bonne décision ? La meilleure décision ? Pour une fois, Tom Hanks
ne bouffe pas l'écran et laisse toute leur place à ses partenaires.
Aaron Eckhart campe le copilote, solidaire, rassurant, plein de
sang-froid et prêt à défendre Sully. Le personnage est attachant
et Eckhart, avec sa grosse moustache, se montre généreux. Laura
Linney, toujours juste, joue la femme de Sully, inquiète, en plein
doute, mais aimante. On assiste à l'enquête menée à charge contre
les pilotes qui ne doivent pas seulement expliquer mais aussi
défendre la décision prise. Clairement, la commission cherche un
responsable parce que l'assureur et la compagnie ont perdu de
l'argent. Discrètement, le film égratigne le numérique, le tout
technologique sans humain, tout en mettant en valeur l'héroïsme
ordinaire. Sobre, précis et terriblement efficace, il est
particulièrement réussi.
9/10
Un excellent cru Clint Eastwood, ça ne se refuse pas.
Premier
contact // Intense et intelligent //
10 décembre
2016
Lorsque de
mystérieux vaisseaux surgissent un peu partout sur Terre, une équipe
d’experts est rassemblée sous la direction de la linguiste Louise
Banks afin de tenter de comprendre leurs intentions. Face à l’énigme
que constituent leur présence et leurs messages mystérieux, les
réactions dans le monde sont extrêmes et l’humanité se retrouve
bientôt au bord d’une guerre absolue. Louise Banks et son équipe
n’ont que très peu de temps pour trouver des réponses.
On m'avait
dit que Premier contact n'est pas un film de SF comme les autres. Et
c'est vrai. Il se déroule sur quelques semaines et montre les
efforts d'une linguiste pour comprendre un langage extraterrestre et
communiquer. On suit aussi son parcours personnel de façon
fragmentée. Je trouve très belle l'écriture alien, complexe et
crédible. D'ailleurs, malgré leur aspect moyennement ragoûtant,
les deux spécimens présentés sont assez attachants. Amy Adams
campe la super linguiste avec finesse face à Jeremy Renner, un peu à
contre-emploi il faut le dire (et c'est tant mieux) en scientifique
brillant. C'est Adams le principal vecteur d'émotions, sans pathos,
sans grosse ficelle mais avec sincérité. Réflexion pointue sur la
puissance du langage et le temps, le film, qui ne prend pas le
spectateur pour un imbécile, fait un peu de géopolitique assez
crédible. Le message sur plan large, pour utopique qu'il soit, ne
manque de beauté ni d'espoir : l'union des peuples. Sur un plan plus
personnel, voire intime, il prône la saveur de l'instant et de
l'amour, et peut-être l'acceptation de la mort. Visuellement
automnal et froid, il bénéficie d'une belle photographie.
L'intrigue, aussi prenante soit-elle, aurait gagné à être
resserrée en coupant environ un quart d'heure correspondant à
quelques plans qui la ralentissent sans rien apporter sinon, parfois,
un certain réalisme. Tout en étant scientifique au point d'être
parfois technique (on finit par s'y retrouver), le film se révèle
assez onirique, à l'image de l'intérieur des vaisseaux. Le final
est pour le moins surprenant mais aussi un peu frustrant car il
dévoile peu ce qui se passera après, hors destins personnels. Il
m'a fait pensé à Interstellar pour ses réflexions métaphysiques
ainsi qu'à Éternité, pour certains plans et sa délicatesse. Dense
et intelligent.
9/10
Une SF intelligente et humaine, brillante.
Manchester
by the sea // Bouleversant //
15 décembre
2016
Après le
décès soudain de son frère Joe, Lee est désigné comme le tuteur
de son neveu Patrick. Il se retrouve confronté à un passé tragique
qui l’a séparé de sa femme Randi et de la communauté où il est
né et a grandi.
L'affiche
promet pour ainsi dire un grand mélo. Et en effet, c'est
bouleversant. Tant l'histoire de cette famille que le jeu des acteurs
bouleversent le spectateur. Ici, l'émotion est sincère, pas
fabriquée abruptement. Rien de larmoyant ici, et même quelques
scènes plutôt drôles. Casey Affleck, aussi sobre qu'explosif, est
bouleversant en homme brisé qui ne cesse de se punir tout en faisant
de son mieux pour aider son neveu. Lucas Hedges campe avec
délicatesse un adolescent plein de vie qui se sent rejeté. Michelle
Williams est peu présente mais pour un rôle fort et émouvant. Kyle
Chandler, discret, amène une présence rassurante. Dans les décors
et la lumière sublimes du Nord des Etats-Unis habillés par une
belle B.O, on suit des fragments de vie, des moments importants comme
des moments futiles. Le film aurait pu ne compter que deux heures
mais je ne me suis pas ennuyée car la construction en flash-backs
est intelligente. Il évoque avec finesse et justesse le deuil et la
reconstruction mais aussi l'adolescence et la famille, celle que l'on
a et celle que l'on choisit.
9/10
Un mélo vraiment réussi grâce au talent de Casey Affleck qui crève l'écran.
Legend
// Top //
24 janvier
2016
Londres, les
années 60. Les jumeaux Reggie et Ronnie Kray, célèbres gangsters,
règnent en maîtres sur la capitale anglaise. À la tête d’une
mafia impitoyable, leur influence paraît sans limites. Pourtant,
lorsque la femme de Reggie incite son mari à s’éloigner du
business, la chute des frères Kray semble inévitable…
Le meilleur
film de ce début d’année ! Un thriller de gangster classique à
la fois drôle et tendu totalement porté par Tom Hardy. Ce dernier
joue des jumeaux, l’un brutal mais globalement bon fond, loyal,
l’autre, psychopathe schizophrène paranoïaque particulièrement
flippant. Il parvient à remplir les deux rôles avec le magnétisme
qu’on lui connaît. Sa performance est exceptionnelle, la bagarre
entre les deux frères est incroyable. On passe plus de temps sur les
relations entre les deux frères et avec leur entourage que sur leur
ascension même si celle-ci est expliquée entre quelques scènes
efficaces, c'est ce qui fait la particularité du film. Emily
Browning use de ses yeux de biche et campe joliment l’amoureuse
malheureuse. David Thewlis, Paul Anderson et Christopher Eccleston
complètent ce casting de première classe. Parlons de la
reconstitution de l’East End des années 50 et 60 : royale. Et la
B.O ? Parfaite, merci Duffy qui chante une partie des très jolies
chansons qui parsèment le film. Celui-ci alterne scènes intimistes,
scènes tendues et scènes de montée de violence.
9,5/10
Le film repose tout entier sur la présence incroyable de Tom Hardy et il fait bien.
Dernier
train pour Busan // Haletant //
29 août
2016
Un virus
inconnu se répand en Corée du Sud, l'état d'urgence est décrété.
Les passagers du train KTX se livrent à une lutte sans merci afin de
survivre jusqu'à Busan, l'unique ville où ils seront en sécurité...
J’avais
beaucoup aimé World war Z. Dernier train pour Busan, c'est encore
mieux. Plus réaliste, plus humain, plus profond, plus émouvant,
plus drôle. Ça commence par un gestionnaire d'actif contraint
d'emmener sa fille qu'il délaisse chez son ex à Busan. Il essaie de
bien faire mais entre son égoïsme et son boulot, il a du mal à
trouver une seconde pour lui accorder son attention. Et le voyage
dérape. Des zombies, des vrais qui grognent et qui dévorent à
moitié les vivants avant que ceux-ci ne deviennent des zombies à
leur tour, envahissent peu à peu le train. D'abord, je les ai
trouvés plutôt marrants ces zombies très chorégraphiés, et puis
plus du tout en fait. Entre rédemption paternelle et histoire de
survie, le film fait lentement mais sûrement monter la pression
jusqu'au paroxysme. Il ne rechigne pas à tuer des personnages
auxquels le spectateur s'est attaché. Autant prévenir, c'est
sanglant. Les maquillages et les effets spéciaux sont très bien
faits, sans en faire des tonnes. Les attaques des zombies sont très
prenantes. Gong Yoo, Kim Soo-Ahn, Yu-mi Jeong, Dong-seok Ma, et Choi
Woo-Shik sont excellents. Ils rendent attachants des personnages qui
avaient plus ou moins de potentiel à ce titre. Malgré la tension,
l'humour ponctue le film, offrant un peu de relâchement avant
d'enchaîner sur l'émotion, sincère et sobre. Il s'offre le luxe de
critiquer notre société individualiste mais aussi la finance
débridée et de montrer l'effet de groupe dans ce qu'il a de pire.
Inventif dans sa réalisation même s'il ne révolutionne pas le
genre, il n'ennuie jamais malgré une action située presque
entièrement dans un train. Au final, une série B d'horreur hyper
bien troussée et intelligente.
9,5/10
Flippant, Dernier train pour Busan m'est resté en tête longtemps après la fin de la séance.
Bridget
Jones’ baby // Un régal //
6 octobre
2016
Après avoir
rompu avec Mark Darcy, Bridget est toujours célibataire, 40 ans
passés, plus concentrée sur sa carrière et ses amis que sur sa vie
amoureuse. Pour une fois, tout est sous contrôle ! Même son poids.
Jusqu’à ce que Bridget fasse la rencontre de Jack… Puis retrouve
Darcy… Puis découvre qu’elle est enceinte… Mais de qui ???
On retrouve
notre vieille copine Bridget, qui dit des conneries au kilomètre
sans pouvoir s'arrêter, qui gaffe au boulot, entourée de sa bande
de potes tarés. Les copains et Bridget se sont un peu calmés, à
peine mais restent super fun. Romcom somme toute classique, le film
est drôle de bout en bout et fait durer le suspense : qui est le
père de l'enfant ? Qui Bridget va-t-elle choisir ? Mark ou Jack ? En
tant que fervente partisane de Mark, j'étais à deux doigts de
sortir les pompons. Bridget est comme toujours aux prises avec
l'amour, l'efficacité au travail et sa cinglée de mère, quoique
celle-ci se fasse discrète. On ajoute une nouvelle amie et collègue,
un nouveau boulot de productrice qui donne lieu à des scènes
truculentes, un potentiel nouveau mec, et une maternité tardive.
Renée Zellweger, légèrement modifiée, reste une Bridget au top
-ou au fond du trou, c'est selon. Elle est pétillante et pleine de
charme, bref extrêmement attachante. Colin Firth, gentleman
surbooké, est impeccable et toujours aussi séduisant. Patrick
Dempsey est sympa mais un peu plat. Emma Thompson est super marrante
en obstétricienne sarcastique en diable. C'est déjanté, c'est
attendrissant, ça part dans tous les sens, c'est Bridget. Les
dialogues sont percutants et pleins de saillies hilarantes sur fond
de musique contemporaine. Une suite géniale !
9,5/10
J'ai adoré retrouver Bridget pour ce troisième opus, d'autant plus que le livre était quasiment raté.
Miss
Peregrine’s house for peculiar children // Magique
//
9 octobre
2016
À la mort
de son grand-père, Jacob découvre les indices et l’existence d’un
monde mystérieux qui le mène dans un lieu magique : la Maison de
Miss Peregrine pour Enfants Particuliers. Mais le mystère et le
danger s’amplifient quand il apprend à connaître les résidents,
leurs étranges pouvoirs … et leurs puissants ennemis. Finalement,
Jacob découvre que seule sa propre "particularité" peut
sauver ses nouveaux amis.
Burton
excelle dans l'opposition entre la normalité un peu morne, trop
banale, et l'extraordinaire à la fois plus sombre et magnifique. On
débute en Floride, dans un monde qui a l'air normal, avant de partir
au Pays de Galles qui abrite une charmante vieille maison peuplée de
gens étranges. Eva Green, sublime, campe une gouvernante à la fois
inquiétante et protectrice. Asa Butterfield joue de façon
convaincante le jeune héros qui se croit normal jusqu'à ce qu'il
découvre la vérité sur sa famille. Ella Purnell, avec ses yeux
immenses et une grâce qui sied parfaitement à sa particularité,
apporte une touche de douceur et d'étrangeté. Ils sont secondés
par l'inquiétant Samuel L. Jackson, la discrète Judi Dench,
l'énergique Terence Stamp, et tous les enfants dotés de
particularités, pour le moins... particulières (je ne précise pas
pour préserver la surprise). Ils évoluent dans un univers
parfaitement retranscrit entre horreur et ravissement, bourré de
détails. Les effets spéciaux, toujours au service de l'intrigue,
sont superbes. Le filme alterne entre scènes d'action efficaces et
élégante mélancolie poétique. Au fond, ce que vivent ces enfants
est assez triste, ils sont éternellement bloqués dans une boucle
temporelle sans jamais grandir ni vivre leur propre vie. Les enfants
sont tour à tour drôles et inquiétants, comme le scénario qui
regorge de détails. J'ai relevé une toute petite incohérence
technique mais je m'en fiche totalement tellement ce film est génial,
généreux et visuellement épatant. Oui, ce film a sans doute des
défauts, il ne permet notamment pas de développer beaucoup les
personnages secondaires, contrairement au roman sans doute, mais il
parvient à emporter le spectateur dans son univers onirique et
bizarre. Tim Burton revient sur ses thèmes favoris, l'étrangeté,
la transmission et l'acceptation, et c'est pour le mieux. L'un de ses
meilleurs films. J'ai bien envie de lire le livre maintenant.
10/10
Une merveille de poésie, d'étrangeté, de beauté, dans un univers d'une grande richesse.
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