Miss Peregrine's house for peculiar children tomes 1, 2 et 3 de Ranson Riggs

Après avoir vu le fantastique film de Tim Burton, j'ai eu envie de lire les livres. Je n'ai pas tardé à m'y mettre. Pour publier cet avis sur la trilogie entière, j'ai dû attendre la sortie du 3ème volume en poche, veuillez excuser le délai imposé.
Pendant toute son enfance, Jacob, 16 ans, a écouté les récits que lui racontait son grand-père, Abraham Portman. Lorsque ce dernier meurt sous les yeux de son petit-fils dans des circonstances étranges, Jacob part en compagnie de son père sur l'île de Cairnholm au large du Pays de Galles. Son grand-père y a passé son enfance dans l'orphelinat de Miss Peregrine. Il veut comprendre ce qu'il s'est passé là-bas, et peut-être retrouver les enfants particuliers qui représentaient l'entourage de son grand-père. Une fois sur l'île, le jeune homme trouve de nouvelles photographies, ainsi que l'orphelinat, et peu à peu, démêle les fils du passé.

Ransom Riggs (1979 - ) est un écrivain américain de fantasy. Il a grandi dans le Maryland puis en Floride. Miss Peregrine et les Enfants particuliers a atteint la première place de la liste des best-sellers du New York Times dans la catégorie livres pour enfants et est resté en tout 63 semaines sur cette liste. Il a écrit plusieurs livres autour de l'univers des Particuliers.

D'abord, les livres sont de beaux objets, même en édition poche, grâce, notamment, aux photos qui les parsèment. Ce sont tout d'ailleurs de drôles de photos, tantôt anodines mais mises en situations, tantôt vraiment bizarres. Le premier tome prend le temps de poser la situation et les personnages. Jacob est un garçon peu sûr de lui, qui rêve d'autre chose que sa morne Floride. Il est plus audacieux qu'il ne le pense, prêt à suivre les pas de son grand-père tant aimé. Ce dernier était un type étrange qui racontait d'étranges histoires avec d'étranges photos à l'appui. Les parents de Jacob sont des gens ordinaires assez peu développés avec qui Jacob a des relations distendues. Les enfants particuliers ont des dons utiles, surprenants ou glauques, qui correspondent parfaitement à leur personnalité. Je trouve les histoires d'amour charmante -surtout la secondaire que je trouve infiniment poétique. Tous ou presque sont attachants. J'aurais toutefois aimé en savoir plus sur leur passé.
Le roman s'attarde plus que le film -et c'est normal- sur la situation des enfants dans la boucle : leur isolement, leur ennui, la contradiction entre leur âge apparent et leur âge véritable. Le concept même de la boucle temporelle est passionnant, comme celui des ombrunes (le mot est beau). Mélancolique, parfois macabre, toujours poétique, il distille le mystère jusqu'au bout et offre même de beaux moments d'action dans la dernière partie. Riggs propose un univers riche, à la fois sombre et coloré. Bien que le rythme soit lent, le lecteur est happé dans ce monde fantastique et a du mal à lâcher le livre.
Le deuxième tome reprend exactement là où le premier s'arrête. Cet opus contient plus d'action, sans éluder les questionnements. Jacob s'inquiète pour ses parents, pour ses amis, s'interroge sur son don qui commence -enfin- à se développer. On découvre les étranges animaux particuliers, surtout le chien qui parle, très marrant. On en apprend un peu plus sur les enfants particuliers mais on pourrait encore largement approfondir. Enoch est de plus en plus agaçant alors que Hugh s'avère très utile. Bronwyn dévoile son instinct maternel et Olive son caractère lunaire. Emma révèle son caractère de leader quand Jacob, toujours tiraillé, apprend à maîtriser ses capacités. Riggs amène de nouveaux personnages, pour la plupart peu sympathiques et sur lesquels il s'étend peu. J'ai trouvé l'histoire du garçon qui disparaît émouvante. Il évoque assez longuement les dévastations et les drames qu'a connu Londres pendant le Blitz. Certains passages recèlent une grande tristesse.

Ce tome est plus centré sur les nombreuses aventures des protagonistes confrontés aux sépulcreux, aux estres, ainsi qu'aux humains plus ou moins bien attentionnés. Je n'avais pas vu venir le twist final qui vous fiche par terre. Il y a sans doute des incohérences et des défauts mais c'est la force de ce livre de permettre au lecteur de s'immerger dans un univers étrange à la fois sombre et fantaisiste. J'ai lu ce tome très vite tant les rebondissements s'enchaînent avec rythme.

Le troisième tome, que j'ai attendu longtemps, reprend directement là où le précédent s'était arrêté, dans le métro. Même si les mois passant, j'ai oublié certains détails des précédents livres, je n'ai pas eu de difficulté à me repérer. Ça y est, nous pénétrons dans l'Arpent du Diable dont on avait parlé, et pas en bien. C'est encore pire que prévu et c'est tant mieux. Tout y est pourri, l'eau, l'air et les gens. On y trouve des drogués, des esclaves, des animaux maltraités... Les pouvoirs de Jacob se développent encore, c'est sur eux qu'est centré le livre. Ses relations avec Emma s'approfondissent, alors que les Creux deviennent plus importants, presque attachants. On rencontre de nouveaux personnages particulièrement complexes : principalement Sharon le passeur, référence mythologique claire et contrebandier, Bentham, scientifique des particuliers, lui-même très particulier et Mère Poussière qui a une façon singulièrement dégoûtante de soigner. 

Le rythme va crescendo, du début finalement un peu lent au final explosif à double détente vraiment passionnant. On en apprend de plus en plus sur l'origine des estres et des sépulcreux, les boucles et la mystérieuse bibliothèque des âmes. Je trouve le concept du Panloopticon absolument génial. Je ne dévoile rien pour ne pas gâcher la surprise mais je rêve qu'un endroit comme ça puisse exister, ce serait une merveille ! Les photos sont assez inégales, certaines collent vraiment bien, d'autres semblent remplir l'espace. Une petite chose m'a toutefois gênée : Emma et Jacob ne dorment presque jamais, sont souvent blessés et presque toujours épuisés, mais ils continuent de courir et de sauter partout.

Au final, une belle trilogie fantastique, originale, imaginative, aventureuse, et de beaux livres.

Le film, outre le fait d'inverser deux personnages pour des raisons de télégénie, adapte principalement le premier tome tout en introduisant des éléments du deuxième et du troisième. Comme je l'avais pensé lorsque je l'ai vu, il aurait mérité deux films, voire trois. Je ne comprends pas pourquoi l'action a été contractée à ce point, du coup, ça se sent dans la dernière partie. La spectatrice et la lectrice en moi en sont frustrées, c'est dommage.
9/10

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