Loving
Mildred et Richard Loving s'aiment et décident de se marier. Sauf qu'il est blanc et qu'elle est noire dans l'Amérique ségrégationniste de 1958. L'État de Virginie où les Loving ont décidé de s'installer les poursuit en justice.
On a beau savoir comment cela se finit, ça a beau être classique, on s'attache et on s'inquiète pour ce couple atypique. Lui, est un doux géant taiseux, elle est son point d'ancrage, celle qui a toujours le dernier mot au final (ce qui a constitué pour moins une sorte de running gag pendant tout le film). Joel Edgerton est génial : tout impressionnant qu'il soit, il a parfois l'air d'un gamin qui a peur de prendre un coup. Il a un regard incroyable et laisse éclater la luminosité de sa partenaire. Ruth Negga joue sur une large palette de sentiments avec beaucoup de nuances et d'intelligence. Leur alchimie, tangible, sert le propos. Ils forment un couple très tendre, très attachant, qui, tel un roseau, plie mais ne rompt pas. Sa résilience force l'admiration d'autant qu'il est dépourvu d'héroïsme ou de volonté d'exposition médiatique, contrairement à leurs avocats concernés par leur cas mais aussi par ses retombées. Michael Shannon fait une apparition en forme de clin d'œil pour venir prendre une photo touchante. Nichols filme sobrement le quotidien et les péripéties de ce couple simple qui n'aspire qu'à une vie tranquille sans revendiquer quoi que ce soit. Il réussit à émouvoir sans jouer sur le pathos, ni trop en faire sur le racisme. On parle ici d'un racisme légal, presque sans violence, mais si injuste qu'il en devient insupportable. Qu'ont fait les Loving qui met l'État de Virginie en danger ? Rien, ils s'aiment, énormément. On voit peu le combat, pourtant réel, des avocats pour leur cause, on en voit seulement les effets pour eux, entre espoir et découragement. Les paysages se font discrets, sans extraordinaire, mais filmés avec élégance et une belle lumière.
9,5/10
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