Haute couture de Sylvie Ohayon // Attachant //

Première d’atelier chez Dior, Esther participe à sa dernière collection de Haute Couture avant de prendre sa retraite. Un jour, elle se fait voler son sac dans le métro par Jade, 20 ans. Mais celle-ci, prise de remords, décide de le lui restituer. Séduite malgré elle par l’audace de la jeune fille et convaincue qu’elle a un don, Esther lui offre la chance d’intégrer les ateliers. 
Avant tout, il s'agit de transmission, d'un passion mais aussi d'une envie, celle d'exister par un métier qui ne soit pas un simple boulot alimentaire mais un véritable amour du geste parfait et du beau. Et c'est vrai que c'est beau : les ateliers, les tissus, les robes... (même si on n'en voit pas assez à mon goût). C'est aussi l'histoire d'une main tendue malgré les préjugés – de part et d'autre –  pour casser un cycle, celui de la glande et de la petite délinquance d'un côté, de la solitude de l'autre. L'intrigue n'invente rien, elle suit la voie tracée du genre sans parvenir à éviter certains clichés, notamment la mère dépressive qui est vraiment mais alors vraiment complètement au bout du rouleau. Dommage que la réalisatrice ne parvienne pas à faire ressentir l'effervescence des jours précédant le défilé, ni du défilé en lui-même. Le film, qui ne dédaigne pas les pointes d'humour bienvenues, doit beaucoup à l'élégance naturelle de Nathalie Baye et à l'énergie rageuse de Lyna Khoudri. Face à elle, une pléiade d'acteurs plus ou moins connus leur donne la réplique, mention spéciale à Pascale Arbillot qui s'impose en douceur et Claude Perron qui joue les jalouses aigries à la perfection (si, c'est un compliment). Presque pas d'hommes dans cette atmosphère féminine tant dans l'atelier que dans les barres HLM, le père de la meilleure amie n'ouvre pas la bouche, le styliste chuchote à l'oreille sans qu'on l'entende, le vigile n'est pas du genre causant, la patron du café laisse la parole à sa copine presque systématiquement, reste l'assistant – Adam Bessa, 
charmant – seul représentant d'une certaine masculinité positive. Certaines scènes sont inutiles et aurait pu être coupées au montage pour resserrer l'intrigue sur 1h30. Le travail sur la bande sonore m'a déroutée, tantôt l'absence de musique et le seul bruit de fond de l'atelier, tantôt des chansons qui couvrent les conversations. 
Au final, malgré ses défauts, cette comédie dramatique trouve sa voie vers le cœur du spectateur. 

7/10

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