Les garçons et Guillaume, à table !

Le premier souvenir que j'ai de ma mère c'est quand j'avais quatre ou cinq ans. Elle nous appelle, mes deux frères et moi, pour le dîner en disant : "Les garçons et Guillaume, à table !" et la dernière fois que je lui ai parlé au téléphone, elle a raccroché en me disant : "Je t'embrasse ma chérie". Eh bien disons qu'entre ces deux phrases, il y a eu quelques malentendus. 
Au passage, je n'aime pas du tout l'affiche, pas assez cinématographique, pas emballante. 

"Alors, ça chante ma petite pupute ?" Voici l'une des répliques hilarantes de ce drame intelligent qui finit bien, prononcée par la grand-mère à l'élocution pour le moins défaillante, formidable Françoise Fabian. Guillaume Gallienne, qui campe avec talent son propre rôle et celui de sa mère, offre au spectateur une comédie inventive et fine sur le genre, l'identité et la féminité. Car, voyez-vous, Guillaume pense qu'il est une fille, l'archiduchesse Sophie de préférence. Il a du mal à se trouver, à se positionner au sein de cette famille bourgeoise traditionnelle. Entouré de bons seconds rôles, il distille un humour pince sans rire efficace et une émotion sincère, tout en rendant un vibrant hommage à cette mère adorée, pudique. Tous les personnages sont attachants, même son étrange mère dont on oublie vite qu'elle est interprétée par un homme. Si le rire, parfois vachard, n'est jamais loin, le film évoque aussi avec pudeur et sensibilité des fêlures intimes. Certaines scènes sont franchement à hurler de rire et pourtant elles évoquent des moments extrêmement douloureux et parfois cruels. Je regrette que le montage ne parvienne pas totalement à effacer le côté alignement de sketches, dû au fait que le film soit tiré d'un one man show. Désopilant !

9/10

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