Easy virtue


Il y a plus de dix ans maintenant sortait Easy virtue, film méconnu et mésestimé, une merveille pourtant que je revois souvent et toujours avec le même plaisir. 

John Whittaker, un jeune oisif, épouse la ravissante Larita, une Américaine. Il la ramène dans la maison familiale, au cœur de la campagne anglaise. La famille en question est engoncée dans ses principes et son domaine en faillite. Le jeune mari est lâche, mais peut-il faire mieux ? Les sœurs suivent le comportement de leur mère, délicieusement détestable, froide et hautaine, gainée par les traditions et ses préjugés.

Renommé de façon idiote Un mariage de rêve (ils n'ont pas vu le film ou c'est ironique, je ne sais pas), ce film est une pépite injustement méconnue. Librement tiré d'une pièce de Noël Coward, il est plus profond que son apparente légèreté le laisse présager. Il alterne émotion et drôlerie tout en faisant une critique acerbe de la société anglaise des années 30 prise entre modernisme et tradition. C'est aussi une tragique histoire d'amour et un drame familial. Dans une géniale ambiance musicale qui swingue et une reconstitution superbe, le spectateur pénètre avec Larita dans cette famille qui ne veut pas d'elle. Kristin Scott Thomas est excellente, drôlissime avec ses airs outragés et sévères. Jessica Biel, magnifique, très élégante dans ses superbes costumes, campe une jeune femme pleine de charme et de fraîcheur dotée d'une part d'ombre. L'un des personnages les plus intéressants (avec Larita) est peut-être est celui du père, Colin Firth, désabusé et cynique, représentant d'une génération perdue à la guerre et par elle. Doté d'un charme old school, il déploie un charisme certain sans être avare de piques acerbes. Ben Barnes est sans doute un peu falot mais cela colle au personnage qui n'est qu'un grand garçon qui a besoin de grandir. Les personnages sont très attachants, y compris les seconds rôles : les deux sœurs, l'ancienne fiancée si fair play et son frère plus gentleman qu'il n'en a l'air, le majordome. Quatre scènes valent la peine de voir le film entier : la mort hilarante du pauvre chien, la chasse à courre ultra décalée, le french cancan pour le moins osé et le sensuel tango. Les répliques, percutantes et hilarantes, sont représentatives d'un humour so british réjouissant. A voir absolument.


10/10 

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