Éternité

Quand Valentine se marie à 20 ans avec Jules, nous sommes à la fin du 19ème siècle. À la fin du siècle suivant, une jeune Parisienne, l’arrière-petite-fille de Valentine, court sur un pont et termine sa course dans les bras de l’homme qu’elle aime. Entre ces deux moments, des hommes et des femmes se rencontrent, s’aiment, s’étreignent durant un siècle, accomplissant ainsi les destinées amoureuses et établissant une généalogie… Une éternité…
Le film est tiré de L'élégance des veuves d'Alice Ferney auquel il s'avère particulièrement fidèle. Certains passages sont directement issus du livre, in extenso. On suit particulièrement Valentine et la génération suivante. Le scénario est difficile à résumer parce qu'il ne se passe rien de précis. On suit la famille pendant les moments clefs de son existence, naissances, décès, mariages, mais aussi pendant les moments simples de la vie, ceux qui font aussi les souvenirs, jeux d'enfants, promenades, fous rires ou soirées partagés... Il y a peu de dialogues mais une narration en voix off qui explique. Cela rend le film, d'ailleurs tiré d'un roman, extrêmement littéraire. On dirait une saga familiale traduite en images élégantes, raffinées. Dans le peu de dialogues, deux tirades m'ont marquée : celle de Mélanie Laurent sur la maternité et la déclaration d'amour à venir de Pierre Deladonchamps, presque comique tant elle est décalée mais en même temps follement romantique. Le déroulement est lent mais pas ennuyeux malgré quelques longueurs. Il est porté par la qualité du jeu des acteurs, jeunes et adultes, et par la beauté des images : décors soignés, lumière travaillée et extraordinaire, infinité de détails, de textures, beauté des costumes et des maquillages. Audrey Tautou, Mélanie Laurent et Bérénice Bejo sont incroyables, expressives, pleines de grâce. Leurs personnages sont, chose assez surprenante, très tactiles. Ce qui rend le film très tendre. Pierre Deladonchamps, Jérémie Renier et Arieh Worthalter sont leurs pendants masculins, plus distants mais excellents. La même mélodie accompagne tout le film, ce qui peut parfois s'avérer lassant. L'émotion naît pourtant, de petites choses comme de grandes détresses. Au final un très beau film sur l'amour, la maternité, l'amitié et le temps qui passe.

9/10
 Plus je vois ce film, plus je l'aime et découvre de nouveaux détails, une nouvelle perfection, une nouvelle douceur infinie, un nouveau jeu de lumières. Une merveille, vraiment.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Emilia Perez de Jacques Audiard / Un gâchis /

Deadpool & Wolverine de Shawn Levy / Poussif /

Le fil de Daniel Auteuil / Laborieux /