Cézanne et moi

Adolescents, ils partageaient tout. Paul est riche, Emile est pauvre. Ils montent à Paris, s'intègrent dans une bande d'artistes bohêmes et anticonformistes. La gloire est passée sans regarder Paul, le peintre sans succès. Emile, l'écrivain, a tout : la renommée, l’argent une femme parfaite que Paul a aimée avant lui. Ils se jugent, s’admirent, s’affrontent. Ils se perdent, se retrouvent, comme un couple qui n’arrive pas à cesser de s’aimer.
Malgré les quelques temps morts qui parsèment le film, celui-ci évoque avec brio tant l'amitié que les affres de la création artistique. Guillaume Canet, sobre, touchant, campe un Emile Zola presque discret, toujours prêt à pardonner, à soutenir. Guillaume Gallienne propose un Cézanne tourmenté et caractériel, aussi agaçant qu'attachant. Heureusement, il ne réussit pas à maintenir son accent très longtemps, parce qu'il ne lui va guère, d'autant que j'aime sa façon de poser sa voix. Alice Pol et Isabelle Candelier sont parfaites. Tableau en lui-même, sorte de mise en abîme, le film est plein de paysages superbes, dont l'un, sublime, semble presque faux, tant il est parfait. La reconstitution de la fin du XIXème siècle est soignée, des costumes aux événements évoqués, ça et là, des soirées dans les cabarets à celles de Médan. Souvent drôle grâce à des dialogues ciselés, l'émotion ne parvient pas à percer complètement, la faute à une réalisation parfois inégale et pesante, meilleure dans les répliques qui font mouche que dans la mélancolie. Thompson manque peut-être d'une véritable vision, d'un truc à dire. Dommage parce que sinon, le film est vraiment plaisant et intéressant.

8/10

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