Raison et sentiments de Jane Austen

J'ai découvert Jane Austen quand j'étais au lycée, il y a quelques années donc. Régulièrement, je relis l'un de ses romans. Cette fois, ce fut Raison et sentiments, suite à la rediffusion du film que je n'ai pas pu rater, malgré l'heure tardive.
 Après le décès de leur père, Henry Dashwood, Elinor, Marianne et Margaret Dashwood ainsi que leur mère se trouvent privées de leur part d'héritage par leur demi-frère qui se laisse aisément convaincre par sa femme Fanny qu'il ne leur doit rien. Leur situation financière considérablement diminuée, elles s'installent à Barton Cottage grâce à la générosité d'un parent, sir John Middleton. Marianne, dont le romantisme et la vivacité charment le secret colonel Brandon, tombe bientôt profondément amoureuse du jeune et impétueux John Willoughby, rencontré dans des conditions très romanesques. Elinor, dont les dispositions sont plus prudentes et mesurées, cache avec soin la profondeur des sentiments que lui inspire Edward Ferrars, le frère de sa désagréable belle-sœur, dont elle a fait la connaissance à Norland.
 

Jane Austen (1775-1817) grandit dans une famille de pasteurs, entourée de huit frères et sœurs. Bien que vivant modestement, George et Cassandra Austen initient leurs enfants à l'amour de la lecture et la connaissance des arts. Dès l'âge de 11 ans, Jane écrit. Son éducation ainsi que celle de sa sœur Cassandra, dont elle restera très proche jusqu'à sa mort, se fera principalement dans le domaine familial. En 1801, la famille Austen s'installe à Bath et quatre ans plus tard, le père de Jane décède. L'auteur ne se mariera pas et consacrera sa vie à l'éducation de ses neveux et nièces et à l'écriture. Raison et sentiment, Orgueil et préjugés et Mansfield Park sont publiés successivement en 1811, 1813 et 1814. Elle laisse derrière elle un roman inachevé, Sanditon, emportée par la maladie à l'âge de 41 ans.
L'auteur ne connut pas le succès de son vivant, bien que ses pairs l'aient estimée et ne fut redécouvert qu'à la fin du XIXe siècle. Aujourd'hui, son talent de peintre des mœurs et de la province anglaise font d'elle un des auteurs pré-victoriens les plus connus. Elle a utilisé la cruauté du verbe, un humour décalé et une ironie mordante pour effectuer une critique sociale ainsi qu'une critique des romans sentimentaux en vogue à l'époque.


C'est l'un de mes livres préférés. Je l'adore et le redécouvre à chaque fois que je le relis. L'une des premières scènes, celle où Fanny convainc son mari que ce dernier n'est pas vraiment engagé par la promesse qu'il a faite à son père sur le lit de mort de celui-ci est vraiment hilarante. C'est loin d'être la seule. L'écriture est d'une intelligence terrible, sans parler de la connaissance aigue que l'auteur a de la nature humaine. Les dialogues sont géniaux de drôlerie, des bijoux d'ironie. Les personnages, croqués avec justesse, sont attachants, même les plus ridicules. 
Les auteurs actuels n'ont rien inventé, Jane Austen avait déjà créé la romcom' en son temps. Car Raison et sentiments est une excellente romcom'. Il mêle humour et romance sans oublier le fond. Classique et conventionnel dans son traitement, il est aussi moderne car la passion et l'amour sont intemporels mais surtout parce que les thèmes abordés le sont encore aujourd'hui : amour, trahison, mesquinerie... Marianne est follement romantique, Elinor l'est aussi mais bien plus sagement. Chacune connaîtra amour puis déception avant le dénouement, heureux, ce n'est un secret pour personne. Ce qui compte, c'est le cheminement de Marianne vers plus de raison et de contrôle de soi et celui d'Elinor dans le courage et l'abnégation vers sa récompense. Au passage, si Edward Ferrars est un peu falot, le colonel Brandon est pour moi le prototype de l'homme idéal : intelligent, généreux, gentil, prévenant, discret, loyal. Et pas mal de sa personne. 
La critique de la situation féminine à l'époque géorgienne est palpable entre l'exclusion de l'héritage, la dépendance économique et le nécessaire mariage plus ou moins raisonné et partiellement contrôlé par l'entourage, comme il le sera dans Orgueil et préjugés

10/10

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