Articles

Affichage des articles du mai, 2024

Abigail de Matt Bettinelli-Olpin etTyler Gillett / Fun /

Image
Suite au kidnapping de la fille d’un puissant magnat de la pègre, un groupe de criminels amateurs pensait devoir enfermer et surveiller cette jeune ballerine afin de réclamer une rançon de 50 millions de dollars. Retirés dans un manoir isolé, les ravisseurs commencent mystérieusement à disparaître, les uns après les autres, au fil de la nuit.  Peu amatrice du genre du cinéma d’épouvante, je n’avais pas beaucoup d’attente. Bien m’en a pris puisque j’ai été agréablement surprise par ce film. Non parce que c’est un chef d’œuvre, loin de là, mais parce qu’il remplit son office : il est divertissant malgré la bande annonce qui, comme trop souvent désormais, en dévoile trop. Mélange de comédie sur des braqueurs bras cassés et de film de vampire, il ne lésine pas sur le baroque et l’hémoglobine. Les effets spéciaux sont corrects, quoique les faux crocs, sur la fin, laissent à désirer mais en mode hommage aux années 40. Décomplexé et fun, il exploite les stéréotypes du genre pour les détourner

Marcello mio de Christophe Honoré / Malaisant /

Image
C’est l’histoire d’une femme qui s’appelle Chiara.  Actrice, fille de Marcello Mastroianni et Catherine Deneuve, chahutée dans sa propre vie, elle se raconte qu’elle devrait plutôt vivre la vie de son père.  Elle s’habille comme lui, parle comme lui et exige qu'on l'appelle Marcello.  Cette comédie dramatique est un OVNI cinématographique, une fable étrange, une fantasmagorie familiale bizarre qui m’a mise mal à l’aise. Je ne pouvais me défaire d’une impression de voyeurisme malsain, d’assister à la psychothérapie de Chiara Mastroianni concernant le deuil mal digéré de son père et son impuissance quant au fait d’être systématiquement ramenée à son état de double « fille de ». La frontière entre fantasme et réalité devient floue, d’autant que sa famille et ses amis se prêtent au jeu. À l’exception de trois ou quatre répliques hilarantes, le film n’est pas drôle ; il n’est même pas léger. Au contraire, je le trouve même plombant, bien qu’il développe une certaine sensualité. Les

Furiosa : une saga Mad Max de George Miller / Captivant /

Image
Dans un monde en déclin, la jeune Furiosa est arrachée à la Terre Verte par une horde de motards dirigée par le redoutable Dementus. Alors qu’elle tente de survivre à la Désolation, à Immortan Joe et de retrouver le chemin de chez elle, Furiosa n’a qu’une seule obsession : la vengeance.  J’ai été assez surprise de la trame développée, qui n’était pas celle à laquelle je m’attendais : on passe beaucoup plus de temps avec la jeune Furiosa et on ne développe pas du tout la montée en puissance d’Immotan Joe. J’avais adoré Mad Max : fury road, là je suis un peu moins convaincue, notamment par les personnages que je trouve un peu moins développés : Furiosa reste assez hermétique et n’a que peu de dialogues. Alyla Browne, prometteuse, et Anya Taylor-Joy, impassible même quand elle encaisse les coups, campent une Furiosa résiliente, quasi mutique et résolument bad-ass face à un Chris Hemsworth défiguré par une prothèse nasale sans intérêt et psychotique à souhait et à un énigmatique mais sédui

Comme un lundi de Ryo Takebayashi / Marrant /

Image
Votre boss vous harcèle ? Vos collègues vous épuisent ? Vous ne voulez plus retourner au bureau ? Vous n’imaginez pas ce que traversent Yoshikawa et ses collègues ! Car, en plus des galères, ils sont piégés dans une boucle temporelle... qui recommence chaque lundi ! Entre deux rendez-vous client, réussiront-ils à trouver la sortie ?  Cette comédie prend le temps de poser les personnages et la situation, si bien qu’elle démarre lentement mais prend en force au fur et à mesure, en drôlerie aussi. Elle décrit le milieu de l’entreprise au Japon où il ne semble pas rare de dormir au bureau ou d’y passer le week-end sans que cela surprenne qui que ce soit. Elle illustre aussi la hiérarchisation dans l’entreprise, à l’image de celle de la société nipponne, ainsi que le tiraillement entre individualisme et solidarité. Ce huis-clos malin, fait avec peu de moyens mais un montage ingénieux, n’a pas vocation à creuser les personnages à fond mais à caractériser des archétypes efficaces, ce qui est

Challengers de Luca Guadagnino / En demi-teinte /

Image
Durant leurs études, Patrick et Art tombent amoureux de Tashi. À la fois amis, amants et rivaux, ils voient tous les trois leurs chemins se recroiser des années plus tard. Leur passé et leur présent s’entrechoquent et des tensions jusque-là inavouées refont surface.  C’est un film étrange, quasi un huis-clos alors même que les personnages ont un entourage, des interlocuteurs. De fait, ils sont tous égoïstes et ne pensent qu’à eux-mêmes. Leur triolisme est complexe, fait de la fascination qu’éprouvent les garçons pour Tashi, de l’art de la manipulation que celle-ci emploie et de tensions homoérotiques entre les deux amis adversaires qui semblent à deux doigts de s’embrasser dès qu’ils sont ensemble. Zendaya joue correctement mais n’a pas le charisme nécessaire pour expliquer que ces deux mecs soient hypnotisés, Josh O’Connor et Mike Faist jouent bien et ont en commun un sourire en coin à tomber. Outre qu’il ne raconte finalement pas grand-chose d’autre qu’une rivalité amoureuse autour d

Blue et compagnie de John Krasinski / Une bonne surprise /

Image
Bea, une jeune fille, découvre un jour qu'elle peut voir les amis imaginaires de tout le monde. Commence alors une aventure magique pour reconnecter chaque enfant à son ami imaginaire oublié.  En anglais : If, ce qui s’avère nettement plus approprié puisque Blue n’est qu’un sympathique personnage secondaire. Le personnage principal, c’est Bea, une préado solitaire marquée par le deuil. Son père, joué par John Krasinski – formidable – prend les évènements avec optimisme et essaie d’alléger le fardeau de sa fille, tandis que la grand-mère, campée par Fiona Shaw – géniale, notamment dans une improbable mais émouvante scène de danse – est déboussolée bien qu’elle fasse de son mieux pour accompagner sa petite-fille. Quant aux amis imaginaires, ils sont amusants et bien intégrés dans un visuel qualitatif. Ryan Reynolds et Cailey Fleming forment un duo attachant. Si le prétendu twist final est vite éventé pour les adultes, l’intérêt de ce film réside, certes dans sa drôlerie tendre, mais

La planète des singes : le nouveau royaume de Wes Ball / Divertissant mais trop long /

Image
Plusieurs générations après le règne de César, les singes ont définitivement pris le pouvoir. Les humains, quant à eux, ont régressé à l'état sauvage et vivent en retrait. Alors qu'un nouveau chef tyrannique construit son empire, un jeune singe entreprend un périlleux voyage pour retrouver les siens.  Pourquoi les réalisateurs ne savent-ils plus trancher dans le vif et réduire la durée de leur film à 2h ? Une demi-heure de moins aurait permis de resserrer l’action et de gagner en rythme, car si les péripéties et les scènes d’action, parfois très brutales, s’enchaînent tout au long de ce parcours initiatique, on frôle l’ennui, sûrement par manque d’originalité : tout est prévisible. Noa est plutôt attachant, de même que Raka. Mae est ambivalente et conserve tous ses mystères, plus que de raison. On sent clairement qu’il y aura une suite et qu’on inaugure une nouvelle trilogie plus portée sur la cohabitation entre les espèces et la politique. Les effets spéciaux, notamment la mot

The fall guy de David Leitch / Vain /

Image
Après un accident qui a failli mettre fin à sa carrière, un cascadeur, anonyme du cinéma à grand spectacle, doit retrouver une star portée disparue, déjouer un complot et tenter de reconquérir la femme de sa vie tout en bravant la mort tous les jours sur les plateaux.  Que penser de ce film ? Je ne le savais pas en sortant de la séance, je ne le sais toujours pas avec certitude en écrivant ces lignes. Hommage évident au métier de cascadeur (ancien métier du réalisateur) et au cinéma en général, il met en avant une mise en abyme au second degré d’un tournage.  Problème, ce second degré outré ne m’a pas fait rire, il m’a paru tomber à plat, dangereusement proche du ridicule. Même le jeu de Ryan Gosling, cabotin, ne colle pas. Emily Blunt s’en sort mieux. La romance palabre trop à mon goût, bien qu’elle fonctionne assez bien. Le scénario alterne action bien fichue et dialogues interminables, parfois emmêlés et donc bizarrement désynchronisés. Le film démarre très lentement, ça prend des p

Petites mains de Nessim Chikhaoui / Enjoué /

Image
En intégrant l’équipe des femmes de chambres d’un palace, Eva fait la connaissance de collègues aux fortes personnalités : Safietou, Aissata, Violette et Simone. Entre rires et coups durs, la jeune femme découvre une équipe soudée et solidaire face à l’adversité.  Inspirée de la lutte des femmes de chambre de palace pour leurs droits qui a eu lieu il y a quelques années, cette comédie sociale met à l’honneur le personnel invisible des établissements de luxe dont le salaire ne vaut même pas le prix de la chambre. Ça ne me gêne pas que certains aient les moyens de se payer une chambre aussi onéreuse, ça me gêne qu’ils méprisent le personnel qui nettoie derrière eux.  Corinne Masiero retrouve un rôle de femme bougonne et revêche qui, heureusement, se nuance au fur et à mesure. Le casting s’avère sympathique et incarne avec énergie ces femmes – et parfois ces hommes – courageuses qui exercent un métier difficile – dont je n’avais d’ailleurs pas imaginé les conséquences physiques, aussi lou

Le tableau volé de Pascal Bonitzer / Élégant /

Image
André Masson, commissaire-priseur chez Scottie’s, reçoit un jour un courrier selon lequel une toile d’Egon Schiele aurait été découverte à Mulhouse chez un jeune ouvrier. Accompagné de son ex-épouse et amie Bertina, et secondé par sa fantasque stagiaire Aurore, il se rend sur place.  Ce début d’année cinématographique s’avérant passablement décevant, Je me suis décidée à aller voir ce film sur la foi de la bande annonce qui m’enthousiasmait. Bien m’en a pris car il s’est révélé être une très bonne surprise, nettement au-dessus du lot de ce premier semestre. C’est une petite œuvre indépendante, sortie assez discrètement, qui évoque certes la tragédie des tableaux volés pendant la seconde guerre mondiale, mais surtout le petit milieu du marché de l’art , moins fasciné par l'art que par l'argent , ultra concurrentiel, cruel. En face, une famille d’ouvriers dépassée, représentée par Martin, un type droit qui a le vertige qu and les montants sont annoncés. Les dialogues, ciselés, ca

Back to black de Sam Taylor-Johnson / Trop lisse, sans âme /

Image
Back to Black retrace la vie et la musique d'Amy Winehouse, à travers la création de l'un des albums les plus iconiques de notre temps, inspiré par son histoire d’amour passionnée et tourmentée avec Blake Fielder-Civil.  Je ne suis pas connaisseuse de la carrière ni de la discographie d’Amy Winehouse, j’apprécie les chansons phare, voilà tout. Du coup, j’étais un peu perdue au niveau de la chronologie, rien n’étant indiqué. On voit une Amy presque toujours alcoolisée, parfois dans des états vraiment dangereux, encore que le film édulcore beaucoup l’état dans lequel on a pu la voir, parfois jusque sur scène, ainsi que ses troubles alimentaires, sa grosse consommation de stupéfiants, ses annulations de concert et ses ennuis judiciaires. L’omniprésence désastreuse des paparazzis est très en filigrane.   Le film illustre surtout la vie personnelle de la chanteuse et notamment sa relation toxique avec Blake Fielder-Civil, sans aborder la partie créative, sinon en lui faisant dire qu