Billy Summers de Stephen King / Un page turner /
J’ai découvert ce livre à la gare, comme souvent. J’étais
passée à côté au moment de sa sortie. Je l’ai commencé chez ma mère et fini en
rentrant chez moi.
Billy Summers, un ancien tireur d'élite de la marine
américaine ayant participé à la guerre d'Irak, gagne sa vie comme tueur à
gages, n'acceptant de tuer que des personnes qu'il estime mauvaises. Alors
qu'il pense à se retirer, Nick Majarian, un gangster pour qui Billy a déjà
travaillé à plusieurs reprises, lui propose un assassinat difficile à refuser...
Stephen Edwin King (1947 - ) a publié son premier roman en
1974 et est rapidement devenu célèbre pour ses contributions dans le domaine de
l'horreur mais a également écrit des livres relevant d'autres genres comme le
fantastique, la fantasy, la science-fiction et le roman policier. Tout au long
de sa carrière, il a écrit et publié plus de cinquante romans, dont sept sous
le pseudonyme de Richard Bachman, et environ deux cents nouvelles, dont plus de
la moitié sont réunies dans neuf recueils de nouvelles. Depuis son grave
accident survenu en 1999, il a ralenti son rythme d'écriture. Ses livres ont
été vendus à plus de 350 millions d'exemplaires à travers le monde et il a
établi de nouveaux records de ventes dans le domaine de l'édition durant les
années 80, décennie où sa popularité a atteint des sommets.
Longtemps dédaigné par les critiques littéraires et les
universitaires car considéré comme un auteur « populaire », il a acquis plus de
considération depuis les années 90. Il a souvent été critiqué pour son style
familier, son recours au gore et la longueur jugée excessive de certains de ses
romans. À l'inverse, son sens de la narration, ses personnages vivants et
colorés, et sa faculté à jouer avec les peurs des lecteurs ont toujours été
salués. Au-delà du caractère horrifique de la plupart de ses livres, il aborde
régulièrement les thèmes de l'enfance et de la condition de l'écrivain, et
brosse un portrait social très réaliste et sans complaisance des États-Unis à
la fin du XXe siècle et au début du siècle suivant.
Il a remporté de nombreux prix littéraires dont treize fois
le prix Bram Stoker, sept fois le prix British Fantasy, cinq fois le prix
Locus, quatre fois le prix World Fantasy, deux fois le prix Edgar-Allan-Poe, et
une fois le prix Hugo et l'O. Henry Award. Il a reçu en 2003 la médaille de la
National Book Foundation pour sa remarquable contribution à la littérature
américaine et, en 2007, l'association des auteurs de romans policiers
américains Mystery Writers of America lui a décerné le titre de « grand maître
». Ses ouvrages ont souvent été adaptés pour le cinéma ou la télévision avec
des fortunes diverses, parfois avec sa contribution en tant que scénariste et,
à une seule reprise, comme réalisateur.
Chez Stephen King, en général, je préfère les nouvelles, que
je trouve plus percutantes, même si j’aime – et parfois j’adore – certains
de ses romans, notamment, parmi ses plus récents, L’institut.
Concernant cet ouvrage, j’étais un peu mitigée au départ,
disons dans l’expectative, d’autant plus qu’il est assez épais et qu’il s’agit
d’un défaut connu de l’auteur : ses romans sont trop longs. Or, je me suis
vite aperçu qu’il s’agissait d’un redoutable page turner, de ceux qui vous
emmènent à deux heures du matin alors que vous vous levez tôt le lendemain
parce que vous voulez connaître la suite. L'écriture est fluide, teintée d'ironie et d'humour noir, voire d'autodérision. Ici, son côté naturaliste ressort
particulièrement puisqu’on suit l’installation d’un tueur à gages sous
couverture dans une petite ville et comment, petit à petit, il se glisse dans
son nouvel univers et se l’approprie. Pas de surnaturel ou juste un clin d’œil puisque
les héros se retrouvent à un moment à proximité des ruines de l’Overlook Hotel.
Parfois, ça s’étire un peu mais c’est cohérent avec l’action, ou plutôt
l’absence d’action. De plus, l’auteur, conscient d’user une trame passablement
éculée, s’en moque à travers son personnage principal, ce qui s’avère assez
marrant et culotté. Les personnages sont bien croqués, Billy, plus malin qu’il
n’y paraît et qu’il le laisse croire, un littéraire sensible caché dans le
corps et la vie d’un tueur, et Alice, pragmatique jeune femme que les principes
n’étouffent pas outre mesure, sont attachants. Le passé de Billy est exploré de
façon à expliquer son cheminement psychologique, tout en permettant à l’auteur
d’évoquer ses sujets favoris : l’enfance et les traumatismes. Si les
propos et l’absence de morale ne m’ont pas choquée, la scène de la vengeance,
ultra-violente, m’a mise mal à l’aise. Comme souvent, King profite de son
personnage, ici écrivain amateur, pour évoquer le processus d’écriture et l’impact
de la littérature sur ceux qui lisent, ce qui est toujours passionnant.
8,5/10
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