10 ans déjà !

Voilà, dix ans de blog. Dix ans de critiques cinématographiques et parfois littéraires. Même si j'avoue avoir ralenti sur ces dernières, faute de temps. 
J'ai raté la millième critique. Je ne peux pas ignorer la décade et ses plus de 1200 articles. Presque 1300 à ce jour.
 
Pour fêter ça, offrons-nous un petit retour en arrière sur les pires flops et les meilleurs tops entre début 2014 et fin 2023. Oui, cette phrase est pétrie de pléonasmes, je sais.  Mais je fais ce que je veux, c'est moi l'auteur. Je m'aperçois qu'autant mes flops sont étayés, autant mes tops relèvent plus du sentimental. Pour une raison ou une autre, je me suis attaché à ces films qui m'ont embarquée dans leur univers. Même si objectivement, ce ne sont peut-être pas les meilleurs films du monde.
 

Mes 5 plus gros flops entre janvier 2014 et janvier 2024

Les 5 pires notes que j'ai données pendant cette décennie. Ouch ! J'ai vu de ces trucs ! 

 

Rendez-vous chez les Malawas de James Huth // Indigent // (2019)

Pour la spéciale Noël de son émission phare Rencontre au bout du bout du monde, Léo Poli emmène non pas un, mais quatre invités exceptionnels. Est-ce vraiment une bonne idée? Nos stars partent à la rencontre des Malawas, une des tribus les plus isolées du monde.

Le film est parfaitement conforme à ce que la bande annonce m'avait laissé présager. Affligeant. Non seulement on ne saura rien de la culture des Malawas, mais on ne saura rien non plus des personnages principaux qui n'ont pas plus d'épaisseur que du carton-pâte. Sylvie Testud, seule femme du casting, s'en sort bien, de même que Mickaël Youn, bizarrement attachant avec son personnage de footballeur crétin et inculte mais véritablement généreux. Ramzi Bedia et Christian Clavier n'apportent rien à la caricature de leur rôle, non plus que Pascal Elbé. François Leventhal morfle beaucoup, on se demande pourquoi et ce qu'il vient faire là. Quant au scénario, sans queue ni tête, voire gênant de néocolonialisme (et pourtant dieu sait si la bienpensance et le politiquement correct m'agacent), il tombe de plus en plus bas dans le n'importe quoi. Alors certes, parfois on rit, un peu, et jaune. Sans oublier que le film a un côté déjà-vu agaçant. Même la photographie et les paysages semblent au rabais. Il y avait pourtant quelque chose à faire avec cette idée de départ qui offrait une belle possibilité de satire de notre société.

2/10

Quand une bonne idée fait pschitt faute d'une bonne direction d'acteurs et d'un scénario digne de ce nom. Sans parler de la fainéantise de la réalisation.

Mother ! // Aussi nébuleux que creux // (2017)

Un couple voit sa relation remise en question par l'arrivée d'invités imprévus, perturbant leur tranquillité.

Je crois qu'il existe de bonnes chances pour ce film détienne la palme du film le plus bizarre de l'année. On n'y comprend rien jusqu'à la toute fin et là encore, même si l'idée générale est saisie, des ombres demeurent. Un deuxième visionnage pourrait permettre de les explorer mais je n'ai aucune envie de m'infliger cela. Le petit dernier d'Aronofsky, qui développe une ambiance angoissante réussie, se déroule dans un huis clos de plus en plus peuplé et de plus en plus étrange. Il se peut que ce soit une revisite hallucinée de la genèse tant du monde que de la création. Il n'est pas vraiment ennuyeux mais comme on ne comprend rien à ce qui se passe, il finit par être agaçant, d'autant que l'étrange vire au grand n'importe quoi dans une apothéose grotesque. Les personnages sont vides, d'une insignifiance troublante : un auteur puéril et déifié, sa femme-enfant-femme de ménage, un couple fantasque et leur progéniture dégénérée. Je ne suis pas sûre d'avoir compris ce que représentent ces quatre là. La performance des acteurs -Jennifer Lawrence, Javier Bardem, Ed Harris et Michelle Pfeiffer- ne les fera pas rougir dans le futur, contrairement à la qualité de l'image. Je suppose que c'est un autre symbole de l'allégorie centrale du film, toutefois, l'image à gros grain, c'est moche, point. Quant à ces gros plans peu flatteurs, on aurait pu s'en passer. La quasi absence de musique sert l'atmosphère glauque, de même que le décor, cette étrange maison. Revenons à la métaphore objet du film : la création d'une œuvre et son appropriation par le public. Si elle reflète l'expérience personnelle du réalisateur, il doit mener une vie triste et douloureuse. Au final un film moche et illisible qui mélange religion à la limite du sectarisme, gore inutile et agressif et allégorie vaseuse.

2/10

Quand un réalisateur se prend la tête pour dire combien il est brillant... ça fait pschitt !


Maps to the stars // Malsain // (2014)

A Hollywood se télescopent les étoiles : Benjie, 13 ans et déjà star, son père, Sanford Weiss, auteur à succès et coach des célébrités, sa cliente, la belle Havana Segrand, qu’il aide à se réaliser en tant que femme et actrice, Agatha, une jeune fille devenue, à peine débarquée, l’assistante d’Havana et le séduisant chauffeur de limousine avec lequel elle se lie, Jerome Fontana, qui aspire à la célébrité. Mais alors, pourquoi dit-on qu’Hollywood est la ville des vices et des névroses, des incestes et des jalousies ? La ville des rêves fait revivre les fantômes et promet surtout le déchainement des pulsions et l’odeur du sang.

Point positif : l'affiche est belle. Sinon... Beurk ! Ce film est épouvantable ! Il est vain, creux, malsain, verbeux sans pourtant rien dire. Cronenberg a de surcroît choisit de hacher sa narration de façon visible : on passe d'une scène à l'autre sans transition et avec une bande-son coupée net. Malgré le talent indéniable des acteurs, Julianne Moore, primée à Cannes, en tête, on ne parvient pas à s'attacher à ces personnages cyniques, auto-centrés, égoïstes, cruels, cinglés, de l'actrice névrosée au gamin devenu star trop jeune qui vire sale con tête à claques, en passant par le coach gourou ou la mystérieuse assistante bien barrée. Ce n'est même pas drôle tant l'ambiance est lourde, poisseuse. Et puis les pseudos saillies humoristiques d'humour noir pipi-caca, non seulement je les ai trouvées vulgaires et inutiles mais en plus c'est du niveau d'un ado mal dégrossi. Schizophrénie, hallucinations, incestes (oui, au pluriel), pédophilie, meurtres, drogues, folie, dialogues d'une inutile crudité, rien, dans ce défilé sordide, n'est épargné au spectateur qui ne peut qu'assister à la chute de ces stars. Le tout, il faut le reconnaître, dans de très beaux décors. Youpi parce que les costumes sont souvent moches. C'est tellement too much que le propos perd en crédibilité. C'est d'autant plus dommage que la présentation de l'envers du décors (gourous, jalousies, drogues, magouilles, agents...) était plutôt intéressante. Et que dire de ces répétitions sans fin d'un poème d'Éluard ? Horripilant. On ressort un peu perturbé de la séance, tendu, mais surtout déçu et agacé.

2/10

L'impression de malaise m'a marquée. La séance était plutôt pénible.


All inclusive // Consternant // (2019)

Planté par sa fiancée à l’aéroport, Bruno s’envole seul pour une semaine dans un club de vacances. Il doit partager sa chambre avec Jean-Paul Cisse, éternel célibataire très envahissant.

Bon, ok, j'ai pris un risque. Mais j'avais vraiment envie de voir un film aujourd'hui en sortant du boulot et celui-là était le seul dont l'horaire collait que je n'avais pas vu. Et puis je me suis dit, ça va me détendre, et puis Dubosc a déjà fait des films potables, par exemple... heu, bon ça ne vient pas là mais il doit y en avoir. Certainement. En revanche, ce n'est pas All inclusive. Pourtant j'avais de l'espoir. Le scénario tient sur une feuille de papier toilette, Dubosc, qui en fait des tonnes, n'arrête pas de parler et pour dire des idioties. Les dialogues indigents à l'humour lourd (enfin je crois que c'était sensé être de l'humour) ne parviennent pas à déclencher le rire. Quelques sourires gênés, et encore. Les acteurs jouent mal, rien ne semble naturel, les clichés se bousculent et s'enchaînent sans répit jusqu'au pathétique. Il faut dire qu'il doit être compliqué de planter un personnage quand il n'a ni passé, ni présent, ni avenir, de pâles figures de carton-pâte à qui il n'arrive absolument rien. Certains ne servent à rien, comme certaines scènes. Et le final ? Sérieusement ? Aucune finesse, aucune subtilité, même pour évoquer des sujets graves comme la solitudes personnes âgées. Un point positif : de beaux paysages antillais.

1/10

Que dire ? Rien, si possible, je préfère éviter de me remémorer quoi que ce soit de ce néant cinématographique.


Enemy // WTF ? // (2014)

Adam, un professeur discret, mène une vie paisible avec sa fiancée Mary. Un jour qu'il découvre son sosie parfait en la personne d’Anthony, acteur, il ressent un trouble profond. Il commence alors à observer à distance la vie de cet homme et de sa mystérieuse femme enceinte. Puis Adam se met à imaginer les plus stupéfiants scénarios... pour lui et pour son propre couple.

Bon. Je n'ai absolument rien compris, de la première à la dernière scène. Rien de rien. La première scène est bizarre, malsaine et flippante. La dernière aussi. Entre ? Le film est glauque, peu dialogué alors que qu'une musique stressante, parfois hors de propos, est omniprésente, genre Hitchcock avant un meurtre, sauf qu'il ne se passe rien. On se demande quand le film va commencer. Jamais. Il ne décolle jamais. La réalisation est prétentieuse et se prend terriblement au sérieux. Le comportement des personnages est incompréhensible. Jake Gyllenhaal, Mélanie Laurent et Sarah Gadon jouent bien, enfin je crois parce que dans la mesure où je n'ai rien compris, je ne suis pas sûre de pouvoir correctement juger leur prestation. Le film met mal à l'aise et la fin ne résout rien. D'un point de vue plus technique, la lumière et les couleurs sont moches, certaines scènes paraissent inutiles. On échafaude des tas d'hypothèses, pendant le film puisqu'on s'ennuie terriblement. Sans réponse probante. Totalement hermétique pour moi et je ne crois pas qu'un bon film nécessite des recherches sur internet. D'ailleurs après explication (vive google), le film paraît toujours aussi nul, la faute au montage, au manque de rythme, à l'aspect particulièrement tordu de la chose.

1/10

Ouuuuuh lalalalala. Je me souviens de mon intense incompréhension pendant tout le film. Je réfléchissais, je retournais tout ça dans ma tête et comme vous pouvez le constater, je n'ai rien compris quand même. La scène de la mygale m'a horrifiée, au-delà de l'incompréhension totale de son objet. A l'image du film.


Mes 5 plus gros coups de cœur entre janvier 2014 et janvier 2024

Peu de 10, trop de 9,5... J'ai dû faire des choix et présenter ceux des 9,5 qui tendaient le plus vers le 10, selon mon cœur. Ensuite le classement se fait de la même façon.


Dernier train pour Busan // Haletant // (2016)

Un virus inconnu se répand en Corée du Sud, l'état d'urgence est décrété. Les passagers du train KTX se livrent à une lutte sans merci afin de survivre jusqu'à Busan, l'unique ville où ils seront en sécurité...

J’avais beaucoup aimé World war Z. Dernier train pour Busan, c'est encore mieux. Plus réaliste, plus humain, plus profond, plus émouvant, plus drôle. Ça commence par un gestionnaire d'actif contraint d'emmener sa fille qu'il délaisse chez son ex à Busan. Il essaie de bien faire mais entre son égoïsme et son boulot, il a du mal à trouver une seconde pour lui accorder son attention. Et le voyage dérape. Des zombies, des vrais qui grognent et qui dévorent à moitié les vivants avant que ceux-ci ne deviennent des zombies à leur tour, envahissent peu à peu le train. D'abord, je les ai trouvés plutôt marrants ces zombies très chorégraphiés, et puis plus du tout en fait. Entre rédemption paternelle et histoire de survie, le film fait lentement mais sûrement monter la pression jusqu'au paroxysme. Il ne rechigne pas à tuer des personnages auxquels le spectateur s'est attaché. Autant prévenir, c'est sanglant. Les maquillages et les effets spéciaux sont très bien faits, sans en faire des tonnes. Les attaques des zombies sont très prenantes. Gong Yoo, Kim Soo-Ahn, Yu-mi Jeong, Dong-seok Ma, et Choi Woo-Shik sont excellents. Ils rendent attachants des personnages qui avaient plus ou moins de potentiel à ce titre. Malgré la tension, l'humour ponctue le film, offrant un peu de relâchement avant d'enchaîner sur l'émotion, sincère et sobre. Il s'offre le luxe de critiquer notre société individualiste mais aussi la finance débridée et de montrer l'effet de groupe dans ce qu'il a de pire. Inventif dans sa réalisation même s'il ne révolutionne pas le genre, il n'ennuie jamais malgré une action située presque entièrement dans un train. Au final, une série B d'horreur hyper bien troussée et intelligente.

9,5/10

Waouh. Une claque.

Crimson Peak // Fascinant // (2015)

Edith Cushing, jeune romancière en herbe, vit avec son père dans l’État de New York. Elle possède le don de communiquer avec les âmes des défunts et reçoit un étrange message de l’au-delà : "Prends garde à Crimson Peak". Une marginale dans la bonne société de la ville de par sa fâcheuse "imagination", Edith est tiraillée entre deux prétendants: son ami d’enfance, le docteur Alan McMichael, et un intrigant baronnet anglais, Thomas Sharpe.

J’ai adoré ce film ! Plus qu’un film d’horreur, c’est un drame horrifique un peu gore sur la fin. L’atmosphère sombre et glauque du château délabré est une merveille, notamment grâce à un travail sur les décors (le manoir qui s’enfonce dans l’argile rouge qui suinte même des murs, avec sa toiture percée et son architecture gothique) et la lumière. Les fantômes ont une esthétique novatrice et superbe, un brin flippante mais pas trop. On frissonne pour l’héroïne, on sourit aussi de temps à autre parce que le scénario n’est pas dénué d’humour noir. Certes, le pot aux roses devient vite évident. Cependant, ce n’est pas ce qui compte car Del Toro s’intéresse surtout à ses personnages à leur psychologie, à leurs contradictions. Mia Wasikowska campe une jeune femme qui se veut moderne mais est éblouie par l’image du prince charmant. Son personnage est aussi courageux et ne passe pas son temps à hurler, ça c’est vraiment chouette. Elle est naïve mais évolue vers la maturité. Tom Hiddleston est magnétique en aristocrate désargenté pris en étau entre les deux femmes de sa vie. Jessica Chastain, à la fois vénéneuse et glaciale, convainc loin des autres rôles qu’elle a pu jouer, de même que Charlie Hunnam, impeccable, que j’ai mis un temps fou à reconnaître. La fin est émouvante. Un bel hommage au gothique anglais.

9,5/10

Sexy, d'une esthétique sublime, bourré de petits détails. Ce manoir qui suinte l'argile rouge...

Loving // Superbe // (2017)

Mildred et Richard Loving s'aiment et décident de se marier. Sauf qu'il est blanc et qu'elle est noire dans l'Amérique ségrégationniste de 1958. L'État de Virginie où les Loving ont décidé de s'installer les poursuit en justice.

On a beau savoir comment cela se finit, ça a beau être classique, on s'attache et on s'inquiète pour ce couple atypique. Lui, est un doux géant taiseux, elle est son point d'ancrage, celle qui a toujours le dernier mot au final (ce qui a constitué pour moi une sorte de running gag pendant tout le film). Joel Edgerton est génial : tout impressionnant qu'il soit, il a parfois l'air d'un gamin qui a peur de prendre un coup. Il a un regard incroyable et laisse éclater la luminosité de sa partenaire. Ruth Negga joue sur une large palette de sentiments avec beaucoup de nuances et d'intelligence. Leur alchimie, tangible, sert le propos. Ils forment un couple très tendre, très attachant, qui, tel un roseau, plie mais ne rompt pas. Sa résilience force l'admiration d'autant qu'il est dépourvu d'héroïsme ou de volonté d'exposition médiatique, contrairement à leurs avocats concernés par leur cas mais aussi par ses retombées. Michael Shannon fait une apparition en forme de clin d'œil pour venir prendre une photo touchante. Nichols filme sobrement le quotidien et les péripéties de ce couple simple qui n'aspire qu'à une vie tranquille sans revendiquer quoi que ce soit. Il réussit à émouvoir sans jouer sur le pathos, ni trop en faire sur le racisme. On parle ici d'un racisme légal, presque sans violence, mais si injuste qu'il en devient insupportable. Qu'ont fait les Loving qui met l'État de Virginie en danger ? Rien, ils s'aiment, énormément. On voit peu le combat, pourtant réel, des avocats pour leur cause, on en voit seulement les effets pour eux, entre espoir et découragement. Les paysages se font discrets, sans extraordinaire, mais filmés avec élégance et une belle lumière.

9,5/10

Une merveille d'intelligence et de sensibilité dans une peinture douce d'un quotidien parfois dramatique. Et les acteurs !!!

Une promesse // Topissime // (2014)

Allemagne, 1912. Un jeune diplômé, d’origine modeste, devient le secrétaire particulier d’un homme âgé, patron d’une usine de sidérurgie. L’état de santé du patron se dégrade et lui impose de rester à domicile. Il y accueille le jeune homme pour travailler. L’épouse du patron est une femme de trente ans, belle et réservée. Le jeune homme s’éprend d’elle, sans oser révéler ses sentiments. Dans le huis-clos de la demeure, couve cette passion amoureuse, sans geste ni parole, tout en regards et en silences.

Ou comment l'ambition, les convenances, le devoir et le destin peuvent empêcher un amour inattendu. Inattendu parce que leurs conditions sociales, leurs âges, éloignaient la femme mariée fidèle et le jeune ingénieur ambitieux, parce que le mariage des Hoffmeister semblait heureux. La fin ne respecte pas celle du livre, c'est sans doute le seul reproche que je puisse faire à ce film brillant, car c'est un peu trahir le message de Zweig. C'est dommage mais cela n'ôte rien à la beauté du film. La mise en scène, classique, se concentre sur les visages. Le début, fait de scènes très brèves, peut déconcerter mais le spectateur est vite immergé dans cette maison bourgeoise, où l'on s'aime et souffre en silence. Chaque geste, chaque regard, chaque silence a un sens, une élégance cachée, une grâce. La reconstitution, les décors et les costumes sont bons, la musique excellente. Rebecca Hall, Richard Madden et Alan Rickman -impérial comme toujours- sont absolument parfaits, tout en subtilité, en réserve et pourtant expressifs. Certaines scènes sont saisissantes (la discussion commerciale pendant que Lotte joue, l'annonce du départ, la crise de nerfs de Lotte consolée par son mari).

9,5/10

Tout film avec Alan Rickman mérite mon attention (oui, même ceux qui ne sont pas terribles) et celui-là était si élégant. Surnoté ? Peut-être. M'en fiche, j'ai de l'affection pour ce film.

Miss Peregrine’s house for peculiar children // Magique // (2016)

À la mort de son grand-père, Jacob découvre les indices et l’existence d’un monde mystérieux qui le mène dans un lieu magique : la Maison de Miss Peregrine pour Enfants Particuliers. Mais le mystère et le danger s’amplifient quand il apprend à connaître les résidents, leurs étranges pouvoirs … et leurs puissants ennemis. Finalement, Jacob découvre que seule sa propre "particularité" peut sauver ses nouveaux amis.

Burton excelle dans l'opposition entre la normalité un peu morne, trop banale, et l'extraordinaire à la fois plus sombre et magnifique. On débute en Floride, dans un monde qui a l'air normal, avant de partir au Pays de Galles qui abrite une charmante vieille maison peuplée de gens étranges. Eva Green, sublime, campe une gouvernante à la fois inquiétante et protectrice. Asa Butterfield joue de façon convaincante le jeune héros qui se croit normal jusqu'à ce qu'il découvre la vérité sur sa famille. Ella Purnell, avec ses yeux immenses et une grâce qui sied parfaitement à sa particularité, apporte une touche de douceur et d'étrangeté. Ils sont secondés par l'inquiétant Samuel L. Jackson, la discrète Judi Dench, l'énergique Terence Stamp, et tous les enfants dotés de particularités, pour le moins... particulières (je ne précise pas pour préserver la surprise). Ils évoluent dans un univers parfaitement retranscrit entre horreur et ravissement, bourré de détails. Les effets spéciaux, toujours au service de l'intrigue, sont superbes. Le filme alterne entre scènes d'action efficaces et élégante mélancolie poétique. Au fond, ce que vivent ces enfants est assez triste, ils sont éternellement bloqués dans une boucle temporelle sans jamais grandir ni vivre leur propre vie. Les enfants sont tour à tour drôles et inquiétants, comme le scénario qui regorge de détails. J'ai relevé une toute petite incohérence technique mais je m'en fiche totalement tellement ce film est génial, généreux et visuellement épatant. Oui, ce film a sans doute des défauts, il ne permet notamment pas de développer beaucoup les personnages secondaires, contrairement au roman sans doute, mais il parvient à emporter le spectateur dans son univers onirique et bizarre. Tim Burton revient sur ses thèmes favoris, l'étrangeté, la transmission et l'acceptation, et c'est pour le mieux. L'un de ses meilleurs films. J'ai bien envie de lire le livre maintenant.

10/10

Magie, poésie, esthétique. Bourré de défauts, peut-être mais aussi et surtout de charme. J'ai acheté le livre, j'ai regretté une adaptation aussi réductrice. 


 





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