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Affichage des articles du 2024

Une part manquante de Guillaume Senez / Mélancolique /

Tous les jours, Jay parcourt Tokyo au volant de son taxi à la recherche de sa fille, Lily. Séparé depuis 9 ans, il n’a jamais pu obtenir sa garde. Alors qu’il a cessé d’espérer la revoir et qu’il s’apprête à rentrer en France, Lily entre dans son taxi…  J’y suis allée sur le nom de l’acteur principal et un visionnage de bande-annonce car je n’ai pas vu de promo pour ce petit film qui se passe au Japon et comprend d’ailleurs de beaux plans de Tokyo. Il évoque les difficultés des parents séparés face à la loi japonaise sur la garde des enfants, et c’est pire lorsque l’un des parents est étranger. On suit le parcours désespéré et mélancolique de Jay qui trouve enfin une lueur d’espoir. Incarné par un Romain Duris attendrissant, sensible et qui semble maîtriser le japonais à la perfection, il épaule d’autres paumés de la parentalité dont une explosive Judith Chemla. Malheureusement, les personnages secondaires sont à peine esquissés, dommage ça aurait donné de la profondeur au film. Ici c’

En tongs aux pieds de l'Himalaya de John wax / Touchant /

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Pauline est la maman d’Andréa, un petit garçon formidable à qui on a diagnostiqué un trouble du spectre autistique. Il n’est pas vraiment au niveau mais il est toujours scolarisé. Pour Pauline, sans revenu fixe et récemment séparée de Fabrice, le père d’Andréa, tout semble concourir à faire de sa vie une succession d’échecs.  Le sujet peut faire peur, la trame est convenue, mais il est traité avec sobriété et justesse. Le film est un heureux mélange de drôlerie, de cocasserie et de dureté. Car il n’élude rien des difficultés de cette mère submergée par les emmerdes entre un ex paternaliste, un père absent, un frère largué, un fils autiste, une enseignante peu compréhensive et une crise de la quarantaine carabinée. Parfois, elle fait n’importe quoi, parfois elle n’en peut plus, et puis, parfois, il y a de la lumière, un moment parfait. Audrey Lamy fait merveille et parvient à nous faire partager son découragement et son impression de submersion. Le reste du casting fonctionne hyper bien

Gladiator 2 de Ridley Scott / Un péplum généreux /

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Des années après la mort de Maximus, Lucius vit paisiblement en Numidie avec sa femme. Un général romain aux ordres d’un duo d’empereurs tyranniques conquiert ce territoire. Lucius devient un esclave gladiateur plein de rage, conseillé par un marchand d'esclaves - propriétaire de ludus plein d'ambition.  On prend les grandes lignes du premier, on remplace deux acteurs bankables par trois autres, on garde la seule actrice, on rajoute des combats sur l’eau (avec des effets spéciaux numériques assez laids) et voilà le deux. Est-ce que ça fonctionnerait avec des têtes d’affiche moins charismatiques ? Carrément pas. Paul Mescal impose sa présence compacte, son adorable sourire de guingois, ses jolis yeux bleus et sa voix rauque, face à Pedro Pascal, sobre, Connie Nielson, juste, et Denzel Washington, machiavélique à souhait. Le duo d’empereurs cinglés de rigueur en fait des tonnes, horrifie autant qu’il amuse. Les scènes de combat sont bien chorégraphiées. Bon, 2h20, c’est un peu lo

The substance de Coralie Fargeat / Écœurant et grotesque /

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Avez-vous déjà rêvé d’une meilleure version de vous-même ? Vous devriez essayer ce nouveau produit : the substance. Il a changé ma vie. Il permet de générer une autre version de vous-même, plus jeune, plus belle, parfaite. Respectez les instructions, il suffit de partager le temps. C’est si simple, qu’est-ce qui pourrait mal tourner ? C'est évident ce qui va mal tourner. Ce film est terriblement prévisible, et à la fin, on en vient à souhaiter que ce qu'on prévoit arrive enfin. Si l'objectif de la réalisatrice était de nous mettre mal à l'aise, c'est réussi. Très réussi même. Je crois qu'il n'y a que deux films qui m'aient à ce point dérangée. Il y a une bonne idée de départ : cette actrice reconvertie dans le fitness, belle encore, mais que sa cinquantaine rend has been dans un milieu masculin toxique et qui se hait elle-même au point de vouloir être une autre, meilleure. Cette autre version d'elle-même se révèle être une garce égoïste et superficie

Louise Violet d’Éric Besnard / Édifiant /

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1889. Envoyée dans un village de la campagne française, l’institutrice Louise Violet doit y imposer l’école de la République. Une mission qui ne la rend populaire ni auprès des enfants… ni auprès des parents.  Il s’agit d’un film historique classique, doté d’une belle reconstitution, d’un bon casting et bénéficiant de beaux décors naturels. Le scénario aurait mérité un peu plus de subtilité et de tension. Sur un rythme assez mou et malgré des situations convenues, il dresse le portrait d’une institutrice engagée, citadine perdue dans une campagne hostile au milieu de paysans sans instruction et fort préoccupés de la terre plus que de savoir lire, formidable Alexandra Lamy. Elle évolue aux côtés de Grégory Gadebois en colosse esseulé au cœur tendre, Jérôme Kircher en postier très curieux et Jeremy Lopez en paysan malchanceux. Cet hymne à l’école républicaine, gratuite, laïque et obligatoire revient sur les bienfaits de l’école et rappelle son pouvoir libérateur.  7/10

Anora de Sean Baker / Survolté /

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Anora, jeune strip-teaseuse de Brooklyn, se transforme en Cendrillon des temps modernes lorsqu’elle rencontre le fils d’un oligarque russe qu’elle épouse très vite. Lorsque la nouvelle parvient en Russie, les parents du jeune homme partent pour New York avec la ferme intention de faire annuler le mariage...  Je me méfie toujours des films primés à Cannes, en général, ce n’est pas mon style. La surprise est plutôt bonne. Le film est composé de trois parties avec des ambiances différentes homogénéisées par le grain seventies de l’image : la fête (sex, drug & shit music), l’opposition et le road-trip urbain dans Brighton, déjantés, pleins d’humour et enfin l’arrivée des parents, pleine de désillusion et d’ironie. Les deux premières parties auraient pu être écourtées car elle finissent par tourner en rond et globalement le film resserré sur 2h, ça aurait évité quelques baisses de tension. Le final est très fort grâce aux deux personnages concernés, émouvants l’un et l’autre, elle dans

Juré n°2 de Clint Eastwood / Intense et ambigu /

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Alors qu'un homme se retrouve juré d'un procès pour meurtre, il découvre qu'il est à l'origine de cet acte criminel. Il se retrouve face à un dilemme moral entre se protéger ou se livrer.  Clint Eastwood revient avec élégance, après deux films qui m’ont déçue, avec un drame judiciaire intense et nuancé sur ce qui est juste, ce qui fait un homme bien et la culpabilité. Le film est un peu long mais conserve un admirable suspense jusqu’à la fin, énigmatique et frustrante. Le casting est excellent et impliqué – Nicolas Hoult, subtil, Toni Colette, brillante, Zoey Deutch, émouvante... Malgré le caractère vraiment prenant et une esthétique réussie (photographie et travail des contrastes de couleurs), je regrette un certain manque d’émotion, notamment parce que les personnages s’avèrent peu sympathiques : de la procureur carriériste à la victime gueularde, en passant par les jurés plus préoccupés par l’idée d’en finir le plus vite possible que par la vie de l’homme dont le sor

Venom : the last dance de Kelly Marcel / Indigent /

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Eddie et Venom sont en cavale. Chacun est traqué par ses semblables et alors que l'étau se resserre, le duo doit prendre une décision dévastatrice qui annonce la conclusion des aventures d'Eddie et de Venom.  Ok, là, c’est vraiment un carnage ! Rien ne va. Du scénario décousu et vide d’enjeu, aux effets spéciaux sous forme de bouillasse numérique en passant par les personnages inutiles en carton-pâte, les acteurs peu concernés, les incohérences en veux-tu, en voilà, la VF immonde, les dialogues à l’avenant. Tom Hardy ne semble même plus vraiment s’amuser, même s’il assure toujours en costard et en « tonton » rassurant (seule scène où il s’avère attendrissant), et ce malgré un personnage qui n’évolue pas d’un iota. Les autres acteurs ne peuvent pas faire grand-chose de leurs caractéristiques limitées (l’une a perdu un frère, l’autre porte une broche sapin de Noël toute l’année, un autre est un militaire attaché à ses hommes, un autre un père de famille loufoque, et c’est tout).

Monsieur Aznavour de Grand Corps Malade, Mehdi Idir / Intéressant mais sage /

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Fils de réfugiés, petit, pauvre, à la voix voilée, on disait de lui qu’il n’avait rien pour réussir. À force de travail, de persévérance et d’une volonté hors norme, Charles Aznavour est devenu un monument de la chanson.  Je ne connaissais pas grand-chose de l’histoire d’Aznavour, sinon son lien avec l’Arménie et le fait qu’il avait été le secrétaire d’Édith Piaf dans sa jeunesse. Ce biopic à la reconstitution riche permet d’en savoir nettement plus la vie d’Aznavour, notamment ses débuts, extrêmement laborieux par ailleurs. J’ai ressenti deux problèmes de minutage sur le déroulement : d’une part, le scénario s’étend trop sur la jeunesse, ce qui génère aussi un problème de chansons, on ne connaît pas du tout celles qu’il chantait avec Pierre Roche et elles sont terriblement datées, d’autre part, le film s’arrête sur une note négative pendant la gloire de l’artiste, si bien que nombre de chansons attendues ne sont pas présentes ou en pot-pourri sur le générique de fin – frustrant – et d

L'amour ouf de Gilles Lellouche / Généreux et foisonnant /

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Les années 80, dans le Nord de la France. Jackie et Clotaire se rencontrent devant le lycée ; elle étudie, il traîne. C'est l'amour fou mais le destin en décide autrement.  Il faut avoir une sacrée confiance dans son film pour le laisser durer 2h40. Parce que quand même, c’est long (surtout au milieu). Mais ça fonctionne. Après un premier coup d’essai en solo réussi, Gilles Lellouche prouve qu’il est un grand réalisateur. Son film ne manque pas de défauts, pourtant il est terriblement attachant. Ses personnages sont des écorchés vifs, lui tout en rage plus ou moins contenue, elle décalée, perdue, qui s’aiment passionnément mais sans trop d’effusions. D’ailleurs, aucune vulgarité, aucun voyeurisme dans la réalisation soignée, élégante qui montre la beauté des paysages du Nord aussi bien que le jeu des regards, soutenue par une B.O au top. Mallory Wanecque, Adèle Exarchopoulos, Malik Frikah et François Civil campent ces personnages fêlés, parfois fracassés, avec brio. Dommage que

Le robot sauvage de Chris Sanders / Magnifique et généreux /

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L’unité ROZZUM 7134, alias “Roz”, fait naufrage sur une île déserte. Elle doit apprendre à s'adapter à un environnement hostile en nouant petit à petit des relations avec les animaux de l'île et finit par adopter un oison orphelin.  La bande annonce était alléchante, et, même si elle montre trop du film, n’est pas déceptive. C’est une vraie réussite Dreamworks. L’animation est magnifique. Elle m’évoque un peu la poésie d’un Miyasaki avec des touches impressionnistes qui changent et donnent un côté onirique. L'île est superbe, très agréable et pleine de détails. Le scénario est assez linéaire, quoique cohérent, touchant, drôle, rythmé et bien construit. Il propose un message clair : pour survivre, il faut lutter contre son individualisme naturel et s’unir. C’est joli, idéaliste, mais joli. Le sous-texte sur la transcendance et la transmission plaira aux plus grands qui pourraient interroger un peu la qualité des dialogues et le dépassement vraiment peu réaliste de l’instinct

The apprentice d'Ali Abbasi / Édifiant /

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Le film retrace l'ascension vers le pouvoir du jeune Donald Trump grâce à un pacte faustien avec l'avocat conservateur et entremetteur politique Roy Cohn. Je ne pense pas que ce film fasse changer d’avis les spectateurs sur Trump.  Personnellement, je ne l’aime pas. Il est presque tolérable quand il était jeune, ambitieux, un peu visionnaire, déjà obsédé par ses cheveux mais pas aussi sûr de lui. Puis il acquiert assurance et jusqu’au-boutisme, la violence aussi, verbale ou physique et il devient insupportable. Ce qui fait du personnage de Roy Cohn un personnage nettement plus attachant, quoiqu’il soit un salopard fini, c’est dire. D’ailleurs, le réalisateur développe ce personnage inquiétant, presque autant que Trump même s’il a moins de background. Sebastian Stan et Jeremy Strong campent avec maestria deux rastignacs prêts à tout pour réussir et obtenir du pouvoir. Visuellement, le fait d’avoir une image différente dans les années 70 et 80, c’est malin mais souvent laid. Malg

Lee Miller d’Ellen Kuras / Classique mais fort /

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Lee Miller, ex-modèle pour Vogue et muse de Man Ray, évoluant dans un milieu intellectuel et artistique des surréalistes, devient l’une des premières femmes photographes de guerre. Partie sur le front et prête à tout pour témoigner des horreurs de la Seconde Guerre, elle a, par son courage et son refus des conventions, changé la façon de voir le monde.  Les biopics ont souvent tendance à verser dans l’hagiographie, ce n’est pas – totalement – le cas ici. Lee Miller est présentée sous un jour favorable : déterminée, volontaire, libre, elle ne lâche rien mais ses défauts ne sont pas occultés : elle boit, se drogue, n’en fait qu’à sa tête, prend des risques insensés. Il dit peu de la dépression et du TSPT d’après, disons que c’est suggéré ; quant à la relation avec David Scherman, le scénario laisse un flou qui ne me paraît pas tout à fait honnête avec la réalité. La réalisation est classique, académique, même si elle tente un petit suspense avec l’interview et si la photographie est supe

Quand vient l'automne de François Ozon / Trouble et un peu ennuyeux /

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Michelle vit sa retraite paisible dans un village de Bourgogne, pas loin de sa meilleure amie Marie-Claude. À la Toussaint, sa fille Valérie lui rend visite pour déposer son fils Lucas pour les vacances. Mais rien ne se passe comme prévu.  Avec Ozon, j'ai une relation cinématographique en dents de scie : parfois j'adore, parfois je déteste, plus rarement je reste entre deux eaux. Là, je suis indécise. J'aime les acteurs principaux, qui, tous, sont excellents, d'Hélène Vincent, magnifique de nuances, à Josiane Balasko en passant par Pierre Lottin, génial de trouble, toujours au bord du précipice entre violence rentrée et tendresse bourrue, et Ludivine Sagnier. Les décors sont chouettes, l'histoire intéressante entre non-dits, passé familial qui ne passe pas et vieillesse qui étend son ombre. Alors quoi ? C'est trop long, souvent il ne se passe rien et certaines scènes ne mènent à rien. Le début s'étire inexplicablement dans une mise en place sans fin qui o

Les barbares de Julie Delpy / Décevant /

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Dans un élan de solidarité, les habitants de Paimpont acceptent d'accueillir des réfugiés ukrainiens. Sauf que les réfugiés qui débarquent sont… syriens ! Et certains, dans ce petit village breton, ne voient pas l’arrivée de leurs nouveaux voisins d’un très bon œil. J'avais des espoirs pour ce film car, pour moi, la réalisatrice est synonyme de cinéma populaire intelligent. Honnêtement, je suis déçue. Je me suis ennuyée dans cette succession de scénettes plus ou moins drôles, plus ou moins intéressantes. Les personnages constituent des caricatures détestables : la prof hystérique, le beauf raciste et macho, la femme trompée, le politicien pleutre et opportuniste... Seule la famille syrienne y échappe, plutôt attachante dans le portrait d'urbains éduqués paumés dans une campagne hostile. J'ai peu ri, d'autant que les bonnes répliques se trouvent dans la bande-annonce. Le scénario est limité, ne suit pas les pistes qu'il propose, c'est dommage. On ne peut déni

Joker : Folie à deux de Todd Phillips / Inégal /

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À quelques jours de son procès pour les crimes commis sous les traits du Joker, Arthur Fleck rencontre le grand amour et se trouve entraîné dans une folie à deux.  J’avais moyennement aimé le premier opus, et même si j’ai un peu plus apprécié celui-ci, mes reproches seront sensiblement les mêmes je crois. À savoir, une longueur excessive avec une construction assez répétitive, des personnages secondaires à peine esquissés. Seule Lee est un peu plus esquissée, sous forme d’une psychopathe manipulatrice asse loin des comics. Harvey Dent est présenté comme un procureur arriviste et arrogant, et c’est tout. L’avocate est compatissante, le gardien brutal et méprisant, et c’est tout. Quant au Joker, il reste un type profondément pathétique qui s’invente parfois une vie. Cette fois, il le fait beaucoup en chanson, même s’il chante aussi dans la réalité. Les passages chantés sont correctement amenés et chantés même si aucun morceau n’est particulièrement mémorable. La performance de Joaquin Ph

Week-end à Taipeï de George Huang / Un bon film popcorn /

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John Lawlor, agent de la DEA dévoué à son travail, retrouve Joey Kwang, épouse d’un homme d’affaires douteux, à Taipeï, autour de la recherche de preuves pour faire tomber ledit homme d’affaires.  J’adore les séries B d’action. Celle-ci lorgne du côté des années 90-2000, pas étonnant de la part d’une production Luc Besson. Le scénario est prévisible et déjà vue, les effets spéciaux très inégaux (les incrustations sont d’une laideur !). Pourtant, c’est efficace, décomplexé, fun, en plein milieu d’une ville superbe et méconnue. Les acteurs, Luke Evans, Gwei Lun Mei, Sung Kang, sympathiques, campent des personnages attachants. Les combats et courses-poursuites satisfont le besoin d’action. Basique, mais terriblement efficace.  7,5/10 

L'heureuse élue de Franck Bellocq / Prévisible mais satisfaisant /

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Pour soutirer de l’argent à ses parents, Benoît se retrouve à proposer le rôle de sa fiancée à Fiona, son chauffeur Uber ! La jeune femme, au tempérament impulsif et sans filtre, détonne dans la famille bourgeoise de Benoît.  J’y suis allée sans rien savoir, par pure boulimie cinématographique. Pour une comédie française traditionnelle, pas mal. Lionel Erdogan a un certain charme, Camille Lellouche en fait des tonnes mais amuse, Michèle Laroque et Gérard Darmon restent sobres, dans des rôles un peu différents de ce qu’ils font d’habitude (un peu), entourés par Amaury de Crayencour, toujours excellent en connard veule, et Clémence Bretécher, parfaite en garce carriériste. Les personnages sont de purs stéréotypes, ils manquent clairement de profondeur. Il manque aussi une alchimie amoureuse entre les deux acteurs principaux qu’on imagine volontiers meilleurs potes mais pas engagés dans une relation à potentiel érotique. D’ailleurs le film surfe énormément sur les clichés, avec plus ou mo

Speak no evil de James Watkins / Saisissant /

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Une famille américaine passe le week-end dans la propriété d'une charmante famille britannique rencontrée en vacances. Mais ce séjour qui s’annonçait idyllique se transforme rapidement en atroce cauchemar.  Plus qu’un film d’épouvante, ce remake d’un film danois (que je n’ai pas vu) est un thriller psychologique qui joue de la lutte des classes et de la personnalité de ses protagonistes. Entre masculinité toxique, apparences trompeuses et effritement des convenances, deux couples s’affrontent dans une ambiance de moins en moins feutrée quand peu à peu le vernis civilisé craque. James McAvoy, saisissant, et Mackenzie Davis prennent le lead, l’un en homme fantasque et tyrannique visiblement habité par de nombreux traumatismes se montrant de plus en plus inquiétant, elle en femme volontaire et mère surprotectrice qui s’affirme peu à peu. Ils sont efficacement secondés par Aisling Franciosi et Scoot McNairy, elle en femme soumise et douce en apparence, lui en mari qui a abandonné. Malg

Beetlejuice Beetlejuice de Tim Burton / Amusant /

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Après une tragédie, la famille Deetz revient à Winter River. Toujours hantée par le souvenir de Beetlejuice, Lydia voit sa vie bouleversée lorsque sa fille Astrid, adolescente rebelle, ouvre accidentellement un portail vers l’Au-delà… On prend presque les mêmes et on recommence, même si les personnages sont moins hystériques. Il y a des évolutions, et de bonnes idées, malheureusement pas toujours assez développées. Si celle de conserver le côté arty, carton-pâte tout en améliorant les effets spéciaux qui avaient quand même bien vieilli dans le premier, fonctionne à merveille, clairement l’acteur-policier, incarné par Willem Dafoe, aussi intrigant que cinglé, et l’ex-épo use, campée par la vamp Monica Bellucci, sont complètement sous-exploités, au profit d’une intrigue un peu dispersée. Cependant, c’est amusant, vulgaire et enfantin à la fois, grave et pourtant léger, sombre et coloré, bref du Burton pur jus, c’est déjà ça. On retrouve vraiment ses obsessions et son style. Il dit qu’il

Le fil de Daniel Auteuil / Laborieux /

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Depuis qu’il a fait innocenter un meurtrier récidiviste, Maître Jean Monier ne prend plus de dossiers criminels. La rencontre avec Nicolas Milik, père de famille accusé du meurtre de sa femme, le touche et, convaincu de l’innocence de son client, il est prêt à tout pour lui faire gagner son procès aux assises.  Je n’avais pas vu la bande-annonce, j’y suis allée sur le synopsis et le nom des acteurs. Force est de constater que je plus sévère que la critique. Je me suis ennuyée ! Beaucoup. J’ai somnolé, un peu, d’autant que la musique est répétitive. Le personnage de Milik est intéressant mais finalement peu creusé. L’avocat n’est que ça, il n’a pas d’autre facette et le rôle de sa femme n’est là que pour le montrer, sans rien apporter ou presque (c’est dommage pour l’excellente Sidse Babett Knudsen). D’ailleurs, pas de seconds rôles, peu d’approfondissement et en parallèle, des scènes parasites de tauromachie ou de nature (sans rapport) qui allongent inutilement ce film trop long. En ce

À l'ancienne d'Hervé Mimran / Affligeant /

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Deux vieux amis vivant sur une  île bretonne découvrent que l'un des habitants a gagné le gros lot à la loterie nationale. Ils se mettent à la recherche du mystérieux gagnant qu'il découvrent mort, ticket en main. Ils décident d’organiser une arnaque pour prendre sa place.  La moitié du film tient dans le synopsis, c'est déjà un problème. Parmi d'autres. Je ne m'attendais pas à grand chose, j'accompagnais ma mère. À elle, le film a plu. À moi, nettement moins. Pas du tout. Il n'y a pas grand chose qui va, malgré une idée de départ prometteuse. Las ! Les comédiens, au mieux, cabotinent, au pire, jouent à côté de leurs rôles. Le scénario ne tient pas la route : pas de rebondissement, c'est plat, certaines pistes sont inexplorées (par exemple l'auteur parisien dont le personnage n'intervient pas dans "l'intrigue" principale et ne génère même pas d'intrigue secondaire, seulement deux ou trois scènes sans conflit ni intérêt). Les

Fêlés de Christophe Duthuron / Gentillet /

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L'Arc-en-ciel, authentique lieu associatif à Marmande, accueille des personnes ordinaires mais violentées par la vie. Quand on menace de les expulser, un élan de solidarité s'organise autour de Pierre, le fondateur, pour sauver cette maison d’accueil unique.  Cette comédie dramatique gentillette pêche gravement par son scénario bien trop léger et dépourvu d'enjeu et qui ne donne pas corps à toutes ses possibilités. Cependant, il a le mérite de pointer un vide institutionnel : que fait-on des gens qui ne sont pas "fous" mais pas non plus capables de se débrouiller seuls ? Cette association comble le vide comme elle peut, avec les moyens du bord. Les acteurs sont sympathiques, d'ailleurs tout l'est. On n'a pas envie de démolir ce film parfois amusant et toujours tendre car il déborde de bonnes intentions. Néanmoins, tout sympathique qu'il soit, on ne peut pas dire qu'il soit bon non plus. 5/10

La nuit se traîne de Michiel Blanchart / Nerveux /

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Ce soir-là, Mady, étudiant et serrurier la nuit, ouvre la mauvaise porte et devient accidentellement complice d'une affaire de grand banditisme. Au cœur d’une ville en pleine ébullition, Mady n'a qu'une nuit pour se tirer d'affaire.  Sans avoir vu la bande-annonce, j'éprouvais quelques craintes quant au contenu. J'y suis allée sur la présence secondaire de Romain Duris. J'ai été très agréablement surprise dès le début qui met tout de suite dans l'ambiance, tendue, nerveuse, d'une ville au bord de l'implosion. L'atmosphère tient sur la durée, ne laissant le spectateur respirer que lors de brèves incursions humoristiques bien vues et bienvenues. L'action est resserrée sur une nuit, en lien avec la vieille chanson de Petula Clark qui donne son nom au film. Les acteurs sont bons, notamment Jonathan Feltre, Jonas Bloquet et Romain Duris, à contre-emploi. Jusqu'au bout, le suspense tient, on sent que tout peut arriver. D'ailleurs la f

The crow de Rupert Sanders / Prenant /

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Eric et sa petite-amie Shelly sont sauvagement assassinés par un gang de criminels. Mais une force mystérieuse ramène Eric d'entre les morts, qui, doté de pouvoirs surnaturels, entreprend de se venger pour sauver son véritable amour.  J'ai un souvenir vague mais affectueux de la série diffusée vers 2000, je ne crois pas avoir vu le film avec Brandon Lee, je n'ai pas lu les comics et je me souviens très vaguement d'un film où Vincent Perez porte le maquillage du corbeau. On peut reprocher au film de démarrer lentement pour longuement exposer le passé – le passif ? – des personnages, leur rencontre et leur relation. Deux paumés se rencontrent, s'aiment passionnément – scènes hot mais pas vulgaires, puis meurent brutalement. Fin du mélo, début de la violence, expressionniste, graphique. La mythologie est basique, mais efficace, elle diffère toutefois de la série et des comics. Les acteurs sont top. Bill Skarsgard, charismatique, emporte de nouveau l'adhésion dan

Jamais plus - It ends with us de Justin Baldoni / Sirupeux mais efficace /

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Lily Bloom surmonte une enfance traumatisante en ouvrant à Boston une boutique de fleurs. Elle rencontre le charmant neurochirurgien Ryle Kincaid, qui n'est pas aussi lisse qu'il le paraît. Lorsqu’Atlas Corrigan, son premier amour, réapparait soudainement dans sa vie, sa relation avec Ryle est bouleversée.  J'ai été surprise par la naïveté et le manque de maturité de Lily, incarnée par une actrice largement trentenaire. Le comportement autoritaire et insistant de Ryle constitue un repoussoir très efficace malgré son physique avantageux. Cela dit, le film a pas mal de qualités : un bon casting, notamment les excellentes Blake Lively – et ses faux cils même au réveil – et Jenny Slate, de beaux paysages avec de magnifiques plans de Boston, une bonne B.O. Les dialogues manquent de caractère (pour ne pas dire de fond) mais l'histoire et suffisamment intéressante, quoique prévisible, pour conserver l'attention. Au final, la bluette du début, un peu niaise, gagne en int

Blink twice de Zoé Kravitz / Outré et prenant /

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Quand le milliardaire Slater King rencontre Frida, c’est le coup de foudre. Invitée sur son île privée, elle y découvre des soirées décadentes où le champagne coule à flots. Mais des événements étranges se produisent et Frida doit découvrir la vérité si elle veut sortir vivante de cette fête.  Cette fable décoiffante et cruelle sur la masculinité toxique, la parfaite misogynie de certains spécimens et les abus constitue un début prometteur pour Zoé Kravitz. Le début est sympa, puis les répétitions de la fête permanente s'installent, enfin le final explose dans une apothéose de violence passée et présente. Je regrette quelques facilités et quelques ficelles apparentes. J'ai plusieurs fois pensé à Shyamalan. Channing Tatum est excellent en psychopathe aussi courtois que violent ; il impose une forte présence physique qui participe de la tension qui irrigue le film, sorte d'Alice au Pays des Merveilles sous acide et en version très dark. Les actrices – Naomi Ackie, Alia Sha

Emilia Perez de Jacques Audiard / Un gâchis /

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Surqualifiée et surexploitée, Rita s’épuise dans un cabinet d’avocat qui l’exploite. Une porte de sortie inespérée s’ouvre à elle : aider le chef de cartel Manitas à se retirer des affaires et réaliser le plan qu’il peaufine en secret depuis des années : devenir enfin la femme qu’il a toujours rêvé d’être.  Je ne comprends pas quel était l’objectif. Vraiment pas. Avant d’y aller, j’avais des doutes : un thriller dramatique musical sur le transsexualisme dans le milieu des narcotrafiquants, c’est étrange, voire carrément casse-gueule. Et l’étrangeté qui précipite le film dans l’abîme se confirme quand un chirurgien se met à chanter une vaginoplastie. Enfin chanter c’est beaucoup dire. La plupart du temps les chansons sont ânonnées sur des dialogues qui ne s’y prêtent pas du tout, à moitié parlées, voire murmurées, un carnage. Les mélodies auraient pu fonctionner, de même que certaines chorégraphies mais les paroles ineptes, certains passages vulgaires et le ton mal choisi cassent complè

Alien : Romulus de Fede Alvarez / Divertissant /

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Alors qu’il entreprend des fouilles dans une station spatiale abandonnée, un groupe de jeunes voyageurs se retrouve confronté à la forme de vie la plus terrifiante de l'univers…  Honnêtement, j'étais un peu paumée dans la chronologie. Après vérification, il s'avère que cet opus, qui fait la synthèse entre les premiers et les derniers, se situe après le premier. Dans une ambiance oppressante et sombre, tant dans le déroulé que dans la photographie (parfois, on ne voit pas grand chose), la bande son est utilisée avec intelligence. Si l'héroïne et son "frère" sont attachants, les autres personnages s'avèrent surtout fonctionnels. En rajeunissant le casting, le film frôle le teen movie d'horreur mais justifie aussi leurs prises de risques insensées par leur inexpérience. La créature est dégoûtante sous toutes ses formes, dont certaines organiquement très suggestives. Le réalisateur creuse la veine de l'humain synthétique, de ses capacités et de ses

Borderlands d'Eli Roth / Un naufrage/

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Lilith, chasseuse de primes, revient à contrecœur sur sa planète natale, Pandore, la planète la plus chaotique de la galaxie… Sa mission est de retrouver la fille disparue d'Atlas, l’homme le plus puissant de l’univers. Pour y arriver Lilith forme une alliance inattendue avec une équipe de marginaux : Roland, un mercenaire chevronné ; Tiny Tina, une pré-ado avec un gros penchant pour la démolition ; Krieg, le protecteur musclé de Tina ; Tannis, une scientifique fantasque ; et Claptrap, un robot très bavard.  Et on n’en saura pas beaucoup plus sur les personnages qui sont réduits à leur fonction dans l’intrigue. Quant à cette dernière, je suis généreuse en usant de ce terme, disons plutôt la suite de péripéties correspondant aux différents passages de niveau sans se soucier la vraisemblance ou même de la cohérence. L’indigence des dialogues, aggravée par une VF calamiteuse, peut parfois faire rire, jaune. De même que la qualité des effets spéciaux, sensée, j’imagine, proposer un ren