L'institut de Stephen King
J'ai acheté ce livre il y a quelques temps, je ne me souviens plus exactement quand. Je l'ai mis de côté jusqu'à ce que ce soit le bon moment.
Au cœur de la nuit, à Minneapolis, des intrus pénètrent dans la maison de Luke Ellis, jeune surdoué de 12 ans, tuent ses parents et le kidnappent. Luke se réveille à l'Institut, dans une chambre semblable à la sienne, sauf qu'elle n'a pas de fenêtre. Dans le couloir, d'autres portes cachent d'autres enfants, dotés comme lui de pouvoirs psychiques. Que font-ils là ? Qu'attend-on d'eux ? Et pourquoi aucun de ces enfants ne cherche-t-il à s'enfuir ?
Stephen Edwin King (1947 - ) a publié son premier roman en 1974 et est rapidement devenu célèbre pour ses contributions dans le domaine de l'horreur mais a également écrit des livres relevant d'autres genres comme le fantastique, la fantasy, la science-fiction et le roman policier. Tout au long de sa carrière, il a écrit et publié plus de cinquante romans, dont sept sous le pseudonyme de Richard Bachman, et environ deux cents nouvelles, dont plus de la moitié sont réunies dans neuf recueils de nouvelles. Depuis son grave accident survenu en 1999, il a ralenti son rythme d'écriture. Ses livres ont été vendus à plus de 350 millions d'exemplaires à travers le monde et il a établi de nouveaux records de ventes dans le domaine de l'édition durant les années 80, décennie où sa popularité a atteint des sommets.
Longtemps dédaigné par les critiques littéraires et les universitaires car considéré comme un auteur « populaire », il a acquis plus de considération depuis les années 90. Il a souvent été critiqué pour son style familier, son recours au gore et la longueur jugée excessive de certains de ses romans. À l'inverse, son sens de la narration, ses personnages vivants et colorés, et sa faculté à jouer avec les peurs des lecteurs ont toujours été salués. Au-delà du caractère horrifique de la plupart de ses livres, il aborde régulièrement les thèmes de l'enfance et de la condition de l'écrivain, et brosse un portrait social très réaliste et sans complaisance des États-Unis à la fin du XXe siècle et au début du siècle suivant.
Il a remporté de nombreux prix littéraires dont treize fois le prix Bram Stoker, sept fois le prix British Fantasy, cinq fois le prix Locus, quatre fois le prix World Fantasy, et une fois le prix Hugo et l'O. Henry Award. Il a reçu en 2003 la médaille de la National Book Foundation pour sa remarquable contribution à la littérature américaine et, en 2007, l'association des auteurs de romans policiers américains Mystery Writers of America lui a décerné le titre de « grand maître ». Ses ouvrages ont souvent été adaptés pour le cinéma ou la télévision avec des fortunes diverses, parfois avec sa contribution en tant que scénariste et, à une seule reprise, comme réalisateur.
J'avais un peu peur en commençant ce livre qu'il soit représentatif des mauvais King : trop long, trop ennuyeux, trop auto-satisfait, trop trivial. Heureusement, il n'en est rien.
si d'abord j'ai été un peu déroutée par les premiers chapitres qui sont centrés sur un personnage non mentionné sur la quatrième de couverture, Tim ancien policier à la dérive qui atterrit dans un bled paumé, j'ai rapidement pris le pli de cette surprise. On le découvre peu à peu dans la vie qu'il se (re)construit. Ensuite seulement on découvre Luke, en famille puis dans l'Institut dont King décrit les rouages institutionnels et humains, ces gens qui sont sont habitués au pire au point de déshumaniser des enfants considérés comme des cobayes dépourvus de droits .
On s'attache aux personnages, très vivants, mais c'est surtout le style de Stephen King, d'une grande fluidité avec un chapitrage malin, qui fait de ce roman un page turner diaboliquement efficace malgré les passages qui s'éternisent un peu trop. On pourrait reprocher son manichéisme à l'auteur mais ce serait un mauvais procès car les têtes de l'Institut sont plus complexes qu'elles n'en ont l'air et pas dépourvues d'une certaine noblesse dans leurs objectifs premiers, même s'ils sont insensibles à l'horreur des moyens employés pour les atteindre. On est ici dans un roman plus psychologique que fantastique à proprement parler. Pas de monstre sous le lit ni de créature surnaturelles, juste des enfants avec un peu de pouvoirs et des humains désespérants. King est toujours bon quand il s'intéresse à l'enfance, et à sa fin.
La trame est balisée, pourtant on suit les progrès du héros avec passion et on est désolé de le quitter si vite dans un final ouvert et manquant de détails (du moins à mon goût). Oui, parfois, l'auteur va trop loin dans l'improbable, mais c'est aussi ce qui fait son charme. On sent que l'auteur maîtrise son histoire et qu'il prend plaisir à nous la raconter.
8,5/10
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