Poirot quitte la scène d'Agatha Christie

Toujours en attente de la livraison de mon libraire... 
Fatigué, usé par la maladie, cloué par l'arthrite dans une chaise roulante, Hercule Poirot est revenu à Styles Court, lieu de sa première enquête anglaise. Son brillantissime cerveau en pleine forme, il est venu affronter un meurtrier particulièrement coriace. Lié à cinq affaires criminelles et déterminé à récidiver. C'est compter sans les increvables petites cellules grises. Et la volonté de Poirot de quitter la scène sur un coup de maître... 

Pour la bio d'Agatha Christie, c'est long. Ceux que cette lecture barbe d'avance peuvent se contenter du petit paragraphe qui suit. Ceux que cela intéresse peuvent se reporter à ma critique de Mort sur le Nil. 
Agatha Christie, née Agatha Mary Clarissa Miller (1890 - 1976), surnommée la « Reine du crime » est considérée comme l'auteur le plus lu chez les Anglo-Saxons après Shakespeare. Elle a écrit plusieurs romans sous le pseudonyme de Mary Westmacott. C'est aussi l'auteur le plus traduit dans le monde. Elle a publié 66 romans, 154 nouvelles et 20 pièces de théâtre. Ses romans et nouvelles ont été maintes fois adaptés au cinéma ou à la télévision. 

Je n'ai jamais été une grande admiratrice du capitaine Hastings, Poirot n'ayant nul besoin de ce faire-valoir un peu niais. Pour la dernière enquête de Poirot, écrite pendant la seconde Guerre Mondiale mais publiée en 1975, Hastings revient et comme de coutume, narre l'enquête. 
Celle-ci commence de façon un peu floue, un mystérieux meurtrier en série se trouverait dans une tranquille pension de famille peuplée de scientifiques, d'anciens militaires, d'amoureux des oiseaux et de demoiselles bien sous tout rapport dans laquelle Hastings rejoint Poirot dont l'état lui serre le cœur. À nous aussi. En plus de ces deux protagonistes, nous découvrons Judith, l'indépendante et fière fille d'Hastings, le paisible colonel Luttrell et son dragon d'épouse, propriétaires des lieux, le docteur Franklin, passionné par ses recherches et Barbara, son épouse avide d'attention, la ravissante miss Craven, infirmière de la précédente, sir Boyd Carrington, ancien gouverneur des Indes doté d'une déplorable mémoire, le major Allerton, don juan un peu crapule immédiatement détesté d'Hastings, Mr. Norton, un amateur d'oiseaux et la discrète miss Cole. Autant certains nous sont plutôt sympathiques, autant d'autres sont immédiatement agaçants. Ceux-là ont une cible dans le dos, on les dirait destinés à mourir. 
L'atmosphère se tend au fur et à mesure et cette tension ressort du propos du narrateur qui sent qu'il va se passer quelque chose et que la situation va empirer. D'abord un bête accident de chasse, puis un empoisonnement avec un produit au nom barbare. Christie développe pas mal de questions sociales dans ce livre qui recueille plusieurs conversations de salons : l'euthanasie, le divorce, l'utilité sociale… elle aime à décortiquer les relations entre les personnages qui s'épient, se jaugent, se jalousent, s'apprécient, se détestent, se méprisent, s'aiment, parfois. Je regrette qu'Hastings prenne tant de place, même s'il a un côté attendrissant (comme un gros chien pataud), et que Poirot soit à ce point en retrait à jouer les sybilles. De surcroît, je ne suis pas certaine que la conclusion, révélée dans les dernières pages à un Hastings abasourdi, soit cohérente avec la personnalité du détective. 

7,5/10

À noter, l'adaptation télévisuelle est extrêmement fidèle au roman. 

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