Orgueil et préjugés de Jane Austen

Et oui, mon libraire a été livré ! 
Élisabeth Bennet a quatre sœurs et une mère qui ne songe qu’à les marier. Quand parvient la nouvelle de l’installation à Netherfield, le domaine voisin, de Mr Bingley, célibataire et beau parti, toutes les dames des alentours sont en émoi, d’autant plus qu’il est accompagné de son ami Mr Darcy, un jeune et riche aristocrate. Les préparatifs du prochain bal occupent tous les esprits… 

Jane Austen (1775-1817) grandit dans une famille de pasteurs, entourée de huit frères et sœurs. Bien que vivant modestement, George et Cassandra Austen initient leurs enfants à l'amour de la lecture et la connaissance des arts. Dès l'âge de 11 ans, Jane écrit. Son éducation ainsi que celle de sa sœur Cassandra, dont elle restera très proche jusqu'à sa mort, se fera principalement dans le domaine familial. En 1801, la famille Austen s'installe à Bath et quatre ans plus tard, le père de Jane décède. L'auteur ne se mariera pas et consacrera sa vie à l'éducation de ses neveux et nièces et à l'écriture. Raison et sentimentsOrgueil et préjugés et Mansfield Park sont publiés successivement en 1811, 1813 et 1814. Elle laisse derrière elle un roman inachevé, Sanditon, emportée par la maladie à l'âge de 41 ans.

L'auteur ne connut pas le succès de son vivant, bien que ses pairs l'aient estimée et ne fut redécouvert qu'à la fin du XIXe siècle. Aujourd'hui, son talent de peintre des mœurs et de la province anglaise font d'elle un des auteurs pré-victoriens les plus connus. Elle a utilisé la cruauté du verbe, un humour décalé et une ironie mordante pour effectuer une critique sociale ainsi qu'une critique des romans sentimentaux en vogue à l'époque. 

Ah ! Orgueil et préjugés ! Un chef d'œuvre de la littérature britannique connu et reconnu. Est-il bien utile d'en faire le panégyrique ? 
Oui ! Parce que c'est trop bon ! On ne peut qu'aimer Elizabeth, son insolence, son ironie mordante, son intelligence pétillante, sa façon de se leurrer sans jamais engager réellement son cœur. On la compare à l'angélique Jane qui voit le bon côté de tous mais du coup fait preuve d'aveuglement. La famille Bennett est un bijou de drôlerie et d'agacement : entre un père démissionnaire caustique, une mère hystérique, des sœurs idiotes et un cousin sot et pompeux au possible, on ne peut que sourire. Darcy, peu présent au début, se développe au fur et à mesure et prend de l'ampleur dans le récit comme le cœur de l'héroïne dès lors qu'elle comprend son erreur de jugement. Elle y est aidée lorsqu'il consent finalement à donner des explications dans une lettre qui est un bijou du genre. Quant à Whickam, sa séduction facile cache quelque chose et si on prête attention à son comportement, on peut vite s'en rendre compte. 
Jane Austen dépeint avec minutie et sa célèbre ironie la vie de la gentry anglaise entre conversations de salon, bals, promenades champêtres et intrigues feutrées. Ce n'est pas parce qu'il semble ne pas se passer grand chose que c'est le cas. L'auteur applique mille petites touches pour dévoiler un caractère, un sentiment, une émotion. Ici, elle s'attarde sur les méfaits des premières impressions, forcément faussées, et des préjugés sociaux, ainsi que sur la situation des femmes dépourvues d'une grosse dot ou d'une fortune personnelle. Il ne leur reste que la dégradation au rôle de gouvernante ou d'institutrice ou un mariage de convenance, solution que choisit bravement Charlotte Lucas qui se marie pour ne pas être une charge pour sa famille. Elle fait le choix d'un confort domestique sans romantisme plutôt que de rester une vieille fille avec des principes figés, ce qui pendait au nez de Lizzie si Darcy n'avait pas relevé le gant. 
L'écriture peut paraître prévisible mais qui ne connaît pas la fin de ce livre après avoir vu la mini-série ou le film, voire les deux ? Sans parler de l'adaptation moderne, libre et drôle que constitue Le journal de Bridget JonesCette traduction permet de saisir plus facilement certaines subtilités, j'ai l'impression de mieux connaître les personnages et de mieux suivre l'intrigue, de voir des choses qui m'avaient échappé sur mes précédentes lectures. 
Pourquoi aime-t-on encore autant Jane Austen ? Peut-être parce qu'elle nous donne à imaginer une société différente de la nôtre, parce qu'elle parvient à nous happer dans son récit malgré l'insignifiance des enjeux. Parce qu'en ces temps troublés, elle nous offre un refuge où l'on peut frôler la catastrophe mais où finalement l'héroïne finit par triompher et vivre pleinement son bonheur. 

10/10

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