Corporate

Emilie Tesson-Hansen est une jeune et brillante gestionnaire des Ressources Humaines chargée de dégraisser les effectifs. Suite à un suicide dans son entreprise, une enquête est ouverte. En première ligne, elle doit faire face à la pression de l’inspectrice du travail, mais aussi à sa hiérarchie qui menace de la lâcher. Emilie est bien décidée à sauver sa peau. Jusqu’où restera-t-elle corporate ? 
 Corporate c'est l'histoire d'une femme peu sympathique qui a une prise de conscience tardive, trop tardive. Car oui, certaines méthodes de management sont destructrices, mènent au burn-out, au bore-out ou au brown out -ou pire- et confinent au harcèlement moral. En cela, le film n'apprend rien, on sait que de telles méthodes existent. A peine sont-elles légèrement développées face à une inspectrice du travail (intéressante Violaine Fumeau) qui a l'air de tomber de l'arbre alors qu'elle aurait dû comprendre depuis longtemps. Ce sont les conséquences qui intéressent Silhol, le dilemme moral. Faut-il tout dénoncer ? Et pour quelle raison ? Céline Salette joue la GRH passive-agressive antipathique au possible qui semble ignorer l'existence des ruptures négociées puisqu'elles ne sont jamais ne serait-ce que citées. Elle est aussi glaciale que le film est sec. D'ailleurs, son retournement convainc mal. Lambert Wilson campe le salaud utile, celui qui se ment à lui-même autant qu'aux autres. Stéphane de Groodt, sous-utilisé, amène un peu d'humanité, de même que Charlie Anson, le charmant mari dont on se demande comment il a pu épouser une telle femme. Les personnages sont désincarnés -c'est sûrement volontaire mais déroutant- : ils n'ont pas de passé, pas de vie privée, pas de passions ou de hobbies, ils n'existent qu'à travers leurs rapports avec Emilie, c'est mince. Certains médias classent le film en thriller, c'est exagéré. Je qualifierais plutôt le film de social et tendu. Il aurait gagné en force si certaines scènes de transition sans objet avaient été coupées au montage. La fin n'est guère crédible mais tout à fait jouissive. Finalement, le film manque de chair, de chaleur, il est trop théorique, trop abstrait pour plaire.
6/10

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