Brooklyn de Colm Toibin
J'ai vu et aimé le film. Quand je suis tombée sur le livre en librairie, j'ai pensé que c'était l'occasion de voir si l'un était à la hauteur de l'autre.
Enniscorthy, en Irlande, années 50. Eilis Lacey ne parvient pas à trouver du travail. Par l'entremise du père Flood, sa sœur Rose obtient pour elle un emploi aux États-Unis. Terrorisée à l'idée de quitter le cocon familial, mais contrainte de se plier à la décision de sa famille, Eilis quitte l'Irlande pour Brooklyn, où elle loue une chambre dans une pension de famille irlandaise et travaille dans un grand magasin.
Colm Tóibín (1955 - ), romancier et journaliste irlandais a reçu plusieurs prix littéraires. Il a beaucoup voyagé, de l'Espagne à l'Amérique du Sud. Il est membre d'Aosdána, une organisation irlandaise de promotions des arts et vit désormais en Irlande. Son premier roman, Désormais notre exil obtient le prix de l'Irish Times Irish Literature pour une première œuvre. Il écrit ensuite La Bruyère incendiée, Histoire de la nuit, Le Bateau-phare de Blackwater. Le Maître reconstitue la vie d'Henry James entre janvier 1895 et octobre 1899. Est ensuite paru L'Épaisseur des âmes, recueil de nouvelles autour de la relation mère-fils. Depuis Brooklyn, il a encore publié trois romans.
Le film adapte fidèlement le roman, ne supprimant que ce qui n'était pas nécessaire : les trois frères qui travaillent en Angleterre, le match de baseball... Le roman permet d'approfondir le personnage d'Eilis. C'est une jeune fille attachante, mais pas parfaite. Elle observe beaucoup son entourage, ce qui la rend parfois passive. Elle se laisse porter par le courant, ne prenant des décisions que lorsque c'est inévitable. Je regrette que la fin, un peu abrupte, ne permette pas de déterminer si Eilis est heureuse de la décision qu'elle a fini par prendre. Rose, intelligente, sûre d'elle, évoquée souvent mais présente seulement au début du roman, est un personnage à part entière, très attachant alors que les personnages féminins plus âgés, la mère dans une moindre mesure, mais surtout, l'épicière, d'une méchanceté sans borne, et Mrs. Kehoe, vaguement mesquine, sont dépeintes de façon plus négative. Les jeunes hommes, Tony, rassurant, patient, prévenant, volontiers sensuel, fou de baseball, Frank, le petit frère trop intelligent, Jim, stable, simple, chaleureux, sont sympathiques. Quant au prêtre, sous ses airs bonasses, il a un côté manipulateur assez drôle.
Toibin dépeint l'exil, le mal du pays, le difficile retour, le deuil, les choses qu'on ne dit pas, pour ne pas peiner, pour ne pas inquiéter, mais aussi l'amour à distance et la fragilité des sentiments. Il parvient à décrire les émotions de son héroïne sans pathos, avec finesse, justesse et sincérité. Et parfois avec drôlerie aussi. Il évoque aussi la vie d'un village irlandais dans les 50's et celle de Brooklyn, quartier plein d'immigrés et d'enfants d'immigrés qui essaient de se construire une bonne vie dans le pays de tous les possibles. C'est précis, sensible. Les descriptions sont nombreuses mais jamais ennuyeuses. Ça m'a un peu évoqué Jane Austen dans sa volonté de démontrer son propos à travers le quotidien, ce qui n'est pas un petit compliment.
Même si l'absence de chapitre m'a un peu gênée, notamment parce que ça ne m'aidait pas à poser le livre, ce dernier se lit rapidement, impatiemment. Au final, on le referme à regret.
9/10
Enniscorthy, en Irlande, années 50. Eilis Lacey ne parvient pas à trouver du travail. Par l'entremise du père Flood, sa sœur Rose obtient pour elle un emploi aux États-Unis. Terrorisée à l'idée de quitter le cocon familial, mais contrainte de se plier à la décision de sa famille, Eilis quitte l'Irlande pour Brooklyn, où elle loue une chambre dans une pension de famille irlandaise et travaille dans un grand magasin.
Colm Tóibín (1955 - ), romancier et journaliste irlandais a reçu plusieurs prix littéraires. Il a beaucoup voyagé, de l'Espagne à l'Amérique du Sud. Il est membre d'Aosdána, une organisation irlandaise de promotions des arts et vit désormais en Irlande. Son premier roman, Désormais notre exil obtient le prix de l'Irish Times Irish Literature pour une première œuvre. Il écrit ensuite La Bruyère incendiée, Histoire de la nuit, Le Bateau-phare de Blackwater. Le Maître reconstitue la vie d'Henry James entre janvier 1895 et octobre 1899. Est ensuite paru L'Épaisseur des âmes, recueil de nouvelles autour de la relation mère-fils. Depuis Brooklyn, il a encore publié trois romans.
Le film adapte fidèlement le roman, ne supprimant que ce qui n'était pas nécessaire : les trois frères qui travaillent en Angleterre, le match de baseball... Le roman permet d'approfondir le personnage d'Eilis. C'est une jeune fille attachante, mais pas parfaite. Elle observe beaucoup son entourage, ce qui la rend parfois passive. Elle se laisse porter par le courant, ne prenant des décisions que lorsque c'est inévitable. Je regrette que la fin, un peu abrupte, ne permette pas de déterminer si Eilis est heureuse de la décision qu'elle a fini par prendre. Rose, intelligente, sûre d'elle, évoquée souvent mais présente seulement au début du roman, est un personnage à part entière, très attachant alors que les personnages féminins plus âgés, la mère dans une moindre mesure, mais surtout, l'épicière, d'une méchanceté sans borne, et Mrs. Kehoe, vaguement mesquine, sont dépeintes de façon plus négative. Les jeunes hommes, Tony, rassurant, patient, prévenant, volontiers sensuel, fou de baseball, Frank, le petit frère trop intelligent, Jim, stable, simple, chaleureux, sont sympathiques. Quant au prêtre, sous ses airs bonasses, il a un côté manipulateur assez drôle.
Toibin dépeint l'exil, le mal du pays, le difficile retour, le deuil, les choses qu'on ne dit pas, pour ne pas peiner, pour ne pas inquiéter, mais aussi l'amour à distance et la fragilité des sentiments. Il parvient à décrire les émotions de son héroïne sans pathos, avec finesse, justesse et sincérité. Et parfois avec drôlerie aussi. Il évoque aussi la vie d'un village irlandais dans les 50's et celle de Brooklyn, quartier plein d'immigrés et d'enfants d'immigrés qui essaient de se construire une bonne vie dans le pays de tous les possibles. C'est précis, sensible. Les descriptions sont nombreuses mais jamais ennuyeuses. Ça m'a un peu évoqué Jane Austen dans sa volonté de démontrer son propos à travers le quotidien, ce qui n'est pas un petit compliment.
Même si l'absence de chapitre m'a un peu gênée, notamment parce que ça ne m'aidait pas à poser le livre, ce dernier se lit rapidement, impatiemment. Au final, on le referme à regret.
9/10
Commentaires
Enregistrer un commentaire