Napoléon de Ridley Scott / Désincarné /
Fresque spectaculaire, Napoléon s'attache à l'ascension et à la chute de l'Empereur Napoléon Bonaparte. Le film retrace la conquête acharnée du pouvoir par Bonaparte à travers le prisme de ses rapports passionnels et tourmentés avec Joséphine, le grand amour de sa vie.
Je reconnais que j'avais des a priori : les Américains ont
une vision pour le moins personnelle de l'histoire de France. Ce film ne fait
pas exception à la règle : les inexactitudes et erreurs historiques sont
nombreuses et visibles même pour qui ne connaît pas très bien la vie de l’empereur. Ce ne serait peut-être pas si grave si on
parvenait à croire dans le postulat de départ, à savoir Joaquin Phœnix en
Napoléon. Or, je n'ai jamais pu y croire malgré ses indéniables talents de
comédien, surtout que le traitement du personnage frôle en permanence le
ridicule, et parfois le dépasse, sans jamais montrer ce qui en fait un meneur d’homme
charismatique. On ne sait rien de ses aspirations, de ses réflexions
politiques, de sa pensée réformatrice. Pour Scott, Napoléon est un amant, un
soldat ou un tyran, mais n'existe pas en dehors de ces acceptions. De même,
Joséphine est vulgaire au possible, transformée en idiote à peine polie qui traîne
un air agacé ou ennuyé en permanence, alors que c'était une femme de réseaux
intelligente et, certes légère, mais aussi pleine d’entregent ; on ne
comprend pas comment la version de Scott peut avoir autant de pouvoir sur
Napoléon. L’alchimie entre Phoenix et Kirby ne prend pas, on se sent ni passion
ni désir, ni même une complicité. Les personnages secondaires sont réduits à
peau de chagrin et le fait d'entendre tout ce beau monde parler anglais s'avère
très déstabilisant. Seules les scènes de bataille, pour erronées qu'elles
soient, sont réussies, notamment grâce à un travail de photographie très
pictural offrant un superbe rendu sur fond de reconstitution élégante. Il est
indéniable que résumer la vie de Napoléon en 2h30 de film est impossible sans faire
des impasses, ici le scénario survole à peine certains aspects de sa vie à coups
de scénettes plus ou moins fluidement reliées entre elles. Peut-être eût-il
fallu mieux les choisir ou assumer un diptyque : la marche du pouvoir puis son
exercice par exemple.
2/10
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