L'abbé Pierre - une vie de combats de Frédéric Tellier / Hagiographique et mal réalisé /

Né dans une famille aisée, Henri Grouès a été résistant, député, défenseur des sans-abris, révolutionnaire et iconoclaste. La création d’Emmaüs et le raz de marée de son inoubliable appel de l’hiver 54 ont fait de lui une icône. Pourtant, chaque jour, il a douté de son action. Ses fragilités, ses souffrances, sa vie intime à peine crédibles sont restées inconnues du grand public. 

Je connais mal l'abbé Pierre, même si j'ai grandi avec son image médiatique. C'est surtout le casting qui m'a attirée à cette séance. Je n'irais pas jusqu'à le regretter mais je suis déçue. D'abord l'entrée en matière et la conclusion, en mode purgatoire, m'ont agacée par leur manque de finesse. D'autant plus qu'elles génèrent des intrusions pendant le film qui n'apportent rien et ont même poussé le réalisateur à proposer des images aux bords floutés en mode souvenir tout à fait cheap. L'intégration d'images d'archive n'apporte rien et ôte de précieuses minutes qui auraient pu servir à creuser les personnages secondaires. Sans oublier les dernières images de SDF aujourd'hui, misérabilistes, culpabilisantes et infantilisantes : Tellier croit-il que nous ignorons cette honte ? Benjamin Lavernhe est bon, mais a déjà été meilleur. C'est comme si son jeu était bridé, étouffé, par une obligation de mimétisme. Emmanuelle Bercot est excellente et permet de découvrir son personnage, injustement méconnu, car véritable pilier du religieux pendant quarante ans. Les maquillages et les costumes sont excellents et on ne peut dénier un certain intérêt pour l'histoire en elle-même. Cet homme atteint du syndrome du héros, qui veut sauver le monde tout seul avec sa voix et son courage a quelque chose d'assez fascinant. Dommage que le réalisateur ne parvienne pas à toucher le spectateur.

5/10