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Affichage des articles du mars, 2023

John Wick : chapitre 4 de Chad Stahelski / Un divertissement généreux /

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John Wick découvre un moyen de vaincre l’organisation criminelle connue sous le nom de la Grande Table. Mais avant de gagner sa liberté, Il doit affronter un nouvel ennemi qui a tissé de puissantes alliances à travers le monde et qui transforme les vieux amis de John en ennemis.  On retrouve les fondamentaux de la série des John Wick : les gunfights bien chorégraphiés, la confrontation avec l’hydre que constitue la Grande Table, musique rythmée (bonne B.O d’ailleurs), passage dans des boîtes branchées, présence de chiens (en l’occurrence un Malinois trop mignon), veste pare-balles qui tombe à merveille, un héros quasi increvable mais qui n’est pas parfait pour autant, choix et conséquences. Keanu Reeves campe à travers le monde, et notamment à Paris, un John Wick fatigué par ses récents combats, plus désespéré que jamais, quasi mutique, souvent blessé mais toujours classe. Cet homme a une élégance folle. Il apparaît un peu moins que dans les précédents et je le regrette, de même que la

Sur les chemins noirs de Denis Imbert / Surfait /

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Un soir d’ivresse, Pierre, écrivain explorateur, fait une chute de plusieurs étages. Cet accident le plonge dans un coma profond. Sur son lit d’hôpital, revenu à la vie, il se fait la promesse de traverser la France à pied du Mercantour au Cotentin. Un voyage unique et hors du temps à la rencontre de l'hyper-ruralité, de la beauté de la France et de la renaissance de soi.   La bande annonce laissait présager un film à la fois drôle et touchant sur la reconstruction d’un homme aimant la fête et la vie. Quelle déception quand j’ai compris que je me trouvais face à un film grave, contemplatif, ponctué de quelques trop rares pointes d’humour ! Adapté d’un récit de Sylvain Tesson, que je n’ai pas lu mais dont je n’aime pas particulièrement le style en général, le montage kaléidoscopique qui alterne présent et flashbacks plus ou moins brefs brise la progression du retour à la vie et m’a agacée et "sortie" du film. Les très gros plans ont également eu cet effet désastreux. Les p

Emily de Frances O'Connor / Romantique et très romancé /

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Aussi énigmatique que provocatrice, Emily Brontë demeure l’une des autrices les plus célèbres au monde. la réalisatrice imagine le parcours initiatique de cette jeune femme rebelle et marginale, qui la mènera à écrire son chef-d’œuvre  Les Hauts de Hurlevent . Une ode à l’exaltation, à la différence et à la féminité. Frances O’Connor livre une version personnelle de la famille Brontë dont elle occulte une partie de la vie littéraire, ou en modifie des éléments (publications sous pseudonymes, écrits d’Anne…), plus intéressée par les ébats inventés d’une Emily hésitant entre sauvagerie hystérique et romantisme échevelé. Parfois long, ce drame parle trop peu d’écriture. Les relations entre les membres de la fratrie sont troubles, souvent orageuses. Emma Mackey campe assez brillamment cette femme exaltée, bien accompagnée par Fionn Whitehead, Oliver Jackson-Cohen, Alexandra Dowling et Amelia Gething. La musique sursignifiante et grandiloquente au possible agace. Certains plans allongent in

Sage-homme de Jennifer Devoldere / Sympa /

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Après avoir raté le concours d’entrée en médecine, Léopold intègre par défaut l’école des sages-femmes en cachant la vérité à son entourage. Alors qu’il s’engage sans conviction dans ce milieu exclusivement féminin, sa rencontre avec Nathalie, sage-femme d’expérience au caractère passionné, va changer son regard sur cet univers fascinant et bouleverser ses certitudes. Une petite comédie sympathique mais bancale sur un jeune homme velléitaire qui découvre sa vocation de sage-femme. Le personnage, pas vraiment attachant, ne mérite peut-être pas autant d’attention que sa formatrice, plus intéressante mais moins développée, même si son évolution est crédible. Karin Viard est excellente, Melvin Boomer pas mauvais. Certaines scènes s’avèrent inutilement crues. Le film aborde pas mal de sujets : la transmission, le statut des sages-femmes, le manque d’argent à l’hôpital, son organisation chaotique, la surcharge de travail… ça part un peu dans tous les sens en restant superficiel. Bref, il est

La chambre des merveilles de Lisa Azuelos / Solaire /

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La vie toute tracée de Thelma prend un détour tragique lorsqu’un accident plonge son fils Louis dans le coma. Déterminée à le réveiller par tous les moyens, elle va faire le pari fou d’accomplir une par une les « 10 choses à faire avant la fin du monde » qu’il avait inscrites dans son journal intime.  J’avais peur d’un film gnangnan. Et ça l’est. Néanmoins, on se retrouve embarqué dans les aventures un peu barrées, entre la France, le Japon, le Portugal et l’Écosse, d’une mère désespérée par le coma de son fils. Le film tarde à commencer, la faute à une exposition qui s’éternise. Alexandra Lamy est impeccable, de même que Muriel Robin. C’est rempli de bons sentiments, cependant le caractère feel-good amène beaucoup de lumière et d’énergie. Cette comédie affirme l’espoir que l’on puisse se réinventer et réparer sa vie pour mieux la savourer.  7/10

65 - La Terre d'avant de Scott Beck et Bryan Woods / Efficace /

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Après un terrible crash sur une planète inconnue, le pilote Mills découvre rapidement qu’il a en réalité échoué sur Terre… il y a 65 millions d’années. Pour réussir leur unique chance de sauvetage, Mills et Koa l’unique autre survivante du crash, doivent se frayer un chemin à travers des terres inconnues peuplées de dangereuses créatures préhistoriques. Un survival minimaliste, rythmé et solide mené par un Adam Driver réjouissant en explorateur courageux et miné par le deuil. Ariana Greenblatt s’avère plutôt prometteuse. J’ai relevé des incohérences. Par exemple, Adam est auto-nettoyant après son petit bain de sable mouvant personnel. Auto-réparant aussi après une morsure au bras. Les effets spéciaux, notamment sur les dinosaures, sont bien réalisés, l’environnement est plutôt pas mal. Il y a même quelques jolis paysages. Déjà vu mais plaisant, notamment grâce au magnétisme incompréhensible mais réel de son interprète principal.  7/10

Women talking de Sarah Polley / Coup de poing /

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Des femmes d’une communauté religieuse isolée luttent en 2010 pour réconcilier leur foi et leur réalité quotidienne.  Une claque que ce film inspiré de faits réels qui vous happe dès la première scène pour ne plus vous lâcher. Il y est question des violences faites aux femmes au sein d’une communauté mennonite et des décisions qu’elles doivent prendre quand on leur ordonne de simplement pardonner. En deux jours, elles doivent décider de leur destinée en libérant la parole. Elles parlent de foi, de religion, d’amour, de liberté, de famille, de sororité, de pardon, de réconciliation, avec les autres et avec soi-même. C’est là que le film se montre particulièrement émouvant, quand il dépasse la colère légitime et inhérente aux faits. Ce qui est fort, c’est que les agressions ne sont jamais montrées mais suggérées via les stigmates laissés sur le corps des victimes. D’ailleurs, les hommes n’apparaissent pas, à l’exception d’August, un type adorable un peu maladroit qui essaie d’aider. Ça a

Mon crime de François Ozon / Savoureux /

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Dans les années 30 à Paris, Madeleine Verdier, jeune et jolie actrice sans le sou et sans talent, est accusée du meurtre d’un célèbre producteur. Aidée de sa meilleure amie Pauline, jeune avocate au chômage, elle est acquittée pour légitime défense. Commence alors une nouvelle vie, faite de gloire et de succès… Voici une satire féroce de l’opportunisme, et, sous couvert des années 30, c’est la société contemporaine qui y passe. Si l’aspect théâtral peut désarçonner au début, l’impression passe quand on rentre vraiment dans le film, notamment grâce à un bon casting. Les personnages sont aussi attachants qu’agaçants, ce qui peut générer une certaine distance. Les dialogues sont savoureux et assez drôles, la B.O très sympathique, la reconstitution impeccable. Léger, divertissant, caustique, il reste moins intense que d’autres films d’Ozon, presque anodin. Je m’interroge aussi sur le caractère féministe ou non du film. Ces hypocrites profiteuses et frivoles, aussi amusantes soient-elles, d

Creed III de Michael B. Jordan / Vain /

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Idole de la boxe entourée de sa famille, Adonis Creed n’a plus rien à prouver. Jusqu’au jour où son ami d’enfance, Damian, prodige de la boxe lui aussi, refait surface. A peine sorti de prison, Damian est prêt à tout pour monter sur le ring et reprendre ses droits. Un film de boxe, ça devrait avoir la niaque, ça devrait envoyer du bois. Il y est quand même souvent question d’avoir la rage de vaincre. Ce troisième opus propose un scénario peu crédible et mou du genou qui met une heure à démarrer, ne contient que trois combats dont un très court et un moyennement réglo. Quant au dernier… Que dire de ce choix de mise en scène sensée démontrer l’intensité du combat mais produit l’effet inverse en nous sortant de l’ambiance du match. C’est d’autant plus morne que l’on ne voit pas grand-chose et que le réalisme n’y est pas – à peine un bleu – au profit d’une stylisation clipesque. D’ailleurs le réalisateur succombe en partie à la mode des cadrages en gros plans. La photographie est assez moc

Empire of light de Sam mendes / Tout en retenue /

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Hilary, responsable d’un cinéma dans une ville balnéaire anglaise, tente de préserver sa santé mentale fragile. Stephen est un nouvel employé qui n’aspire qu’à quitter cette petite ville de province. En se rapprochant l’un de l’autre, ils vont apprendre à soigner leurs blessures grâce à la musique, au cinéma et au sentiment d’appartenance à un groupe.  Un petit film britannique, par Sam Mendes tout de même. Il y est question de la maladie mentale et de la perception que les gens en ont, du racisme dans l’Angleterre des années 80, du pouvoir du cinéma et de la solidarité. Mendes peine à trouver l’équilibre entre ces différents thèmes, cette cohabitation un peu forcée amoindrit l’émotion. Ce film contient deux des scènes de sexe les plus tristes et déprimantes qu’il m’ait été donné de voir sur grand écran. Colin Firth y perd un peu de sa superbe mais confirme qu’il peut tout jouer. Olivia Coleman campe avec brio une femme souffrant de désordres psychologiques graves que son traitement ét

The Fabelmans de Steven Spielberg / Intéressant /

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Passionné de cinéma, Sammy Fabelman passe son temps à filmer sa famille. S’il est encouragé dans cette voie par sa mère Mitzi, dotée d’un tempérament artistique, son père Burt, scientifique accompli, considère que sa passion est un passe-temps. Au fil des années, Sammy, à force de pointer sa caméra sur ses parents et ses sœurs, est devenu le documentariste de l’histoire familiale. Autobiographie plus ou moins romancée de Spielberg par lui-même, de son enfance à sa décision ferme de devenir réalisateur, cette comédie dramatique manque trop de finesse et de concision pour convaincre totalement. 2h30 quand même ! D’autant que le scénario se concentre beaucoup sur l’aspect familial et moins sur l’apprentissage du cinéma. Néanmoins, Gabriel LaBelle est excellent ; il campe à merveille cet adolescent maladroit passionné de cinéma, débrouillard et plein d’idées. Michelle Williams n’est pas mauvaise, cependant quelque chose cloche avec son visage qui paraît figé, plâtré. Paul Dano et Seth Roge