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Affichage des articles du septembre, 2022

Une belle course de Christian Carion // Mélancolique //

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Madeleine, 92 ans, appelle un taxi pour rejoindre la maison de retraite où elle doit s'installer. Elle demande à Charles, un chauffeur désabusé, de passer par les lieux qui ont compté dans sa vie, pour les revoir une dernière fois. Peu à peu, au détour des rues de Paris, surgit un passé hors du commun qui bouleverse Charles.  J’y suis allée sans conviction, parce que j’avais envie d’aller au cinéma et que l’horaire collait. J’ai tout vu venir tant le scénario est prévisible. Le film joue principalement de la complicité entre Dany Boon et Line Renaud. Lui se renouvelle dans un rôle plus dramatique tandis qu’elle joue presque son propre rôle. Elle évoque avec pudeur et humour une fin prochaine pour un film testamentaire. Alice Isaaz, ravissante et fière, et Jérémie Laheurte, beau et dangereux, complètent ce casting pour des flashbacks formellement esthétiques mais moins incarnés. Madeleine raconte sa vie, se la remémore, la revit. Les images autant que la mise en scène montrent les s

Les enfants des autres de Rebecca Zlotowski // Sensible //

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Rachel a 40 ans, pas d'enfant. Elle aime sa vie : ses élèves du lycée, ses amis, ses ex, ses cours de guitare. En tombant amoureuse d’Ali, elle s’attache à Leila, sa fille de 4 ans. Elle la borde, la soigne, et l’aime comme la sienne. Mais aimer les enfants des autres, c’est un risque à prendre… C’est l’histoire émouvante et triste d’une femme qui n’a pas le bon timing. Elle aime, pas le bon, pas au bon moment. Femme moderne qui doit accepter que choisir c’est renoncer, elle s’interroge aussi, questionne ses contradictions. Le rôle colle à la sensibilité de Virginie Efira, à sa pudeur aussi, alors qu’elle passe paradoxalement la moitié du film plus ou moins nue. La réalisatrice filme autant la passion charnelle du couple que la tendresse filiale. Les scènes de vie familiales se succèdent sur fond d'une bonne B.O mais avec d’affreux fondu au noir, entre petites joies et anicroches ; certaines sont très jolies, notamment celles qui évoquent la transmission et les biais qu’elle em

Don't worry darlingd'Olivia Wilde // Ambitieux et féroce //

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La chronique d'une communauté isolée dans le désert californien en plein cœur des années 1950, au sein de laquelle une femme au foyer voit sa vie être chamboulée.  Les premiers pas d’Olivia Wilde, réalisatrice sur grand écran (elle a déjà réalisé un long pour Netflix) : une claque esthétique. Un thriller psychologique féministe, glamour, dense et sombre qui monte en puissance et ne lâche pas le spectateur sur un scénario intelligent et une atmosphère surannée oppressante. Sans trop en révéler, disons seulement que le suspense tient ses promesses. La B.O , les costumes et les décors d’une banlieue américaine des années 1950 sont extras : c’est beau, la photographie est ultra soignée. Le casting est top, notamment Florence Pugh, forte et fragile à la fois, Olivia Wilde et Chris Pine, à contre-emploi et un peu sous-exploité. Son personnage aurait mérité d’être un peu plus détaillé, notamment parce que ses duels avec Alice sont fascinants, quoique frustrants car pas tout à fait aboutis

Avatar de James Cameron // Plaisant //

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Malgré sa paralysie, Jake Sully, un ancien  marine , est resté un combattant au plus profond de son être. Il est recruté pour se rendre sur Pandora, où de puissants groupes industriels exploitent un minerai rarissime destiné à résoudre la crise énergétique sur Terre. Je ne me souvenais guère du film, l’idée générale, quelques images… J’ai donc saisi l’occasion de me rafraîchir la mémoire avant la sortie du deuxième. Sur grand écran, c’est toujours mieux !  Cela faisait des années que je n’avais pas vu un film en 3D. Honnêtement, ça n’apporte pas grand-chose à l’œuvre, ça relève plus du gadget qui a le défaut de rendre certains contours flous. Une fois habituée, j’ai pu me replonger dans cette fable écologique divertissante, peuplée de personnages caricaturaux plus ou moins sympathiques, porté par un casting de qualité évoluant dans de jolis décors numériques. Les espèces de dragons sont très chouettes, les autres bestioles me laissent plus perplexe car elles n’ont biologiquement aucune

Canailles de Christophe Offenstein // Poussif //

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S uite à un casse qui a mal tourné, Antoine, blessé, débarque de force chez Elias pour se planquer. S’engage alors un étrange rapport de complicité et d'emprise entre  le braqueur, un rien anarchiste,  et le  prof d’histoire sans histoires . Mais c’était sans compter sur Lucie, l’enquêtrice un peu spéciale, chargée de l’affaire…  C'est une comédie moyenne dont l'essentiel se trouve dans la bande-annonce. Le casting s'avère inégal. Garcia campe avec gourmandise un prof un peu coincé, un peu veule, face à un Cluzet en demi-teinte et encore en répétition de lui-même. Dora Tillier est formidable en flic pêchue. Tantôt drôle, tantôt gênant, le film a le mérite de distraire malgré les trop nombreuses facilités et les raccourcis malheureux. Je trouve que le lien entre les deux hommes ne fonctionne pas complètement, le jeu des acteurs ne s'accordant pas. Garcia et Tillier forment un duo nettement plus complice. Le scénario reste trop en surface, il n'approfondit rien et

Coup de théâtre de Tom George // Délicieux //

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Dans le West End des années 50 à Londres, la préparation de l’adaptation cinématographique d’une pièce à succès est brutalement interrompue par le meurtre de son réalisateur hollywoodien. En charge de l’enquête, l’inspecteur Stoppard et l’agent Stalker se retrouvent plongés au cœur d’une enquête dans les coulisses à la fois glamour et sordides du théâtre.  La pièce à succès en question, c'est La souricière d'Agatha Christie toujours à l'affiche dans le West End. Il est utile dans connaître l'argument pour comprendre certaines références du film qui en est truffé. Hommage et parodie en même temps, le film est mené tambour battant jusqu'au dénouement et à la découverte finale, se terminant par un dernier clin d'œil. Autant les deux policiers sont bien campés par Sam Rockwell et Saoirse Ronan et attachants, autant les suspects font l'objet d'une caractérisation plus sommaire. Adrien Brody campe avec délice un réalisateur tombeur et arrogant, détestable et s

Le tigre et le président de Jean-Marc Peyrefitte // Bancal //

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1920. Georges Clemenceau vient de perdre l’élection présidentielle face à l'inconnu Paul Deschanel, un idéaliste qui veut changer le pays. Mais un soir ce dernier tombe d'un train et se volatilise. Au petit matin, la France cherche son président, une occasion en or pour le Tigre Clemenceau...  Le film commence avec la disparition de Deschanel puis part dans un long flashback expliquant l'élection de ce dernier à la présidence de la République (la IIIème) et ses premiers pas dans la fonction. Élection triomphale grâce à ses talents d'orateurs, premiers pas douloureux à cause de son anxiété. Même s'il a le mérite de faire redécouvrir un président oublié de notre Histoire, je regrette les grandes libertés prises avec celle-ci. Vers le milieu, il s'endort un peu, et nous aussi, malgré une B.O virevoltante. Ça tient sans doute au manque de contextualisation de la période, mis à part le Traité de Versailles sur lequel, d'ailleurs, la position de Deschanel est

Les poisons de Katharz d'Audrey Alwett

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Acheté peu avant de partir en vacances, je l'ai commencé avant et fini pendant.  A Katharz, ville-prison dans laquelle sont expédiés les criminels, le meurtre est légal et même récompensé. Ténia Harsnik, la dirigeante, y règne par la terreur et aime jouer de la guillotine. Non qu'elle soit cruelle, mais il lui faut coûte que coûte maintenir le nombre d'habitants sous le seuil des cent mille âmes. Le dépasser conduirait hélas à la fin du monde, et ça serait désagréable. Audrey Alwett (1982 - ) est auteur, scénariste de bande dessinée et conteuse. Durant ses études littéraires, qu’elle effectue à Nantes, elle travaille dans diverses petites maisons d’édition et écrit pour la presse régionale. Elle publie aussi des nouvelles dans des genres très différents (fantasy, SF, polar, société, historique…). Après un Master de littérature, c’est grâce à Lanfeust Mag qu’elle rejoint le monde de la bande dessinée, en publiant des histoires courtes. Elle rallie le studio Gottferdom en 200

Krompromat de Jérôme Salle // Décevant //

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Expatrié français en Russie, Mathieu Roussel est arrêté et incarcéré. Victime d’un kompromat, de faux documents compromettants utilisés par les services secrets russes pour nuire à une cible, menacé d’une peine de prison à vie, il ne lui reste qu’une option : s’évader.  Le problème c'est que quand on en arrive à l'évasion, la moitié du film s'est déjà écoulée dans un décor gris et brun. San être ennuyeux, son déroulement ressemble plus à un thriller d'espionnage réaliste manquant de jus qu'au film d'action que j'attendais. Manque le côté haletant, même si l'atmosphère est tendue. Manque l'action et le suspense. Heureusement Gilles Lellouche, attachant, apporte sa densité et son côté très français à son personnage d'abord très passif qui finit par se prendre en main. La réalisation a un côté daté que je ne m'explique pas, le film aurait pu être fait exactement de la même manière il y a dix ans et le scénario comporte trop de stéréotypes, d&

Le visiteur du futur de François Descraques // Jouissif et régressif //

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2555. Dans un futur dévasté, l’apocalypse menace la Terre. Le dernier espoir repose sur un homme capable de voyager dans le temps. Sa mission : retourner dans le passé et changer le cours des événements. Mais la Brigade Temporelle, une police du temps, le traque.  De la SF française, ça vaut déjà le détour et ça mérite de la considération tant c'est rare. Le scénario, enlevé, enchaîne les rebondissements bien pensés sur fond d'effets spéciaux bien vus malgré un budget limité. Les acteurs, inégaux, parfois en décalage, sont sympathiques. Le décalage est clairement volontaire mais ne fonctionne pas toujours. C'est sans doute le point faible de ce film intelligent et drôle qui ne se prend pas au sérieux toute en offrant un divertissement solidement réalisé. Il questionne l'avidité des Hommes et le rejet des conséquences sur les générations à venir, ainsi que l'amour filial. C'est vraiment marrant, un peu délirant et totalement bien fichu. Ce film m'a, par bi

La page blanche de Murielle Magellan // Joyeux //

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Eloïse se retrouve assise seule sur un banc parisien. Qui est-elle ? Que fait-elle là ? Elle ne se souvient de rien. Elle se lance alors dans une enquête, pleine de surprises, pour découvrir qui elle est. Et si cette amnésie lui permettait de trouver qui elle est, qui elle aime, et de réinventer sa vie ?  Intriguée par le synopsis assez mystérieux, j'y suis allée sur la seule foi de la présence de Pierre Deladonchamps. J'ai bien fait car c'est un joli film  – adapté d'une BD que je n'ai pas lue – sur la recherche de soi dans un décor de Paris de rêve entre charmant petit square et métro aérien. L'enquête suit une logique évidente et pourtant propose d’intéressantes surprises. Sara Giraudeau est excellente en jeune femme paumée en quête d'elle-même et de lien. Elle apporte sa délicatesse et sa candeur à son personnage. Pierre Deladonchamps est attachant en type bien tandis que Grégoire Ludig campe un parfait salaud qui prétend s'assumer. La réalisatio

Everything everywhere all at once de Daniel Scheinert et Daniel Kwan // Délirant //

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  Evelyn Wang est à bout : elle ne comprend plus sa famille, son travail et croule sous les impôts… Soudain, elle se retrouve plongée dans le multivers, des mondes parallèles où elle explore toutes les vies qu’elle aurait pu mener. Face à des forces obscures, elle seule peut sauver le monde mais aussi préserver la chose la plus précieuse : sa famille. Je ne sais pas ce que je pense de ce film. Déjà, une comédie dramatique de SF. Michelle Yeoh, parfaite dans tous ses rôles, incarne une femme, déçue par sa vie, n'ayant pas réalisé ses rêves, débordée entre sa laverie en faillite, un contrôle fiscal et sa fille qu'elle ne comprend pas, qui doit se réinventer. C'est une œuvre étrange, baroque, multi-référencé, chaotique, drôle jusqu'au burlesque, jusqu'à l'absurde (on reparle des doigts-saucisses ?) et au scabreux, parfois émouvant. On sent une économie de moyens palliée par des idées. Déstabilisant, il saute d'une vie à l'autre sans toutefois explorer t

La dégustation d'Ivan Calbérac // Touchant //

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Divorcé bourru, Jacques tient seul une petite cave à vins au bord de la faillite. Hortense, engagée dans l'associatif et déterminée à ne pas finir vieille fille, entre un jour dans sa boutique et décide de s'inscrire à un atelier dégustation...  Emballée par la présence de la solaire Isabelle Carré au casting, j'ai été un peu déroutée par le ton du film : moins léger qu'attendu. Il traite de sujets graves comme la solitude, le deuil, le pardon, la reconstruction, la transmission, les deuxièmes chances. Évidemment, il est question de vin mais pas tant que ça, d'autant que le seul connaisseur ne peut pas boire. Dommage, on ne ressent pas vraiment la délectation de boire un très grand cru. La séduction ici est maladroite, touchante à l'image des personnages, attachants. Isabelle Carré et Bernard Campan sont excellents dans ce registre malgré une mise en scène sans saveur. Cette comédie dramatique, plus émouvante que drôle, fait tout de même sourire. Plaisant.  

Les vieux fourneaux 2, bons pour l'asile de Christophe Duthuron // Poussif //

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Pour venir en aide à des migrants qu’il cachait à Paris, Pierrot les conduit dans le Sud-Ouest chez Antoine où Mimile, en pleine reconquête de Berthe. Les six réfugiés goûteront à la légendaire hospitalité d’un village français. Pour l'asile, peut-être pas, pour la maison de retraite, c'est très possible. Le film est si lent à démarrer que j'ai somnolé, pas mal. Une fois pleinement réveillée, j'ai pu constaté avec un brin d'effarement que je n'avais rien manqué. Ensuite, certes nos retraités sont gouailleurs et pas avares de bons mots ou de gentilles vacheries. Ce qui aurait pu être une comédie vacharde et acide sur une bande de potes du 3ème âge devient un manifeste militant concernant l'accueil des migrants. Le propos est sans doute sincère mais il est marqué par un angélisme agaçant. La réalité est loin d'être aussi simple. On sourit parfois, involontairement, surtout on s'ennuie ferme malgré l'abattage des acteurs.    3/10

Rumba la vie de Franck Dubosc // Sincère //

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Tony, la cinquantaine, chauffeur de bus scolaire renfermé sur lui-même, vit seul après avoir abandonné femme et enfant vingt ans plus tôt. Bousculé par un malaise cardiaque, il décide d'affronter son passé et s’inscrit incognito dans le cours de danse dirigé par sa fille.  Commençons par ce qui inquiète en général en allant voir un film avec Dubosc : il en fait moins que je ne le craignais, même si une inversion des rôles entre lui et Darroussin aurait donné une toute autre ampleur au film. Par ailleurs, je n'aurais pas choisi une danse aussi sensuelle que la rumba pour illustrer des retrouvailles père-fille. D'autant que si Dubosc danse plutôt bien, ça relève peut-être d'un concours régional mais en aucun cas d'un championnat du monde, scène d'ailleurs particulièrement frustrante. Le film fait sourire, émeut parfois, sans toutefois être hilarant. Quelques blagues tombent à plat et si l'acteur réalisateur ne craint pas le ridicule, l'assume même, l'é

Les volets verts de Jean Becker // Crépusculaire //

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P ortrait d’un monstre sacré, Jules Maugin, un acteur au sommet de sa gloire dans les années 70. Sous la personnalité célèbre, l’intimité d’un homme se révèle.  J'y suis allée sans avoir vu la bande-annonce. J'aurais peut-être dû, ne serait-ce que pour évaluer l'ambiance. Cela aurait peut-être suffi à me faire voir que réunir d'excellents comédiens sur de beaux paysages en soignant l'image ne suffit pas à faire un bon film. Il faut des personnages aimables et une histoire qui tienne la route. Or Maugin ressemble trait pour trait à Depardieu, si bien que l'on a l'impression de visionner un documentaire sur la vie de l'acteur transposée dans les années 70, au demeurant joliment reconstituées. Et franchement, son mal-être, sa solitude, sa générosité, son sale caractère ne m'intéressent pas. Je ne me suis pas complètement ennuyée, j'attendais que le film décolle, qu'il s'incarne plus, qu'une réelle mise ne scène se fasse jour, ce n'es