Les apparences de Marc Fitoussi

Couple en vue de la petite communauté française de Vienne, Ève et Henri, parents d’un petit Malo, ont tout pour être heureux. Lui est le chef d’orchestre de l’Opéra, elle travaille à l’Institut français. Une vie apparemment sans fausse note, jusqu’au jour où Éve découvre qu'Henri a succombé au charme de l’institutrice de leur fils. 

Beaux carrés blonds, ongles manucurés et jolies robes sur lesquelles on fait d'hypocrites compliments, cette communauté d'expats a déjà de quoi inquiéter en soi tant elle est bruissante de rumeurs et tant on devine que, sous le vernis, les langues sont acérées, notamment celle de Pascale Arbillot. Là-dessus ajoutez un local à l'accent charmant mais sérieusement érotomane, inquiétant Lucas Englander, une bibliophile collante, formidable Evelyne Buyle, et un mari volage, impeccable Benjamin Biolay en chef d'orchestre glacé. Ça fait beaucoup pour Éve, bourgeoise élégante qui aime paraître, Karin Viard à son meilleur. Aime-t-elle encore son mari, ou seulement l'image que son couple renvoie ? Vienne est une belle ville pour un décor, on la voit cependant trop peu. Si l'on peut reprocher au scénario de manquer d'émotion et de s'avérer prévisible, il ne manque, en revanche, pas de suspense et Fitoussi parvient à instiller une atmosphère vénéneuse à souhait. Portrait grinçant d'une société qui pense plus à paraître qu'à être, le film maintient la tension jusqu'au bout. 

 8/10