Les lames du cardinal de Pierre Pevel

Ceux qui me lisent le savent, j'adore Pierre Pevel. J'ai lu tous ses livres. Bon ok, presque, j'ai un peu de retard vu que généralement j'achète ses ouvrages dans un salon du livre pour me les faire dédicacer. 
Je me suis lancée dans une relecture du cycle des Lames du cardinal. Pourquoi ? Ben parce que j'avais envie, tiens !
1633, sous le règne de Louis XIII, le Cardinal de Richelieu veille à la bonne marche du royaume de France, de plus en plus menacé par l’Espagne et ses nouveaux alliés : les dragons. Or à situation exceptionnelle, moyens exceptionnels : le Cardinal se voit contraint de faire appel à une compagnie d’élite qu’il avait lui-même dissoute. Sous le commandement du capitaine La Fargue, les bretteurs les plus vaillants et les plus intrépides que possède le royaume sont ainsi réunis pour former à nouveau les redoutables Lames du Cardinal. 

Pierre Pevel (1968 - ) a d'abord été scénariste, journaliste et auteur pour les jeux de rôle, avant de venir à l'écriture. Il écrit plusieurs romans de fantasy sous le pseudonyme de Pierre Jacq, puis signe ses livres de son vrai nom. Il se fait connaître par sa trilogie des Ombres de Wielstadt, publiée en 2001, qui lui vaut en 2002 un Grand prix de l'Imaginaire. Ses romans se rapprochent souvent de l'uchronie, et en particulier de l'uchronie de fantasy. Par ailleurs, il a entrepris, depuis 2006, de traduire à nouveau les aventures de James Bond de façon à respecter le texte original.

Volume 1. Pour être honnête, l'intrigue met du temps à commencer mais pour une bonne raison. Pevel prend le temps de présenter tous les personnages et toutes les intrigues et elles sont nombreuses et diversifiées : intrigues de cour, jeux de dupes, complots. Elles se croisent tout au long du roman jusqu'à leur aboutissement dans un grand final assez apocalyptique. 

L'univers des lames est une belle uchronie documentée de la France du XVIIème siècle dans laquelle Pevel a placé ses animaux fantastiques favoris : les dragons. On se balade dans le Paris historique à peine modifié et richement décrit.
Comme toujours chez cet auteur, les personnages, complexes, offrent de belles nuances. La Fargue est un capitaine austère et efficace mais méfiant et très secret. Agnès est anachronique mais sympathique par sa volonté d'indépendance. Ballardieu surprend par ses étonnants réflexes vu sa corpulence et ce qu'il boit. Marciac représente l'atout charme et humour, désinvolture aussi. Les austères Almadès et Leprat sont plus discrets. Saint-Lucq, particulièrement énigmatique avec ses lunettes rouges, donne envie d'en savoir plus. Laincourt ne dévoile rien encore, il faut attendre les autres volumes. Tous sont attachants, quoique de façon différente.
Dès qu'elle est lancée, l'intrigue file de rebondissements en scènes d'action bien troussées. On sent le rôliste parfois dans l'écriture enlevée de Pevel qui use parfois de ficelles un peu visibles en mode film de cape et d'épée. Ce petit côté Les trois mousquetaires (référence bien réelle) ou Le bossu a quelque chose de gentiment suranné que j'aime bien. L'important, c'est le plaisir de la lecture et il est bien réel.

Volume 2 : L'alchimiste des ombres. Cet opus suit directement le précédent, sans temps mort. L'intrigue démarre plus vite et connaît moins de ramification ce qui la rend très simple à suivre. L'action et les scènes dialoguées sont adroitement alternées et la première toujours décrite avec soin.
On retrouve les mêmes personnages dont la personnalité et le passé sont approfondis. Laincourt dévoile un aspect romantique, Leprat un caractère amical, Agnès un passé religieux. Saint-Lucq reste toujours aussi énigmatique, c'est le propre du personnage. Des petits nouveaux apparaissent telles l'historique duchesse de Chevreuse, la mignonne Aude de Saint Avold, ou l'Italienne, une redoutable espionne. 
Ce tome opère une montée en puissance de l'intrigue, les pièces du puzzle sont presque en place. 

Volume 3 : Le dragon des arcanes. Ce dernier opus de la trilogie est sans doute le plus fascinant malgré les répétitions. Ces dernières sont nécessaires quand on lit les opus à un an ou deux d'intervalle mais lorsqu'on les lit d'affilée, cela s'avère un peu roboratif. 
Tous les éléments sont en place et les personnages sont bien connus, les intrigues draconiques en place : on touche au but et il sera sombre, nécessairement. Les Lames rencontrent leur destin et font face aux plus grandes difficultés, à commencer par la perte de certains de leurs membres. Les secrets sont enfin dévoilés et l'on apprend le fin mot de l'histoire après un final grandiose empli de feu, de combats à l'épée et au pistolet, de terreurs, d'enlèvements, de rage et de peur. 
Les dragons y prennent toute leur place mais auraient pu être encore plus développés. On découvre de façon plus complète les redoutables sœurs de Saint-Georges ou châtelaines qui s'inscrivent si parfaitement dans leur époque d'intrigues. Certains éléments me semblent sous-exploités, comme si Pevel avait eu peur de faire trop long. En ce qui me concerne, il y aurait pu y en avoir plus. 

Pour finir, cette trilogie n'est peut-être pas la meilleure de Pevel mais elle reste un grand divertissement populaire, accessible et inventif rempli de personnages fascinants.

9/10

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