Priscilla de Sofia Coppola / Vain et ennuyeux /
Quand Priscilla rencontre Elvis, elle est collégienne. Lui, à 24 ans, est déjà une star mondiale. De leur idylle secrète à leur mariage iconique, Sofia Coppola dresse le portrait de Priscilla, une adolescente effacée qui lentement se réveillera de son conte de fées pour prendre sa vie en main.
Je ne suis pas fan de Sofia Coppola, je trouve son cinéma
maniéré. Là encore, elle tombe dans les mêmes travers : image vaporeuse et
léchée, exposition lumineuse bizarre… Si elle se regardait moins filmer, elle s’apercevrait
peut-être que son scénario n’existe qu’en creux, c’est-à-dire que la
description de la vie de Priscilla se fait principalement par négation. Elle n’est
pas heureuse, elle n’est pas occupée, elle n’est pas satisfaite, elle n’est pas
intelligente, elle n’est pas mature, elle n’est pas cultivée. On s’ennuie
presque autant qu’elle dans cette vacuité pleine d’attente. D’ailleurs si les
scènes de séduction et de câlineries sont montrées, jamais la consommation du
mariage, comme si elle n’existait pas alors que le désir, lui, est filmé. Elvis,
dépeint comme un tyran domestique généreux et colérique, parfois violent, est
campé par un acteur peu ressemblant au jeu inégal quoique que parfois
charismatique. Cailee Spaeny, presque opaque dans son interprétation, a du
talent et donne corps à une Priscilla évanescente qui, d’enfant, devient femme
et s’émancipe lentement avec une force de résilience admirable. Trop admirable ?
On n’est pas loin de l’hagiographie là. Les seconds sont à la fois présents à l’écran
mais ne sont que des figures de carton-pâte sans personnalité en dehors de leur
fonction. Quant au fameux Colonel, il semble que la poupée d’Elvis ne l’ait
jamais croisé. Le montage s’avère totalement dépourvu de fluidité : on
assiste à une succession de scénettes plus pu moins intéressantes. La B.O est
extra, les décors et les costumes aussi, ils rendent à merveille l’ambiance des
sixties, entre patriarcat effarant et montée d’un féminisme encore hésitant
dans certains milieux.
3,5/10
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