Annie Colère de Blandine Lenoir // Généreux et juste //
Février 1974. Parce qu’elle se retrouve enceinte accidentellement, Annie, ouvrière et mère de deux enfants, rencontre le MLAC – Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception qui pratique les avortements illégaux aux yeux de tous. Accueillie par ce mouvement unique, fondé sur l’aide concrète aux femmes et le partage des savoirs, elle va trouver dans la bataille pour l’adoption de la loi sur l'avortement un nouveau sens à sa vie.
Grâce à des récits factuels, sans pathos, cette comédie
dramatique parvient à émouvoir sans trop en faire. Elle met en lumière une
réalité encore trop souvent méconnue et tue : quand l’avortement est
interdit, les femmes avortent quand même, a fortiori quand la contraception est
peu ou pas accessible. Elles le font alors dans des conditions dramatiques.
Elle redonne aussi ses lettres de noblesse au MLAC et à son poids dans la
légalisation de l’avortement. À l’heure ou plusieurs États reviennent sur ce
droit, elle est d’autant plus nécessaire et d’actualité. Le casting est
formidable et permet de représenter la diversité des personnes concernées et
des points de vue : féminins, masculins, bourgeois, ouvriers, professeurs,
profanes, professionnels de santé. Laure Calamy incarne à merveille cette femme
non politisée qui s’émancipe par le combat féministe. Je souligne la voix fantastique
de Rosemary Standley qui accompagne des scènes difficiles et lourdes de sens
avec une douceur incroyable. Quant à Yannick Choirat, il s’en sort avec classe
du rôle casse-gueule du mari plus intéressé par son combat politique que par
celui de sa femme, sans pour autant être uns ale type, loin de là. Quelques
scènes de transition, sensées être illustratives de l’état d’esprit d’Annie, s’éternisent
trop. Ce petit écueil n’entame en rien la justesse et la pertinence du film.
9/10
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