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Affichage des articles du novembre, 2021

House of Gucci de Ridley Scott // Tape à l'œil //

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À la fin des années 1970, l’empire italien de la mode est à un tournant critique de son histoire. Si l’entreprise rayonne désormais à l’international, elle est handicapée par des rumeurs de malversations financières, une innovation en berne, une dévalorisation de la marque et une famille déchirée par les luttes de pouvoir intestines. Entrée en scène d'une manipulatrice ambitieuse, ça ne pouvait que mal finir.  La bande annonce promettait beaucoup, le film tient peu, malheureusement. J'ai été frappée par le montage complètement azimuté : scènes coupées trop tôt ou trop tard, sans maîtrise des ellipses temporelles. De la part d'un réalisateur aussi expérimenté, cela surprend. Cela dit, je n'ai pas trouvé le temps long malgré quelques petits ventres mous, rien de grave de ce côté. J'ai plutôt aimé le casting, Lady Gaga, excellente dans l'avidité sans fin de tout posséder, Adam Driver, génial et élégant, Al Pacino, toujours aussi charismatique, sont excellents. Deux

Amants de Nicole Garcia // Très décevant //

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Lisa et Simon s’aiment passionnément depuis leur adolescence et mènent une vie urbaine et nocturne. A la suite d’une soirée qui tourne mal, Simon décide de fuir. Lisa attend des nouvelles qui ne viendront jamais. Des années plus tard, dans l’Océan Indien, elle est mariée à Léo quand leurs destins se croisent à nouveau…  Quelle déception ! J'attendais beaucoup de ce film. Dès le premier plan, étiré à l'extrême pour sursignifier la fusion totale entre Lisa et Simon, j'ai compris que le caractère appuyé du propos et un rien esthétisant risquait de me déplaire. Surtout avec une B.O aigrelette et répétitive. Gagné. J'ai trouvé un certain nombre de plans, certes brefs, complètement inutiles et sans intérêt. Le couple, loin d'être attachant, ne s'intéresse qu'à lui-même, ne parle que de lui-même. Lisa est une femme-enfant qui ne répond pas quand on lui parle et dont la voix m'a agacée. De surcroît la maigreur de l'actrice dans les scènes d'intimité n

On est fait pour s'entendre de Pascal Elbé // Charmant et intelligent //

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Antoine semble n’écouter ni ses élèves, ni ses collègues, ni sa compagne... Et pour cause : il a perdu beaucoup d’audition. Claire, venue s’installer chez sa sœur avec sa fille après la perte de son mari, s'agace de ce voisin bruyant. Je m'attendais à une comédie française gentillette. Je suis donc agréablement surprise par le fait que la surdité ne soit pas qu'un ressort comique. Le sujet est aussi traité sérieusement, sans pour autant oublier de faire sourire. Le scénario aborde l'isolement et les difficultés liées à l'appareillage, ainsi que le deuil. Si le sujet de la surdité est si bien traité, notamment grâce au travail de la bande-son, c'est que le réalisateur se trouve en terrain connu (ce que j'ignorais). Sandrine Kiberlain et Pascal Elbé forment un duo complice secondé par une pléiade de bons seconds rôles de Valérie Donzelli à François Berléand en passant par Emmanuelle Devos. Si elle n'évite pas quelques maladresses, ni facilités scénaristi

Tre piani de Nanni Moretti // Intéressant //

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Une série d’événements bouleverse l’existence des habitants d’un immeuble romain, dévoilant leur difficulté à être parent, frère ou voisin. Tandis que les hommes sont prisonniers de leurs entêtements, les femmes tentent, chacune à leur manière, de raccommoder ces vies désunies.  Trois tranches de vie pour quatre familles vivant dans le même immeuble romain. Les personnages, incarnés par un casting épatant, Riccardo Scamarcio, Margherita Buy, Alba Rohrwacher en tête, sont attachants parce qu'ils ont de l'épaisseur. Il sont imparfaits, ce qui rend le film très humain, bien que le scénario donne à voir une masculinité – et particulièrement une paternité – toxique opposée à des femmes plus courageuses, qui regardent la vérité en face. Assez esthétique mais pas prétentieux, le film ne donne pas une image très joyeuse de la capitale italienne qui semble engluée dans un pessimisme douloureux, presque amer. L'intrigue, un peu trop légère, un peu lente, est desservie par un fina

Cry macho de Clint Eastwood // Bancal //

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Mike, star déchue du rodéo, se voit confier une mission a priori impossible : se rendre au Mexique pour y trouver un adolescent turbulent et l’amener jusqu’au Texas. Il lui faudra pour cela affronter la pègre mexicaine, la police et son propre passé.  La plupart du temps, j'apprécie Eastwood le réalisateur. Ici, cela se confirme à moitié. Clint Eastwood est désormais un peu âgé pour ce type de rôle encore assez physique, il n'est plus crédible en cowboy et semble être ralenti. Le scénario aurait paru plus fluide, moins cliché, si le rôle du mentor avait été campé par Josh Brolin ou Jeff Bridges, notamment parce que les deux seuls rôles féminins se jettent sur le cowboy avec une avidité qui m'a semblé exagérée et sans objet. Si la photographie et la B.O country sont belles, je ne suis pas convaincue par le montage un peu mou et la longueur totale. Comme souvent avec Eastwood, il est question de rédemption, de virilité et de transmission. Le film ne manque pas d'humanité,

Aline de Valérie Lemercier // Extravagant, décalé //

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Québec, fin des années 60, Sylvette et Anglomard Dieu accueillent leur 14ème enfant : Aline. Lorsqu’il entend la voix d'Aline, le producteur de musique Guy-Claude n’a plus qu’une idée en tête… faire d’elle la plus grande chanteuse au monde. Epaulée par sa famille et guidée par l’expérience puis l’amour naissant de Guy-Claude, ils vont ensemble écrire les pages d’un destin hors du commun. Je suis perplexe, je ne sais que penser de ce film. Je n'ai pas aimé les incrustations du débuts qui sont laides et bizarres, autant prendre une autre actrice. Il en est de même pour les années de jeune adulte d'Aline, pour lesquelles Lemercier est trop âgée et ça complique l'immersion dans son univers loufoque. En revanche, j'ai adoré la B.O, les chansons de Céline Dion et les autres, même si finalement, il n' y a pas tant de chansons de Céline que ça. Si la doubleuse voix chantée (Victoria Sio) est exceptionnelle, le play-back se voit et m'a dérangée. Il s'agit clairem

Haute couture de Sylvie Ohayon // Attachant //

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Première d’atelier chez Dior, Esther participe à sa dernière collection de Haute Couture avant de prendre sa retraite. Un jour, elle se fait voler son sac dans le métro par Jade, 20 ans. Mais celle-ci, prise de remords, décide de le lui restituer. Séduite malgré elle par l’audace de la jeune fille et convaincue qu’elle a un don, Esther lui offre la chance d’intégrer les ateliers.  Avant tout, il s'agit de transmission, d'un passion mais aussi d'une envie, celle d'exister par un métier qui ne soit pas un simple boulot alimentaire mais un véritable amour du geste parfait et du beau. Et c'est vrai que c'est beau : les ateliers, les tissus, les robes... (même si on n'en voit pas assez à mon goût). C'est aussi l'histoire d'une main tendue malgré les préjugés – de part et d'autre –  pour casser un cycle, celui de la glande et de la petite délinquance d'un côté, de la solitude de l'autre. L'intrigue n'invente rien, elle suit la voie

Les Eternels de Chloé Zhao // Flottant //

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Depuis l’aube de l’humanité, les Éternels, un groupe de héros venus des confins de l’univers, protègent la Terre des Déviants. Lorsqu'ils réapparaissent mystérieusement, les Éternels sont à nouveau obligés de se réunir…  Je suis prise au dépourvu par mon manque d'inspiration au sujet de ce film. Si je l'avais trouvé mauvais ou très bon, ce serait facile. La difficulté relève peut-être du fait qu'il ne se distingue pas du reste des productions Marvel qui finissent par toutes se ressembler à force d'employer les mêmes ingrédients en changeant seulement le casting, cette fois hyper inclusif, ou woke. A moins que le film manque de lisibilité ? Je ne sais pas. Au fond ça ne m'a pas déplu loin de là.  J'ai immédiatement trouvé qu'il y avait trop de personnages, ce qui impose le sacrifice d'une partie d'entre eux.  D'autant que les personnages manquent de cohérence et le groupe d'unité.  Heureusement, les acteurs, notamment Gemma Chan, Richard M

Si on chantait de Fabrice Maruca // Sympathique //

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Quiévrechain, ville industrielle du Nord de la France. Après la fermeture de leur usine, Franck, passionné de variété française décide d’entraîner ses anciens collègues, Sophie, José, et Jean-Claude, dans un projet un peu fou : monter une entreprise de livraisons de chansons à domicile.  Y allant sans rien en attendre, je suis assez satisfaite de ma séance. Cette comédie franchouillarde n'a rien de particulier, sinon une bonne humeur à toute épreuve qui fait du bien en cette période morose. Jeremy Lopez, Alice Pol et Artus dominent le casting grâce à leur enthousiasme. Sur fond d'humour inégal, parfois drôle, parfois sans finesse, les chansons sont plutôt marrantes et la plupart des acteurs chantonne pas mal, à l'exception de Clovis Cornillac dont le filet de voix n'est pas à la hauteur. Le scénario aligne les clichés, faute d'ambition, mais sans méchanceté. Ajoutez une bluette aussi prévisible que sympathique et vous obtiendrez un joli petit film.  6/10