La bonne épouse de Martin Provost

Tenir son foyer et se plier au devoir conjugal sans moufter : c’est ce qu’enseigne avec ardeur Paulette Van Der Beck dans son école ménagère. Ses certitudes vacillent quand elle se retrouve veuve et ruinée. Est-ce le retour de son premier amour ou le vent de liberté de mai 68 ? Et si la bonne épouse devenait une femme libre ? 

Je m'attendais à une comédie satirique enlevée pleine de musique et de répliques mordantes. Ça commence bien, par une peinture drôle de cette école complètement rétrograde vue de notre époque. Et qui dit des choses sur la façon dont les choses n'ont pas tant changé que ça : les injonctions ont changé, ce n'est plus soyez une bonne épouse, une bonne ménagère, une bonne mère, mais soyez sexy, au top professionnellement, une bonne mère, cultivée, et éclatez-vous au lit (oui, en 24h). Ensuite, le film profite de la mort du seul homme de la maison pour donner une opportunité de liberté aux personnages. Déjà, certaines scènes sont ridicules, quant au final, il tourne à la farce totale, à laquelle je n'ai pas adhéré. Du tout. Juliette Binoche campe sans saveur la femme d'abord soumise qui ne demande qu'à se libérer, sa voix inhabituellement haut-perché est déplaisante. Son personnage, manque de profondeur, mais que dire de la belle-sœur à moitié idiote et de la bonne sœur revêche mais sans autre trait de caractère ? Edouard Baer, charmant comme toujours, est sous-employé. Trop caricaturaux et carton-pâte, les personnages ne parviennent pas à convaincre malgré des tentatives intéressantes sur les pensionnaires, d'autant que leur brutale évolution manque cruellement de cohérence, comme le scénario. Bien que la reconstitution et les couleurs satisfassent mon appétit de vintage, la déception pointe le bout de son museau, et ce dès que j'ai compris que je ne rirai pas. Bref la sauce ne prend pas, dommage.

4/10

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