Marina de Carlos Ruiz Zafon

En 2014, on m'a offert ce roman dont je ne connaissais pas l'auteur. Passé le premier chapitre un peu déroutant, je n'ai plus pu le lâcher. A tel point que j'avais raté une séance de ciné (pas pour très longtemps, je vous rassure).
Relu récemment, j'actualise ma critique juste après le décès de l'auteur qui m'a fait un petit coup au cœur. 
 A Barcelone, au début des années 1980, Oscar, quinze ans, a l'habitude de s'échapper le collège où il est interne pour flâner dans les rues de la ville. Au hasard de l'une de ses escapades, il fait la connaissance de Marina et de son père, German, qui vivent dans une vieille maison hors du temps. Fascinée par l'énigme d'une tombe anonyme, Marina entraîne son jeune compagnon dans un cimetière oublié de tous. Qui est la femme venant s'y recueillir ? Et que signifie le papillon noir qui surplombe la pierre tombale ? S'égarant dans les entrailles d'une terrifiante cité souterraine, s'enfonçant dans les coulisses d'un inquiétant théâtre désaffecté, Oscar et Marina réveillent les protagonistes d'une tragédie vieille de plusieurs décennies.
Carlos Ruiz Zafon (1964 - 2020) était un auteur et scénariste espagnol vivant aux États-Unis. Il a gagné plusieurs prix dont le prix Femina en 2004 et le prix Michelet en 2005. En plus de Marina, il a écrit deux cycles : Le cimetière des livres oubliés et la Trilogie de la brume.
La quatrième de couverture m'a induite en erreur, je pensais me trouver face à un ouvrage de pur fantastique. Or, Marina est un ouvrage poétique et sombre, presque gothique. Il y est question d'inquiétants mannequins, de cimetière oublié, de vieilles maisons décrépites, de drôles de papillons, de lourd passé et surtout de Barcelone que le héros parcourt avec bonheur. Sans doute adressé aux jeunes adultes, il ne perd pas de son charme quand on perd le qualificatif, grâce à l'écriture envoûtante de l'auteur, même si les maladresses apparaissent en filigrane. 
Avec un humour surprenant et présent presque à chaque page, l'auteur décrit la fin de l'enfance, évoque la mort, la peur qu'elle inspire, les réactions diverses qu'elle suscite, les transformations subies par une ville aussi. Il est aussi beaucoup question d'amour, du premier, du grand, du filial. Barcelone est presque un personnage tant elle est parcourue en tous sens, surtout dans ses vieux quartiers, ceux des maisons vides et à moitié en ruine, des jardins perdus peuplés d'ombres mouvantes, ceux des fantasmagories intemporelles, ou plutôt prisonnières du temps, tant les années 80 sont presque absentes. Les descriptions du narrateur sont fascinantes et souvent inquiétantes, d'autant qu'il y est souvent question d'araignées qui se baladent ou tissent leur dangereuse toile autour des personnages.
Finement écrit et distillant un suspense prenant, Marina est un fabuleux page-turner, si bien que le lecteur se surprend à avoir fini, trop vite. On en veut encore, c'est trop court. 

9/10


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