Le Vallon d'Agatha Christie
Suite du cycle Agatha Christie. Sans doute l'un de mes préférés dans sa version télévisuelle, d'ailleurs très fidèle, à l'exception de la suppression d'un personnage somme toute assez inutile.
Hercule Poirot enquête sur l'assassinat d'un médecin, John Christow, tué
par balles au bord de la piscine dans la propriété du Vallon où il
passait le week-end en compagnie de son épouse, chez leur amie Lady
Angkatell. Il soupçonne Gerda, l'épouse du médecin, qui avait des
raisons d'être jalouse. Or les preuves font défaut. Henrietta, une
artiste, amie du couple - et confidente du médecin - partage le même
sentiment.
Pour la bio de Dame Agatha, c'est long. Vous pouvez vous contenter du petit paragraphe qui suit. Pour la version longue, vous pouvez vous reporter à ma critique de Mort sur le Nil.
Agatha Christie, née Agatha Mary Clarissa Miller (1890 - 1976),
surnommée la « Reine du crime » est considérée comme l'auteur le
plus lu chez les Anglo-Saxons après Shakespeare. Elle a écrit
plusieurs romans sous le pseudonyme de Mary Westmacott. C'est aussi
l'auteur le plus traduit dans le monde. Elle a publié 66 romans, 154
nouvelles et 20 pièces de théâtre. Ses romans et nouvelles ont été maintes fois
adaptés au cinéma ou à la télévision.
Le Vallon, c'est une enquête particulière où le coupable semble si évident que cela pourrait être une mise en scène. D'ailleurs elle est très secondaire, presque entièrement menée par un policier dubitatif -on doute tout de même jusqu'au bout. Les
intrigues amoureuses et familiales, tantôt bateaux, tantôt plus
surprenantes et non conventionnelles, la surpassent aisément. L'ambiance y est un peu magique, sans doute grâce à cette étrange et réjouissante famille, les Angkatell.
Les personnages sont extraordinaires et particulièrement bien développés. Il y a le farfadet, lady Angkatell, encore séduisante, d'une désarmante franchise, d'un égoïsme forcené et d'une étourderie confondante (il faut l'entendre dire à son mari que puisque John avait été invité, il ne pouvait y avoir "d'accident"), sir Henry, le gentleman bienveillant, Gudgeon, l'indispensable majordome efficace et totalement dévoué, Henrietta, l'artiste charismatique et d'une radicale intégrité, Edward, le gentleman fin de race amoureux du passé, Midge, la jeune femme presque normale, qui parfois n'en peut plus de cette famille exaspérante et déconnectée des réalités mais ne la quitterait pour rien au monde, Gerda, l'épouse dévouée, fragile mais loin d'être aussi lente qu'elle le laisse paraître, John, le médecin charmant et dévoué à l'altruisme douteux, David, l'étudiant gauchiste vindicatif (c'est lui qui n'a que peu d'utilité) et Veronica Cray, l'actrice sublime qui veut tout, tout de suite et a l'habitude de l'obtenir. Cette famille cinglée, qui cultive un entre-soi délirant parce que, qui d'autre pourrait les supporter ? Qui d'autre pourrait suivre les propos décousus de lady Angkatell ? Car celle-ci commence ses conversations seules et les poursuit une fois son interlocuteur trouvé. Leur façon de se comprendre à demi-mots est géniale. Ils représentent une Angleterre déjà en voie de disparition au moment où le roman a été écrit (1946). Leurs relations sont complexes et parfois difficiles, toutefois, ils font bloc face à l'adversité.
Les personnages sont extraordinaires et particulièrement bien développés. Il y a le farfadet, lady Angkatell, encore séduisante, d'une désarmante franchise, d'un égoïsme forcené et d'une étourderie confondante (il faut l'entendre dire à son mari que puisque John avait été invité, il ne pouvait y avoir "d'accident"), sir Henry, le gentleman bienveillant, Gudgeon, l'indispensable majordome efficace et totalement dévoué, Henrietta, l'artiste charismatique et d'une radicale intégrité, Edward, le gentleman fin de race amoureux du passé, Midge, la jeune femme presque normale, qui parfois n'en peut plus de cette famille exaspérante et déconnectée des réalités mais ne la quitterait pour rien au monde, Gerda, l'épouse dévouée, fragile mais loin d'être aussi lente qu'elle le laisse paraître, John, le médecin charmant et dévoué à l'altruisme douteux, David, l'étudiant gauchiste vindicatif (c'est lui qui n'a que peu d'utilité) et Veronica Cray, l'actrice sublime qui veut tout, tout de suite et a l'habitude de l'obtenir. Cette famille cinglée, qui cultive un entre-soi délirant parce que, qui d'autre pourrait les supporter ? Qui d'autre pourrait suivre les propos décousus de lady Angkatell ? Car celle-ci commence ses conversations seules et les poursuit une fois son interlocuteur trouvé. Leur façon de se comprendre à demi-mots est géniale. Ils représentent une Angleterre déjà en voie de disparition au moment où le roman a été écrit (1946). Leurs relations sont complexes et parfois difficiles, toutefois, ils font bloc face à l'adversité.
On suit plus particulièrement les pensées et états d'âme d'Henrietta et de Gerda. La première est une femme complexe que l'on peine parfois à suivre. Elle est pragmatique et créative à la fois, complètement artiste et tellement amoureuse mais sans ostentation. Poirot ne s'y trompe pas. La seconde est une femme simple qui a découvert que, quitte à être prise pour une idiote, autant en profiter à fond et laisser les autres agir à sa place. Et pourtant, elle ne peut se défendre d'une naïveté certaine, d'une pensée limitée.
Dans cet opus, Poirot observe, écoute, sait qu'on lui ment, le sent. Il se montre toujours aussi courtois, toujours aussi amoureux de la symétrie (saleté d'arbres !), toujours aussi brillant, toujours aussi conscient de ses capacités intellectuelles. Pour une fois, pas de grande scène théâtrale de résolution finale. Ici Christie prend le parti de la comédie dramatique intimiste où l'intrigue policière n'est qu'un prétexte à la peinture de cette famille renversante dans une Angleterre en pleine mutation.
Dans cet opus, Poirot observe, écoute, sait qu'on lui ment, le sent. Il se montre toujours aussi courtois, toujours aussi amoureux de la symétrie (saleté d'arbres !), toujours aussi brillant, toujours aussi conscient de ses capacités intellectuelles. Pour une fois, pas de grande scène théâtrale de résolution finale. Ici Christie prend le parti de la comédie dramatique intimiste où l'intrigue policière n'est qu'un prétexte à la peinture de cette famille renversante dans une Angleterre en pleine mutation.
9,5/10
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