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Affichage des articles du avril, 2017

Denial

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Deborah Lipstadt, historienne et auteur reconnue, défend farouchement la mémoire de l’Holocauste. David Irving, un historien extrémiste, avocat de thèses controversées sur le régime nazi, l'assigne en justice. Lipstadt se retrouve dans la situation aberrante de devoir prouver l’existence des chambres à gaz.  Quand on sait que ce film est tiré d'une histoire vraie, ça fait froid dans le dos. Que l'on puisse nier l'holocauste me dépasse. Passons. Denial, renommé pompeusement Le procès du siècle, est un film historique brillant, intelligent et humaniste qui se laisse parfois aller à un peu trop de démonstration. Mick Jackson maîtrise l'art de l'ellipse qui permet de ne s'intéresser qu'aux phases saillantes de la procédure en diffamation (assez hallucinante d'ailleurs). J'ai apprécié l'absence de manichéisme, notamment dans les relations entre Lipstadt et ses avocats, lorsqu'ils s'opposent sur la stratégie à suivre. Rachel Weisz i

Jour J

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Lors d'une fête, Mathias a trompé Alexia avec Juliette, une wedding planer. Quand Alexia découvre la carte de visite de Juliette dans la poche de Mathias, elle comprend tout de suite : il veut donc l'épouser ! Mathias se retrouve entre sa "femme" et de sa "maîtresse", contraint d'organiser son mariage.   Je ne m'attendais pas à grand chose donc je ne pouvais qu'être agréablement surprise. En relisant ma critique de Paris à tout prix, je me suis aperçue qu'elle correspondait à peu de chose près à Jour J. Reem Kherici a le sens de la formule, de la punchline qui tue et qui fait rire. Elle amène son énergie débordante à son personnage. Nicolas Duvauchelle est d'une incroyable lâcheté (sa tête quand Alexia croit qu'il la demande en mariage est à mourir de rire), Julia Piaton coincée à souhait, ultra chiante, Chantal Lauby ultra chiante aussi mais dans l'irresponsabilité. François-Xavier Demaison illustre à merveille ces gens qu

Ça m'énerve de Marie-Ange Guillaume

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Je suis tombée dessus en tête de gondole dans ma librairie. Je l'avais noté dans un coin de ma tête après avoir lu deux critiques positives dans deux magazines. Par pur esprit de vengeance, ce livre traite des nuisances. Pas les nuisances graves. Non, juste les irritations, les gâchis d’humeur, les casse-couilles en tout genre, les hotlines, les paperasses et les télécommandes, le garçon de café qui met trois plombes à noter votre présence, la housse de couette récalcitrante, la langue de bois... Bref, tout ce qui arrive à vous zigouiller une journée qui commençait si bien. Marie-Ange Guillaume a été secrétaire de rédaction du journal Pilote de 1972 à 1976. Elle est l'auteur de plusieurs livres, parmi lesquels un sur les hommes, Ils s’en allaient faire des enfants ailleurs (Fixot, 1994, Panama, 2006), un sur les chiens, J’attends un chien (Albin Michel, 1996), et quelques biographies : Desproges , portrait (Le Seuil, 2000), Goscinny (Actes Sud, 1997), William

Cessez-le-feu

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1923. Georges, héros de 14 fuyant son passé, revient en France après une vie nomade et aventureuse en Afrique. Il y retrouve sa mère et son frère Marcel, invalide de guerre muré dans le silence. Peinant à retrouver une place dans cet après-guerre où la vie a continué sans lui, il rencontre Hélène, professeure de langue des signes. Voici un film un peu étrange : il ne manque pas de charme, traite d'un sujet intéressant mais s'avère complètement décousu. Le charme, c'est Romain Duris, à la fois sauvage et blessé en traumatisé de guerre. Il est accompagné par Céline Salette et son regard aiguisé, Maryvonne Schiltz, formidable en mère inquiète et Grégory Gadebois, véritable colosse imposant sa présence physique et sa fragilité, émouvant. Tout le casting est d'une grande justesse. La première scène, éprouvante de réalisme, vous place immédiatement dans le sujet : ceux qui ne sont pas revenus de la 1ère Guerre Mondiale et ceux qui sont revenus, mais dans quel état ? Vi

Life - origine inconnue

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Même topo pour ce film vu le 19 avril.  À bord de la Station Spatiale Internationale, les six membres d’équipage font l’une des plus importantes découvertes de l’histoire de l’humanité : la toute première preuve d’une vie extraterrestre sur Mars. Très prenant et même angoissant, le film bénéficie d’effets spéciaux discrets et efficaces. La créature, superbe, passe de toute mignonne, presque attendrissante, à carrément flippante. Le jeu des acteurs est à l’image du scénario : sobres intelligent, presque sec. La musique colle au plus près de l’action. Dommage que le film ne compte pas un quart d’heure supplémentaire pour mieux installer les personnages qui s’avèrent esquissés dans les grandes lignes mais peu détaillés. Il y a de grandes scènes d’action très tendues et des moments plus calmes qui auraient eu plus de force si les personnages avaient eu plus d’épaisseur. Les références à Alien sont nombreuses et visibles, y compris pour les non spécialistes de la saga, elles

Sous le même toit

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Suite à une panne, je n'ai pas pu publier pendant plusieurs jours, ce film a été vu mercredi dernier.  Delphine et Yvan divorcent. Alors que sa situation financière ne lui permet pas de retrouver un domicile, Yvan se rappelle qu'il détient 20% de la maison de son ex-femme. Il revient alors vivre chez Delphine, dans ses 20%. Les deux ex vont découvrir les joies de la colocation forcée. Cette comédie n’est ni totalement réussie ni totalement ratée. Souvent drôle, elle véhicule un humour parfois lourd. Le self-cul, c’était obligé ? Gratuit et donc lourdingue même si cela illustre le caractère très adolescent d’Yvan à qui personne n’a dit qu’il était adulte depuis 20 ans et qu’il est temps de grandir. Il est attachiant au possible. Gilles Lellouche nous refait le coup du gros lourdaud, il le fait bien mais il a eu de meilleurs rôles. Louise Bourgouin use plus de son sex-appeal que que de son talent, sa palette d’expressions s’avérant limitée. Les gamins s’en sortent bien

Alice in Wonderland

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Revenons en 2010 pour un très joli film fantastique. Alice, 19 ans, ne tient pas à respecter les conventions de l'Angleterre corsetée de la fin XIX. La voilà de nouveau à la poursuite d'un lapin blanc en gilet. De retour à Wonderland, Alice -mais est-ce la bonne ?- doit tuer une mystérieuse créature pour mettre fin au règne de la reine rouge.  Récit initiatique et métaphorique racontant les aventures d'une adolescente qui devient femme et admet son grain de folie. On semble un peu loin de Lewis Carol mais l'adaptation est réussie. Mia Wasikowska campe une Alice crédible même si elle est encore un peu lisse. Johnny Depp, en chapelier aussi déjanté que tragique, fait passer presque toute l'émotion du film. Helena Bonham Carter, en reine rouge cruelle, capricieuse (hystérique ?) mais aussi amoureuse et Anne Hathaway, en reine blanche -avec, de façon inexplicable, les bras perpétuellement en l'air- pas si gentille ni si naïve que ça sont très drôles. Quant à

C'est beau la vie quand on y pense

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Loïc Le Tallec ne s’est jamais vraiment occupé de son fils aujourd'hui décédé. Il retrouve celui qui vit désormais avec son cœur, Hugo, un jeune que ce cœur tout neuf rend totalement déraisonnable et incontrôlable. Leur rencontre promet d'être explosive.  Comme je m'y attendais, c'est de la guimauve française, prévisible, dégoulinante de bons sentiments, de lieux communs et de clichés.  Ceci étant dit, comme j'y étais préparée, je ne pouvais pas être déçue sur ce point : un joli petit film sans prétention qui parle de relations humaines. Deux solitudes se rencontrent et s'apprivoisent peu à peu, se redonnant goût à la vie. Gérard Jugnot joue assez élégamment le père en quête de fils et de rédemption mais François Deblock ne s'avère pas toujours à la hauteur, j'ai trouvé qu'il manquait de naturel. Isabelle Mergault et Gaïa Weiss campent les adjuvants féminins, atouts charme selon l'âge du spectateur. Les deux apparitions d'Arthur Jugno

Corporate

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Emilie Tesson-Hansen est une jeune et brillante gestionnaire des Ressources Humaines chargée de dégraisser les effectifs. Suite à un suicide dans son entreprise, une enquête est ouverte. En première ligne, elle doit faire face à la pression de l’inspectrice du travail, mais aussi à sa hiérarchie qui menace de la lâcher. Emilie est bien décidée à sauver sa peau. Jusqu’où restera-t-elle corporate ?   Corporate c'est l'histoire d'une femme peu sympathique qui a une prise de conscience tardive, trop tardive. Car oui, certaines méthodes de management sont destructrices, mènent au burn-out, au bore-out ou au brown out -ou pire- et confinent au harcèlement moral. En cela, le film n'apprend rien, on sait que de telles méthodes existent. A peine sont-elles légèrement développées face à une inspectrice du travail (intéressante Violaine Fumeau) qui a l'air de tomber de l'arbre alors qu'elle aurait dû comprendre depuis longtemps. Ce sont les conséquences qui in

Fast and Furious 8

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Dom et Letty sont en lune de miel, Brian et Mia se sont rangés et le reste de l’équipe a été disculpé. Quand une mystérieuse femme entraîne Dom dans le monde de la criminalité, ce dernier ne pourra éviter de trahir ses proches qui vont faire face à des épreuves qu’ils n’avaient jamais rencontrées jusqu’alors.    Avant que j'oublie, pas de scène post-générique, inutile d'attendre. Ensuite, bienvenue au pays des gens increvables, toujours jeunes, toujours minces, jamais sérieusement blessées. Comme pour les précédents opus de la franchise, inutile d'emmener son cerveau au ciné, vous n'en aurez pas besoin. L'esprit de famille qui en est le cœur se trouve au centre de ce 8ème épisode qui offre encore plus de voitures et même... un sous-marin. Si, si. La première course est juste géniale, les suivantes sont aussi bien faites. Celle des voitures-zombies s'avère aussi bluffante que grandiloquente. Effets spéciaux et explosions à gogo, Vin Diesel, de plus en

Ghost in the shell

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Dans un futur proche, le Major est unique en son genre : cerveau humain et corps cybernétique. Face à une nouvelle menace qui permet de pirater et de contrôler les esprits, elle est la seule à pouvoir la combattre.  Je connais un peu l'histoire et je me souviens vaguement de l'animé que j'ai vu il y a longtemps à la télévision. Tout ça pour dire que je ne suis pas une spécialiste du manga de départ, loin de là. Visuellement, le film est soigné avec une ambiance bleutée et des décors plus ou moins futuristes. J'ai trouvé les visuels de la ville, réalisés par ordinateur, trop nombreux et sans objet, ils servaient presque de transition entre les scènes. Sur le fond, j'ai l'impression que le propos est simplifié, prémâché pour que le spectateur ne réfléchisse pas trop. C'est dommage parce que les interrogations sur la préservation de la vie privée et l'évolution de la technologie, tout à fait d'actualité, avaient un intérêt certain.  Les personn

The night manager de John Le Carré

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Après avoir vu la formidable mini-série avec Tom Hiddleston, Hugh Laurie et Elizabeth Debicki, j'ai eu envie de lire le roman qui l'avait inspirée. J'ai mis un peu de temps à le trouver en librairie, d'autres ont sans doute eu la même idée que moi. Par avance, je présente mes excuses à ceux qui ,'ont pas vu la mini-série car j'y fais de nombreuses références. L'Anglais Jonathan Pyne est devenu directeur de nuit d'un palace suisse pour fuir ses démons : la mémoire d'un père héroïque, sa propre expérience de soldat, son mariage raté, ses angoisses existentielles, l'assassinat de la femme qu'il aimait. Quand le commanditaire de ce dernier, un milliardaire aussi fascinant que répugnant qui se livre impunément à des trafics en tous genres, réapparaît, il se laisse recruter par un agent secret, Leonard Burr. David Cornwell, dit John le Carré, (1931 - ) a étudié le français et l'allemand à l'université de Berne et à l'unive

A united kingdom

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En 1947, Seretse Khama, jeune Roi d'un pays qui n'est pas encore le Botswana, et Ruth Williams, une londonienne de 24 ans, tombent éperdument amoureux l’un de l’autre. Tout s’oppose à leur union : leurs différences, leur famille et les lois anglaises et sud-africaines. Mais Seretse et Ruth vont défier les ditkats de l’apartheid. En surmontant tous les obstacles, leur amour a changé leur pays et inspiré le monde.  Hasard du calendrier des sorties, A united kingdom sort quelques semaines après Loving, une autre histoire vraie, sur un sujet similaire. Alors que Loving traitait de l'intime, A united kingdom traite de l'intime mais aussi d'un pays. Deux personnes s'aiment contre la raison d'État(s). Le Royaume-Uni voulait conserver son pré carré et éviter de contrarier l'Afrique du Sud. L'oncle était contrarié de ne pas avoir été consulté et de l'image que donnerait une reine blanche. L'image des Britanniques, y compris de Churchill en

Pris de court

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Nathalie est joaillère et vient de s’installer à Paris pour un nouveau travail et une nouvelle vie avec ses deux fils. Mais la direction de la bijouterie change soudainement d’avis et lui annonce que le poste ne sera pas pour elle. Nathalie veut protéger ses enfants et décide de ne rien leur dire. L’engrenage commence…  Bon je ne savais pas trop à quoi m'attendre. Je suis déçue quand même. Quelque chose dans ce film ne fonctionne pas. D'une part, il se scinde en deux au niveau du genre comme du scénario : d'abord drame socio-familial finalement sous-exploité avec ado qui fait sa crise en ayant un comportement dangereux et une mère dépassée, puis thriller vaguement tendu qui ne décolle jamais totalement. Je le voyais centré sur le personnage de la mère alors que l'on suit autant sinon plus son aîné, oubliant le synopsis de départ sans en exploiter le potentiel. D'autre part, sans être ennuyeux, il manque de rythme, et je déteste ne pas savoir un minimum où j