Red sparrow de Jason Matthews

J'ai acheté le livre peu avant d'aller voir le film qui en est tiré mais n'ai pas eu le temps de lire jusqu'à présent. Voilà qui est fait.
Jason Matthews (1951 - ) est un ancien agent de la CIA ayant pris sa retraite après 30 ans de service actif. Il est devenu romancier, l'écriture étant devenue selon lui « une forme de thérapie ». En 2014, il publie son premier roman Le Moineau rouge (Red Sparrow) pour lequel il est lauréat du prix Edgar-Allan-Poe du meilleur premier roman. Ce roman est adapté au cinéma sous le titre homonyme en 2018 par Francis Lawrence. Deux autres romans poursuivent la série, Palace of Treason en 2015 et The Kremlin’s Candidate en 2018. 

Nate Nash, contact privilégié d'une taupe ultra-secrète du SVR, travaille à Moscou pour la CIA. Après un incident, sa couverture est mise à mal. Il est exfiltré vers Helsinki où Dominika, une espionne russe, est envoyée pour le piéger. Trahisons, manipulations, secrets, mensonges : un jeu dangereux se met en place entre Dominika et Nate, où vie sentimentale et professionnelle ont vite fait de se confondre.

 Plus de 600 pages d'espionnage pur, de coups bas, de manipulations et de rouages dévoilés. Red sparrow met en lumière le fonctionnement des services secrets russes et américains et visiblement, l'auteur n'en pense pas que du bien, surtout des russes d'ailleurs, à qui il fait commettre les pires turpitudes entre l'ex-spetnatz psychopathe et l'interrogateur maniaque. Véritables repères de bureaucrates étriqués, d'ambitieux dangereux et de cinglés en tout genre, seuls quelques personnages bénéficient de ses faveurs et donc d'une caractérisation positive, physique ou comportementale. Il aime décrire des personnages affreusement laids, peut-être pour compenser l'exceptionnelle beauté de son héroïne. Celle-ci, d'abord agaçante, devient attachante lorsqu'elle révèle ses failles. J'aime sa capacité de "voir" les couleurs des gens et des mots. Cette capacité n'est pas reprise dans le film, c'est dommage. Nate est son contre-point de normalité : un type consciencieux qui veut bien faire son boulot. J'ai bien aimé Gable - bratok et Forsthyth, des vieux de la vieille qui ont tout vu mais n'ont pas perdu leur humanité, ainsi que les retraités du service actif pas tout à fait retraités, rois de la filature invisible.  L'oncle Vania, nettement moins sexy que dans le film, n'a rien d'un oncle bienveillant mais tout du monstre dans le placard. Poutine en prend pour son grade.
Le roman s'avère assez complexe, suivant deux lignes parallèles qui ne cessent de se croiser, à peine interrompues par des recettes de cuisine (si si). L'intrigue, bien construite, avance logiquement et sur une écriture agréable. L'auteur prend le temps de raconter des histoires, de poser le contexte, notamment de la vie dans la Russie d'aujourd'hui et de la condition féminine. Toutefois, sur la fin, j'avoue avoir commencé à ressentir une certaine lassitude, il était temps que cela finisse (différemment du film d'ailleurs mais sur un seul gros détail). La forme ultra-classique choisie par Matthews peut sans doute en être rendue responsable. Elle a ce petit côté guerre froide pas encore terminée qui pourrait ternir le récit.
Au final, ce roman d'espionnage se lit avec plaisir et intérêt malgré quelques défauts.

7,5/10

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