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Affichage des articles du mars, 2025

Le joueur de go de Kazuya Shiraishi / Austère, beau et lent /

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Ancien samouraï, Yanagida mène une vie modeste avec sa fille à Edo et dédie ses journées au jeu de go avec une dignité qui force le respect. Quand son honneur est bafoué par des accusations calomnieuses, il décide d'utiliser ses talents de stratège pour mener combat et obtenir réparation.  Je ne joue pas au go et n’en connais pas les règles, ce qui constitue un petit handicap pour saisir les subtilités du film. Cela dit, cela n’empêche pas la compréhension globale. Ce drame japonais traditionnel sur l’honneur, inspiré du Bushido, que l’on peine à situer dans le temps, dans le style le plus pur, ne manque pas de rebondissements mais prend beaucoup de temps pour installer l’intrigue dont le fil assez ténu ne mérite pas une durée de 2h10. C’est sa plus grande faiblesse malgré une esthétique réussie, une photographie élégante, parfois flamboyante, et des acteurs investis. Tsuyoshi Kusanagi est d’une remarquable impassibilité, si bien que chaque micro-expression devient un événement. Le...

Blanche-Neige de Marc Webb / Affligeant /

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Blanche-Neige, princesse réduite au rang de domestique par une Méchante Reine, marâtre de surcroît, assoiffée de pouvoir et dévorée de jalousie, s'enfuit quand celle-ci tente de la faire assassiner.  Un tel carnage s’avère réjouissant, dans la mesure où il permet de dire du mal en toute tranquillité. Rien ne fonctionne : de Rachel Zegler qui loin d’être aussi belle que l’impériale Gal Gadot, qui s’amuse visiblement (malgré ses faux-cils à rallonge), à la V.F désastreuse qui ne peut dissimuler la pauvreté anémique des dialogues, en passant par les nains de synthèse face à une vraie personne naine (scène bizarre d’ailleurs) et la troupe de voleurs sans dialogue. Les effets spéciaux sont hideux de bout en bout, très numériques, ce qui est bien dommage pour un live Disney. Même la lumière fait fausse, c’est dire ! À peine Simplet parvient-il être mignon. Rachel Zegler multiplie les expressions, dont celle du carlin prognathe quand elle chante. Je ne peux pas m’empêcher de pen...

Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan de Ken Scott / Solaire /

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En 1963, Esther met au monde Roland, petit dernier d’une famille nombreuse affligé d’un pied-bot. Contre l’avis de tous, elle promet à son fils qu’il marchera et qu’il aura une vie fabuleuse. Dès lors, Esther n’aura de cesse de tout mettre en œuvre pour tenir cette promesse.  Cette comédie dramatique sur l’amour maternel, immense, parfois étouffant, à la limite de la toxicité, laisse le champ libre au talent explosif et plein de brève de Leïla Bekhti en mère courage sans filtre à l’amour aussi débordant qu’envahissant. Jonathan Cohen joue bien, entre exaspération, culpabilité et amour fou. De sa naissance à la publication de son autobiographie, on suit le parcours atypique de cet enfant handicapé que la ténacité de sa mère et le soutien de toute sa famille (qui disparaît un peu quand il devient adulte, c’est dommage), fan volontaire ou contraint de l’idole des Yéyés dont les chansons parsèment le film. Dommage que certains partis pris esthétiques soient douteux (le maquillage de vi...

Black bag (The insider) de Steven Soderbergh / Habile et réjouissant /

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George Woodhouse et sa femme Kathryn sont agents secrets. Lorsque Kathryn est soupçonnée de trahison envers la nation, George doit faire face à un dilemme déchirant : protéger son mariage ou défendre son pays.  Ce n’est pas exactement le film auquel je m’attendais.  Je pensais voir un film américain, or c’est un film britannique. Pas du tout la même ambiance. Le thriller d’action laisse place au thriller vénéneux et pince sans rire. Le petit monde des espions, son microcosme mortel et plein d’ironie, est agité par une trahison, mais surtout par les coucheries des uns et des autres. Au milieu, un couple, Michael Fassbender et Cate Blanchett, impeccables et magnétiques, mènent la danse, face aux excellents Tom Burke, Marisa Abela, Naomie Harris et Pierce Brosnan (sous-exploité). Soderbergh maîtrise son film, de son scénario tortueux au suspense efficace à son esthétique léchée. Les dialogues sont brillants, amusants et tranchants. Un vrai plaisir de cinéma.  8,5/10

On ira d'Enya Baroux / Drôle et délicat /

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Marie, 80 ans, malade, veut partir en Suisse pour mettre fin à ses jours. Mais au moment de l’annoncer à Bruno, son fils irresponsable, et Anna sa petite-fille en crise d’ado, elle panique et invente un mensonge pour les emmener avec elle. Complice involontaire de cette mascarade, Rudy, auxiliaire de vie, prend le volant du vieux camping car familial. Oui, on peut faire un film drôle sur le suicide assisté et la famille. Enya Baroux, fille d'Olivier Baroux, propose une première réalisation soignée, à la fois souriante, tendre et grave. Helène Vincent campe avec justesse cette femme diminuée qui veut faire face et cacher sa douleur à ses proches, craignant qu'ils ne puissent se débrouiller sans elle. Non sans raison d'ailleurs car cette famille marquée par le deuil et les séparations ne communique guère. C'est tellement plus facile pour chacun de ses membres d'échanger avec le sympathique aide soignant - impeccable Pierre Lottin - qui se prend d'affection pou...

Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau de Gints Zilbalodis / Poétique /

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Un chat se réveille dans un univers envahi par l’eau où toute vie humaine semble avoir disparu. Il trouve refuge sur un bateau avec un groupe d’autres animaux. Mais s’entendre avec eux s’avère un défi encore plus grand que de surmonter sa peur de l'eau ! On a tellement parlé de ce dessin animé multiprimé que j'ai enfin trouvé un horaire auquel aller le voir.  Bon, autant je trouve je trouve la nature superbe, autant le design des animaux m'a un peu déçue. Non que ce soit mal fait, je n'ai pas adhéré à l'aspect peint avec beaucoup d'aplats de couleurs. En revanche, l'animation est top et le comportement animalier très réaliste. L'absence de dialogue, déjà vu dans Minuscule, ne gène pas du tout, d'autant que les animaux sont très expressifs, notamment l'adorable chat auquel on s'attache très vite. Plus surprenant, ils savent barrer une embarcation. Cela dit, le scénario, à hauteur de bête, tient la route, alternant entre légèreté et gravité....

Yōkai - le monde des esprits d'Eric Khoo / Délicat et mélancolique /

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Claire, une célèbre chanteuse, s’envole au Japon pour un dernier concert. Lorsqu'il prend fin, sa vie sur terre s’arrête aussi. Une nouvelle vie inattendue s’offre alors à elle : un au-delà dans lequel Yuzo, l’un de ses plus grands fans, l’attend.  Un vieil homme, une chanteuse âgée, le fils du premier en panne d'inspiration. Trois solitudes qui se rencontrent de façon inattendue. Catherine Deneuve incarne avec délicatesse cette femme en bout de course, marquée par le deuil. elle chante trois chansons, avec plus de sincérité que de talent. Masaaki Sakai, attachant et Yutaka Takenouchi, séduisant, touchent par leur jeu nuancé. Cette comédie dramatique émeut autant qu'elle fait sourire, grâce à de petits riens. Car, syons honnêtes, il ne se passe pas grand-chose dans ce scénario trop peu fourni sur le deuil, la culpabilité, le pardon et la mort. On frôle parfois l'ennui, tout juste car l'intérêt réside dans la lente évolution des personnages vers l'acceptation d...

Le secret de Khéops de Barbara Schulz / Familial /

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Le trésor du pharaon Khéops a-t-il été découvert pendant la campagne d’Égypte de Napoléon, ramené en France et caché à Paris ? Christian Robinson, archéologue flamboyant aux méthodes peu orthodoxes, en est persuadé. Avec sa fille et son petit-fils, il se lance dans une chasse au trésor à travers Paris.  Cette comédie dramatique ne casse pas trois pattes à un canard ; toutefois, il s'agit d'une honnête première réalisation de Barbara Schulz qui en profite pour se réconcilier avec feu son père. Fabrice Luchini cabotine beaucoup, il en fait des tonnes, trop parfois, même si cela fait partie du rôle. Julia Piaton sonne juste en fille exaspérée entraînée malgré elle dans l'enquête archéologique de son père. Les seconds rôles sont sous exploités, mis à part l'ado plutôt sympa volontiers embarqué par son fantasque grand-père. L'intrigue se déroule agréablement, c'est plaisant, bien qu'assez téléphoné. Pour un film français, ce n'est pas mal du tout, d'au...

In the lost lands de Paul W. S Anderson / Récréatif /

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Une reine pactise avec la puissante sorcière Gray Alys afin qu’elle lui rapporte le pouvoir de métamorphie. Alys et son guide, le vagabond Boyce, doivent s’aventurer dans les dangereuses Contrées Perdues. Là, ils devront déjouer et combattre hommes et démons pour honorer leur part du contrat.  J'y suis allée sans trop savoir à quoi m'attendre, sans avoir vu la bande-annonce. Bon, sans être le film de l'année, ce n'est pas non plus le carnage dont on m'avait menacée. Il s'agit d'une honnête série B qui tient du western autant que du jeu de rôle. On passe d'une péripétie à l'autre, c'est sanglant, fun, décomplexé et assez généreux. Les effets spéciaux sont corrects, sans plus, bourrés de CGI. Milla Jovovich et Dave Bautista s'en donnent à cœur joie, ils ont l'air de s'amuser, c'est assez contagieux. Le personnage de la prêtresse, incarné par Arly Jover, est intéressant et aurait mérité quelques développements. Le scénario adapté ...

Mickey 17 de Bong Joon Ho / Très inégal /

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Héros malgré lui, Mickey Barnes se tue à la tâche… littéralement ! Car c’est ce qu’exige de lui son entreprise : mourir au cours d'une mission périlleuse ou pour la science pour gagner sa vie. Décidément, je ne suis pas fan de ce réalisateur, Cette fois, le mélange des genres - politique, science-fiction, comédie noire - fonctionne mieux que dans Parasite. L'atmosphère est plutôt réussie mais les personnages sont peu attachants, entre le Mickey mou, le Mickey rebelle, les deux assez crétins il faut bien l'admettre, la petite copine bizarre, celle qui noie son chagrin dans une tentative de partage de mec et le couple politicien complètement cinglé et mégalo. Le casting joue bien, rien à reprocher de ce côté-là. C'est vaguement ennuyeux, faute d'enjeu et à cause de la caricature qui étouffe le propos social du film. bien qu'un peu longuet et parfois glauque, il propose un réjouissant humour noir et des aliens intéressants au design à la fois mignon et dégoûtant....