Monsieur Aznavour de Grand Corps Malade, Mehdi Idir / Intéressant mais sage /
Fils de réfugiés, petit, pauvre, à la voix voilée, on disait
de lui qu’il n’avait rien pour réussir. À force de travail, de persévérance et
d’une volonté hors norme, Charles Aznavour est devenu un monument de la chanson.
Je ne connaissais pas grand-chose de l’histoire d’Aznavour, sinon son lien avec
l’Arménie et le fait qu’il avait été le secrétaire d’Édith Piaf dans sa
jeunesse. Ce biopic à la reconstitution riche permet d’en savoir nettement plus
la vie d’Aznavour, notamment ses débuts, extrêmement laborieux par ailleurs. J’ai
ressenti deux problèmes de minutage sur le déroulement : d’une part, le
scénario s’étend trop sur la jeunesse, ce qui génère aussi un problème de
chansons, on ne connaît pas du tout celles qu’il chantait avec Pierre Roche et
elles sont terriblement datées, d’autre part, le film s’arrête sur une note
négative pendant la gloire de l’artiste, si bien que nombre de chansons
attendues ne sont pas présentes ou en pot-pourri sur le générique de fin – frustrant – et
d’importants sujets ne sont pas évoqués, comme l’Arménie. Celle-ci fait l’objet
d’une évocation au début du film, mettant en parallèle départ de la famille,
puis une fête à Paris et le génocide. D’ailleurs, l’accent est mis sur l’importance
du clan, attachant. Le film réussit à émouvoir grâce à l’interprétation habitée
de son acter principal qui retranscrit à merveille la frustration de celui qui
veut toujours plus. Tahar Rahim, excellent, ne ressemble malheureusement
vraiment pas à Aznavour, sauf la voix et la gestuelle, excellentes ;
parfois, de profil, sur la fin, il y a des airs. Bastien Bouillon campe un
Pierre Roche attachant tandis que Marie-Julie Baup propose une Piaf gouailleuse
à la langue acérée (les parties chantées sont moins convaincantes). Le travail des réalisateurs souffre d’un classicisme certain et
de quelques idées qui, sans être laides, n’apportent rien (plans musicaux), malgré leur évidente et sincère admiration pour leur sujet.
7/10
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