L'amour ouf de Gilles Lellouche / Généreux et foisonnant /
Les années 80, dans le Nord
de la France. Jackie et Clotaire se rencontrent devant le lycée ; elle
étudie, il traîne. C'est l'amour fou mais le destin en décide autrement.
Il faut avoir une sacrée confiance dans
son film pour le laisser durer 2h40. Parce que quand même, c’est long (surtout
au milieu). Mais ça fonctionne. Après un premier coup d’essai en solo réussi,
Gilles Lellouche prouve qu’il est un grand réalisateur. Son film ne manque pas
de défauts, pourtant il est terriblement attachant. Ses personnages sont des
écorchés vifs, lui tout en rage plus ou moins contenue, elle décalée, perdue,
qui s’aiment passionnément mais sans trop d’effusions. D’ailleurs, aucune
vulgarité, aucun voyeurisme dans la réalisation soignée, élégante qui montre la
beauté des paysages du Nord aussi bien que le jeu des regards, soutenue par une
B.O au top. Mallory Wanecque, Adèle Exarchopoulos, Malik Frikah et François
Civil campent ces personnages fêlés, parfois fracassés, avec brio. Dommage que
les jeunes aient les yeux bleus, c’est perturbant au changement d’époque,
dommage aussi que Civil et Exarchopoulos soient un peu plus âgés que leurs
rôles, cela dit, on l’oublie rapidement. On oublie un peu moins le manque d’alchimie
amoureuse entre eux. Le reste du casting est excellent, d’Alain Chabat en père
qui fait de son mieux à Benoît Poelvoorde en voyou, en passant par Vincent Lacoste
en amoureux jaloux. Il y a peu d’action, toujours brutale, sèche, violente mais
pas nécessairement frontale. La romance est traitée avec sobriété, presque trop,
d’ailleurs ça finit de façon assez abrupte mais pourtant pas déplaisante. À cet
égard, j’ai beaucoup aimé l’avant-dernière scène. Drôle, fort, émouvant, excessif,
ce long-métrage fait une vraie proposition de cinéma avec quelques moments de
grâce qui justifie que l’on passe sur ses défauts.
9/10
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