Lee Miller d’Ellen Kuras / Classique mais fort /
Lee Miller, ex-modèle pour Vogue et muse de Man Ray,
évoluant dans un milieu intellectuel et artistique des surréalistes, devient
l’une des premières femmes photographes de guerre. Partie sur le front et prête
à tout pour témoigner des horreurs de la Seconde Guerre, elle a, par son
courage et son refus des conventions, changé la façon de voir le monde.
Les
biopics ont souvent tendance à verser dans l’hagiographie, ce n’est pas – totalement – le
cas ici. Lee Miller est présentée sous un jour favorable : déterminée,
volontaire, libre, elle ne lâche rien mais ses défauts ne sont pas occultés :
elle boit, se drogue, n’en fait qu’à sa tête, prend des risques insensés. Il
dit peu de la dépression et du TSPT d’après, disons que c’est suggéré ;
quant à la relation avec David Scherman, le scénario laisse un flou qui ne me
paraît pas tout à fait honnête avec la réalité. La réalisation est classique,
académique, même si elle tente un petit suspense avec l’interview et si la
photographie est superbe. Le film n’a pas besoin de grand-chose car la vie de
cette femme est extraordinaire. C’est un choix intéressant que de se contrer
sur ses années de guerre, même si on aurait aimé en savoir plus sur sa période
muse et ses débuts en photographie. Le casting est impeccable, de Kate Winslet,
magnifique et intense, à Alexander Skarsgard, en passant par Andy Samberg,
attachant, Andrea Riseborough, Marion Cotillard, et Josh O’Connor, émouvant. On
pourrait reprocher une faible caractérisation des personnages secondaires,
dévorés par le personnage de la photographe dont l’humanité, il est vrai, émeut.
Le film ne verse pas dans le sentimentalisme, ni le voyeurisme, notamment quant
les scènes concernent les camps, en revanche, il n’interroge peut-être pas
assez la photographie de guerre à proprement parler. Pour être parfait, il
aurait gagné à plus reprendre l’humour de son personnage, ou son ardeur.
8/10
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