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Affichage des articles du octobre, 2024

Monsieur Aznavour de Grand Corps Malade, Mehdi Idir / Intéressant mais sage /

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Fils de réfugiés, petit, pauvre, à la voix voilée, on disait de lui qu’il n’avait rien pour réussir. À force de travail, de persévérance et d’une volonté hors norme, Charles Aznavour est devenu un monument de la chanson.  Je ne connaissais pas grand-chose de l’histoire d’Aznavour, sinon son lien avec l’Arménie et le fait qu’il avait été le secrétaire d’Édith Piaf dans sa jeunesse. Ce biopic à la reconstitution riche permet d’en savoir nettement plus la vie d’Aznavour, notamment ses débuts, extrêmement laborieux par ailleurs. J’ai ressenti deux problèmes de minutage sur le déroulement : d’une part, le scénario s’étend trop sur la jeunesse, ce qui génère aussi un problème de chansons, on ne connaît pas du tout celles qu’il chantait avec Pierre Roche et elles sont terriblement datées, d’autre part, le film s’arrête sur une note négative pendant la gloire de l’artiste, si bien que nombre de chansons attendues ne sont pas présentes ou en pot-pourri sur le générique de fin – frustrant – et d

L'amour ouf de Gilles Lellouche / Généreux et foisonnant /

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Les années 80, dans le Nord de la France. Jackie et Clotaire se rencontrent devant le lycée ; elle étudie, il traîne. C'est l'amour fou mais le destin en décide autrement.  Il faut avoir une sacrée confiance dans son film pour le laisser durer 2h40. Parce que quand même, c’est long (surtout au milieu). Mais ça fonctionne. Après un premier coup d’essai en solo réussi, Gilles Lellouche prouve qu’il est un grand réalisateur. Son film ne manque pas de défauts, pourtant il est terriblement attachant. Ses personnages sont des écorchés vifs, lui tout en rage plus ou moins contenue, elle décalée, perdue, qui s’aiment passionnément mais sans trop d’effusions. D’ailleurs, aucune vulgarité, aucun voyeurisme dans la réalisation soignée, élégante qui montre la beauté des paysages du Nord aussi bien que le jeu des regards, soutenue par une B.O au top. Mallory Wanecque, Adèle Exarchopoulos, Malik Frikah et François Civil campent ces personnages fêlés, parfois fracassés, avec brio. Dommage que

Le robot sauvage de Chris Sanders / Magnifique et généreux /

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L’unité ROZZUM 7134, alias “Roz”, fait naufrage sur une île déserte. Elle doit apprendre à s'adapter à un environnement hostile en nouant petit à petit des relations avec les animaux de l'île et finit par adopter un oison orphelin.  La bande annonce était alléchante, et, même si elle montre trop du film, n’est pas déceptive. C’est une vraie réussite Dreamworks. L’animation est magnifique. Elle m’évoque un peu la poésie d’un Miyasaki avec des touches impressionnistes qui changent et donnent un côté onirique. L'île est superbe, très agréable et pleine de détails. Le scénario est assez linéaire, quoique cohérent, touchant, drôle, rythmé et bien construit. Il propose un message clair : pour survivre, il faut lutter contre son individualisme naturel et s’unir. C’est joli, idéaliste, mais joli. Le sous-texte sur la transcendance et la transmission plaira aux plus grands qui pourraient interroger un peu la qualité des dialogues et le dépassement vraiment peu réaliste de l’instinct

The apprentice d'Ali Abbasi / Édifiant /

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Le film retrace l'ascension vers le pouvoir du jeune Donald Trump grâce à un pacte faustien avec l'avocat conservateur et entremetteur politique Roy Cohn. Je ne pense pas que ce film fasse changer d’avis les spectateurs sur Trump.  Personnellement, je ne l’aime pas. Il est presque tolérable quand il était jeune, ambitieux, un peu visionnaire, déjà obsédé par ses cheveux mais pas aussi sûr de lui. Puis il acquiert assurance et jusqu’au-boutisme, la violence aussi, verbale ou physique et il devient insupportable. Ce qui fait du personnage de Roy Cohn un personnage nettement plus attachant, quoiqu’il soit un salopard fini, c’est dire. D’ailleurs, le réalisateur développe ce personnage inquiétant, presque autant que Trump même s’il a moins de background. Sebastian Stan et Jeremy Strong campent avec maestria deux rastignacs prêts à tout pour réussir et obtenir du pouvoir. Visuellement, le fait d’avoir une image différente dans les années 70 et 80, c’est malin mais souvent laid. Malg

Lee Miller d’Ellen Kuras / Classique mais fort /

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Lee Miller, ex-modèle pour Vogue et muse de Man Ray, évoluant dans un milieu intellectuel et artistique des surréalistes, devient l’une des premières femmes photographes de guerre. Partie sur le front et prête à tout pour témoigner des horreurs de la Seconde Guerre, elle a, par son courage et son refus des conventions, changé la façon de voir le monde.  Les biopics ont souvent tendance à verser dans l’hagiographie, ce n’est pas – totalement – le cas ici. Lee Miller est présentée sous un jour favorable : déterminée, volontaire, libre, elle ne lâche rien mais ses défauts ne sont pas occultés : elle boit, se drogue, n’en fait qu’à sa tête, prend des risques insensés. Il dit peu de la dépression et du TSPT d’après, disons que c’est suggéré ; quant à la relation avec David Scherman, le scénario laisse un flou qui ne me paraît pas tout à fait honnête avec la réalité. La réalisation est classique, académique, même si elle tente un petit suspense avec l’interview et si la photographie est supe

Quand vient l'automne de François Ozon / Trouble et un peu ennuyeux /

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Michelle vit sa retraite paisible dans un village de Bourgogne, pas loin de sa meilleure amie Marie-Claude. À la Toussaint, sa fille Valérie lui rend visite pour déposer son fils Lucas pour les vacances. Mais rien ne se passe comme prévu.  Avec Ozon, j'ai une relation cinématographique en dents de scie : parfois j'adore, parfois je déteste, plus rarement je reste entre deux eaux. Là, je suis indécise. J'aime les acteurs principaux, qui, tous, sont excellents, d'Hélène Vincent, magnifique de nuances, à Josiane Balasko en passant par Pierre Lottin, génial de trouble, toujours au bord du précipice entre violence rentrée et tendresse bourrue, et Ludivine Sagnier. Les décors sont chouettes, l'histoire intéressante entre non-dits, passé familial qui ne passe pas et vieillesse qui étend son ombre. Alors quoi ? C'est trop long, souvent il ne se passe rien et certaines scènes ne mènent à rien. Le début s'étire inexplicablement dans une mise en place sans fin qui o

Les barbares de Julie Delpy / Décevant /

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Dans un élan de solidarité, les habitants de Paimpont acceptent d'accueillir des réfugiés ukrainiens. Sauf que les réfugiés qui débarquent sont… syriens ! Et certains, dans ce petit village breton, ne voient pas l’arrivée de leurs nouveaux voisins d’un très bon œil. J'avais des espoirs pour ce film car, pour moi, la réalisatrice est synonyme de cinéma populaire intelligent. Honnêtement, je suis déçue. Je me suis ennuyée dans cette succession de scénettes plus ou moins drôles, plus ou moins intéressantes. Les personnages constituent des caricatures détestables : la prof hystérique, le beauf raciste et macho, la femme trompée, le politicien pleutre et opportuniste... Seule la famille syrienne y échappe, plutôt attachante dans le portrait d'urbains éduqués paumés dans une campagne hostile. J'ai peu ri, d'autant que les bonnes répliques se trouvent dans la bande-annonce. Le scénario est limité, ne suit pas les pistes qu'il propose, c'est dommage. On ne peut déni

Joker : Folie à deux de Todd Phillips / Inégal /

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À quelques jours de son procès pour les crimes commis sous les traits du Joker, Arthur Fleck rencontre le grand amour et se trouve entraîné dans une folie à deux.  J’avais moyennement aimé le premier opus, et même si j’ai un peu plus apprécié celui-ci, mes reproches seront sensiblement les mêmes je crois. À savoir, une longueur excessive avec une construction assez répétitive, des personnages secondaires à peine esquissés. Seule Lee est un peu plus esquissée, sous forme d’une psychopathe manipulatrice asse loin des comics. Harvey Dent est présenté comme un procureur arriviste et arrogant, et c’est tout. L’avocate est compatissante, le gardien brutal et méprisant, et c’est tout. Quant au Joker, il reste un type profondément pathétique qui s’invente parfois une vie. Cette fois, il le fait beaucoup en chanson, même s’il chante aussi dans la réalité. Les passages chantés sont correctement amenés et chantés même si aucun morceau n’est particulièrement mémorable. La performance de Joaquin Ph